Treize militants identitaires jugés pour des injures racistes visant Aya Nakamura lors de la cérémonie des JO 2024
Le procès de treize personnes proches de la mouvance identitaire, hostiles à la participation de la chanteuse Aya Nakamura à la cérémonie d'ouverture des JO 2024, s'est ouvert aujourd'hui (4 juin) devant le tribunal correctionnel de Paris.

Les treize prévenus, âgés de 20 à 31 ans, sont proches du groupe identitaire Les Natifs, lui-même issu du groupuscule Génération identitaire (dissous en 2021), qui défend la théorie raciste et complotiste du « grand remplacement »
Les mis en cause sont poursuivis pour provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion ou pour complicité de provocation à la haine. Parmi eux :
- Édouard M., 28 ans, chef des Natifs
- Antoine G., 27 ans, juriste et porte-parole du groupe
- Marine de C., 24 ans, sœur du fondateur des « Zouaves de Paris » dissous en janvier 2022
- Capucine C., 22 ans, chargée de communication et ancienne collaboratrice parlementaire de députés RN
Seuls trois des prévenus étaient présents à l'audience, les dix autres étant représentés par leurs avocats, Mes Mathieu Sassi et Pierre-Vincent Lambert.
Aya Nakamura n'était ni présente ni représentée à l'audience.
Rappel des faits
Le 9 mars 2024, quelques jours après la révélation par L’Express de la participation d’Aya Nakamura à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, le groupuscule Les Natifs avait diffusé une photo d’une banderole affichée en bord de Seine, sur l’île Saint-Louis à Paris.
Le message, directement adressé à la chanteuse, détournait les paroles de son titre Djadja :
Y a pas moyen Aya, ici c’est Paris, pas le marché de Bamako.
Cette initiative, relayée par le média d’extrême droite Livre Noir (rebaptisé depuis Frontières), visait à s’opposer à la présence de l’artiste malienne d’origine à l’ouverture des Jeux, accusée de ne pas incarner une certaine « image de la France ».
Des propos xénophobes
Le compte X des Natifs dénonçait alors un supposé projet de « remplacer l'élégance française par la vulgarité, africaniser nos chansons populaires et évincer le peuple de souche au profit de l'immigration extra-européenne ».
Ces publications avaient rapidement suscité de nombreuses réactions, et conduit la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) et SOS Racisme à déposer des signalements auprès du parquet de Paris. Une enquête avait alors été confiée à l’Office central de lutte contre les crimes de haine et la haine en ligne (OCLCH).
Le 20 mars, Aya Nakamura avait à son tour déposé plainte pour injures racistes.
Deux personnes dont Stanislas T., 24 ans, un des 13 prévenus dans le procès pour injures contre Aya Nakamura, doivent comparaître demain (5 juin) devant le tribunal de Bobigny dans le cadre de cette affaire.