Gérald Darmanin dit vouloir « casser les monopoles insupportables » en Outre-Mer
En ouverture du forum « Les Outre-Mer aux Avant-Postes » de l'hebdomadaire Le Point, qui se tient à Paris, ce jeudi 1er février, le ministre de l'Intérieur et des Outre-Mer a pointé la responsabilité de "monopoles capitalistiques insupportables" dans la problématique de la vie chère. Il a notamment cité les filières de la canne à sucre et de la banane aux Antilles.
La table ronde d'ouverture de ce forum, organisé par Le Point, en partenariat avec RCI pour cette 3e édition, devait être consacrée à la situation à Mayotte, mais Gerald Darmanin n'a pas manqué d'aborder d'autres sujets centraux concernant les Outre-Mer, comme l'insécurité, la délinquance, les évolutions institutionnelles et les questions économiques.
C'est sur ce point que le ministre de l'Intérieur et des Outre-Mer a livré ses mots les plus forts, au moment d'évoquer la mission parlementaire diligentée par l'exécutif pour obtenir des pistes de lutte contre les phénomènes de vie chère dans nos territoires, mission qui doit rendre ses conclusions prochainement. Après avoir évoqué la nécessite première d'une autonomie alimentaire, Gerald Darmanin a livré un plaidoyer contre les grands groupes en situation de monopole, avéré ou de fait, dans nos zones géographiques.
Je ne suis pas un socialiste révolutionnaire, je peux cependant constater qu'il y a des monopoles capitalistiques insupportables. Quelques familles, qu'elles soient extérieures aux territoires, ou de l'intérieur du territoire, qui organisent la non-concurrence. On ne peut pas accepter le monopole de la distribution, de la production...
"Casser" et "bousculer"
Le locataire de la place Beauvau a même été plus loin en donnant les exemples des filières de la canne à sucre et de la banane aux Antilles, citant la Martinique et la Guadeloupe, avec des pratiques jugées "pas tout à fait acceptable", ajoutant que les concentrations économiques ultramarines font partie des éléments "qui créent une vie très chère". Gerald Darmanin s'est même engagé à "casser" ces situations.
On a commandé un rapport au Parlement qui, dans quelques semaines, va rendre des conclusions extrêmement objective, qui nous permettront de casser des monopoles, de bousculer des intérêts, car souvent ce sont des intérêts très puissants, et de redonner la plus libre concurrence possible à l'intérieur des territoires ultramarins.
Invoquant "une question de justice" sur ce point, le ministre a même estimé que cette organisation économique avait des répercussions politiques et sociétales dans l'émergence de mouvements réclamant l'indépendance en Outre-Mer.
On ne peut pas laisser accaparer des richesses, car cela créé beaucoup de frustrations, et cela créé les déviances politiques que l'on constate. Il ne faut pas s'étonner qu'il y ait des territoires qui ont des associations qui veulent l'indépendance si la République n'est pas capable de mettre fin à des monopoles d'argent.
Gerald Darmanin a par ailleurs réaffirmé la volonté de son gouvernement à réformer l'octroi de mer, à qui il attribue également une responsabilité dans le phénomène de vie chère, mais à "toucher d'une main tremblante", pour préserver les ressources des collectivités locales, tout en affirmant que celui-ci "n'est pas le plus intelligent des impôts". Enfin, le ministre a ciblé comme priorité l'atteinte d'une forme de souveraineté alimentaire locale pour parvenir à une solution durable de maîtrise des prix.