Non-lieu chlordécone : l'audience pour le recours renvoyée au 22 octobre
La contestation du non-lieu prononcé dans le dossier judiciaire du chlordécone était examinée ce lundi devant la Cour d'appel du tribunal judiciaire de Paris. Compte tenu de la constitution récente de plusieurs centaines de nouvelles parties civiles, il a été décidé d'un renvoi de l'audience au 22 octobre prochain.
L’examen du recours contre le non-lieu prononcé dans le dossier chlordécone avait lieu ce lundi 10 juin à la Cour d’appel de Paris. Le renvoi de cette audience planait dès le départ ce lundi. L'un des points sensibles évoqués ce matin a été d'autoriser la publicité des débats ou la présence des parties civiles, voire à minima la possibilité d'auditionner des porte-paroles des associations et institutions concernées, mais tout cela a été rejeté par la Cour. Une décision que déplore Malcom Ferdinand, chercheur et militant dans le dossier chlordécone :
La colère. Je trouve ça difficile pour une instruction de pouvoir se prononcer sans entendre les parties civiles. Ça paraît complètement hallucinant. C'est une honte pour le système judiciaire français de pouvoir traiter des Antillais qui subissent encore dans leur corps, dans leur chair et dans leurs terres, une contamination peut-être le plus grand scandale environnemental de l'histoire des Antilles, de ne pas traiter cette affaire déjà localement, que les juges, les magistrats ne se sont jamais rendus en en Guadeloupe, en 18 ans d'instruction et que là, nous avons des personnes qui font le dépassement depuis la Martinique et depuis la Guadeloupe pour pouvoir avoir la chance d'être entendus dans le procès de notre propre contamination.
Pour Malcom Ferdinand, ce dossier qui est un scandale sanitaire, environnemental et politique devient également judiciaire : « je comprends qu'on est dans une justice coloniale qui ne dit pas son nom, mais qui se comporte exactement de la sorte ».
Harry Durimel avocat des parties civiles, de l’UPG, la CGTG, et l’Union Régionale des Consommateurs et la Région Guadeloupe :
Je suis surpris d'entendre l'indignation, mais ça a été demandé. Ce renvoi a été provoqué, demandé par les ouvriers de la 25ème heure. Ceux qui ont pris 18 ans pour découvrir qu'il y avait une affaire de chlordécone et qui demandent aujourd'hui, font des actes procéduraux, de la guérilla judiciaire, je pourrais dire, comme si on était à la défense. Je rappelle que nous sommes les avocats qui avons initié cette plainte. Nous sommes les défenseurs des victimes et nous ne sommes pas là pour faire des manœuvres dilatoires. Or, ce à quoi on a assisté ce matin, c'était des manœuvres dilatoires visant à retarder l'examen au fond de cette affaire. Et nous voilà repartis encore pour les calendes grecques, puisque le 22 octobre, ce qui sera examiné, ce sont des questions préalables de constitutionnalité qui sont posées tardivement par un avocat qui, par ailleurs, fait un appel à des clients pour qu'on puisse le prendre comme avocat et qu'il défende les Guadeloupéens et Martiniquais Et le résultat, c'est qu'on est venu ici pour rien et qu'on perd du temps.
Pour Harry Durimel, le combat continue pour que la chambre d'instruction "casse l'ordonnance de non-lieu".