Saisie de drogue record en Guyane : quatre personnes interpellées
Après la saisie de 594 kilos de cocaïne en Guyane en fin de semaine dernière, quatre personnes ont été interpellés. La drogue était en cours d'embarquement dans un conteneur à destination du Havre et d'Anvers.
Au cours du mois de juillet 2020, les militaires de la compagnie de gendarmerie de MATOURY ont recueillis des éléments relatifs à un trafic de stupéfiants d’envergure, transitant par la Guyane.
Les premiers éléments d’enquête ont permis de vérifier le sérieux des éléments réunis, justifiant l’ouverture d’une enquête judiciaire, rapidement pilotée par le parquet de la JIRS de Fort-de-France. A l’issue d’une enquête préliminaire d’un mois, une information judiciaire a été confiée à un magistrat instructeur spécialisé.
Les investigations, menées conjointement par l’OFAST Antilles-Guyane et la gendarmerie en Guyane, ont permis aux enquêteurs de détecter fin septembre un départ imminent de cocaïne.
Le 1er octobre 2020, dans la soirée, une opération de police judiciaire a été lancée. Elle a mobilisé une cinquantaine de gendarmes de Guyane, ainsi qu’une dizaine d’enquêteurs de l’OFAST.
594 kilogrammes de cocaïne, conditionnés en 18 sacs en toile, accompagnés d’un plomb de fermeture de container ont été découverts par les forces de l'ordre. La marchandise a été trouvée dans un véhicule Citroën BERLINGO, aux abords du port de Dégrad des Cannes à REMIRE-MONTJOLY (Guyane).
Le conducteur dudit véhicule ainsi que les occupants d’un second véhicule qui se trouvait à proximité immédiate, ont été interpellés. Un quatrième individu, mis en cause par les éléments de l’enquête, a également été interpellé à l’intérieur du port. Tous quatre ont été placés en garde à vue.
Âgés entre 26 et 56 ans, trois des personnes interpellées sont nés en Guyane, le dernier étant Haïtien. L’un d’eux était établi au Suriname, tandis que les trois autres demeuraient en Guyane, à Matoury et Cayenne. Deux d’entre eux déclaraient ne pas avoir de profession, l’un se déclarait comme étant orpailleur et négociateur en bois au Suriname, tandis que le dernier était employé dans une entreprise de transport maritime et manutention portuaire œuvrant sur le port de REMIRE-MONTJOLY.
Trois d’entre eux ont accepté de faire des déclarations au cours de leur garde à vue, tandis que le dernier a fait le choix de garder le silence. A ce stade de l’enquête, il apparaît que cette organisation criminelle avait mis en place une filière de transport de cocaïne entre le Suriname et l’Europe, en transitant par les infrastructures portuaires de Guyane.
Une valeur de 18 millions d'euros
La technique employée était celle communément appelée de « Ripp-on / Ripp-off », consistant à polluer des containers légaux en y intégrant de la drogue, celle-ci étant ensuite déchargée en Europe, soit à l’intérieur du port, soit à l’extérieur. Ce type d’organisation est complexe à mettre en œuvre suppose des complicités dans les ports de départ et d’arrivée.
L'opération est cependant particulièrement lucrative : la quantité découverte dans cette affaire représente celle transportée par plus de 400 mules transitant par la voie aérienne depuis la Guyane, la quantité moyenne transportée étant de 1,7 kilogrammes (données 2018). La valeur de la marchandise saisie dans cette affaire, une fois parvenue en Europe, était d’au moins 18 millions d’euros (et encore nettement plus une fois recoupée et revendue au détail).
A ce stade de l’enquête, il apparaît que ce n’était pas la première fois que cette organisation procédait à ce transport de stupéfiants vers l’Europe par la voie maritime. Les ports de destination étaient ceux du Havre et d’Anvers.
Les perquisitions menées ont d’ores et déjà permis de mettre la main sur plus de 50 000 euros en liquide, trois véhicules de luxe (AUDI Q5, AUDI A7 et RENAULT TALISMAN), un JET SKI et une motocyclette HONDA.
A l’issue de leur garde à vue, les quatre personnes interpellées ont fait l’objet d’un mandat d’amener, dans cette procédure ouverte des chefs notamment d’importation et exportation en bande organisée de produits stupéfiants. Des faits pour lesquels les auteurs encourent une peine de 30 années de réclusion criminelle. Les quatre individus doivent être présentés au magistrat instructeur de la JIRS de Fort-de-France dans le courant de la semaine. L’enquête se poursuit afin de préciser l’ampleur de ce trafic, et le rôle exact des divers protagonistes