Procès en appel de Rodrigue Petitot : la Défense conteste la notion « d’attaque » contre des élus
Condamné en 1ère instance à 10 mois de prison ferme, aménageables avec un bracelet électronique, le leader du RPPRAC est rejugé pour ses propos jugés menaçants contre des élus, le 26 novembre dernier, après avoir fait appel. Après une première journée d'audience, le procès reprend ce vendredi (28 février), à 8h.

Un important dispositif policier et de gendarmerie entoure la cour d’appel depuis ce jeudi matin. Rodrigue Petitot, le président du Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéennes, comparaît à nouveau.
Il est jugé pour « actes d'intimidations et menaces envers des élus ». Des propos tenus le 26 novembre dernier, dans une vidéo TikTok. Condamné le 2 décembre dernier à 10 mois d’emprisonnement ferme, aménageables avec un bracelet électrique, le leader du RPPRAC, a fait appel.
Il conteste les menaces. Pour lui, il s’agissait « d’attaquer » les élus, sur le terrain politique et, notamment, répète-t-il depuis, dans les urnes.
L’audience commence par une demande de récusation du président de la cour et d’une de ses consoeurs. Les avocats de Rodrigue Petitot estiment que c’est le même magistrat qui a décidé du placement en détention provisoire dans le dossier de la résidence préfectorale.
Demandes de renvoi, exceptions de nullité
Me Georges-Emmanuel Germany formule une demande de renvoi, rejetée après suspension d’audience pour délibérer sur ce point.
Les quatre avocats de la Défense, Me Germany, Max Bellemare, Mélanie Luce et Eddy Arneton soulèvent ensuite plusieurs exceptions de nullité, les mêmes qu’en première instance. Il est notamment questions des conditions de la garde à vue de leur client et de sa blessure à la main.
Après suspension, la cour joint les demandes à l’examen du dossier au fond.
15h. Rodrigue Petitot, pantalon noir, chemise blanche à manches longues et noeud papillon Rouge-Vert-Noir, s’explique à la barre.
Pour lui, la vidéo a été sortie du contexte et « attaquer » a été pris au 1er degré. Le ton monte avec le président, qui estime que le prévenu parle fort et s’étend trop longuement sur des détails.
Me Arneton s’interpose, la salle réagit. Le président quitte la salle. L’audience est suspendue.
Énervé, Rodrigue Petitot assure qu’il ne faisait que revenir sur les faits.
Nouvelle demande de renvoi des avocats, après suspension. Le demande est, une nouvelle fois, rejetée.
Quatre élus cités à la barre par la Défense
L’audience reprend. Quatre élus sont cités par la défense.
Le député Jiovanny William est le premier à s’exprimer à la barre :
Je n’ai pas peur de M. Petitot. Son combat est légitime Ses propos ne m’ont pas fait peur. C est un propos politique, je ne me suis pas senti visé, surtout que ça a été dit en créole. Je vis ça au quotidien depuis mon élection
Vient ensuite le député Marcellin Nadeau, qui estime « malhonnête » de faire passer les propos de Rodrigue Petitot pour une incitation à la haine et à la violence.
Gilbert Couturier, le maire du Gros-Morne intervient également pendant de longues minutes pour la défense du mis en cause.
Une demande de remise en libertée, rejetée
Il est suivi par un troisième député, Jean-Philippe Nilor.
Je suis venu vous dire qu il faut arrêter le massacre ! Il y a une justice pour les uns et de l’injustice pour les autres ! Je suis triste de voir ce sentiment se généraliser dans mon pays
Devant les juges, il indique être « très dur » avec Rodrigue Petitot et lui parler souvent. « L incarcérer n’est pas la solution ». Pour Jean-Philippe Nilor, « aucun élu martiniquais n’a eu peur » :
Ils ont dû être énervés, ils ont théâtralisé pour se faire passer pour des victimes
Il poursuit sur la vie chère et salue le combat du RPPRAC qui « aide le travail des politiques pour faire avancer les choses ».
L'intrusion à la résidence préfectorale est évoquée. Pour Jean-Philippe Nilor, cela peut être vu comme « un acte politique » : « dans un acte politique, il y a aussi des erreurs politiques ».
Il indique, pour sa part, qu'il avait décidé de boycotter l'invitation du ministre des Outre-Mer car il avait reçu tous les acteurs de la grande distribution mais pas le RPPRAC.
Le boycott est aussi un acte politique !
Dans la foulée, Me Georges-Emmanuel Germany plaide la remise en liberté de Rodrigue Petitot. Nouvelle suspension et nouvelle réponse négatives des magistrats, car le fond du dossier n'a pas été évoqué.
L'audience est suspendue. Elle reprend ce vendredi (28 février), à 8h.
A ECOUTER La réaction de Me Eddy Arneton, avocat de la Défense