[VIDEO] Grands-mères et colocataires, le remède à la solitude de Raymonde et Nicole

Par 22/06/2025 - 07:14 • Mis à jour le 22/06/2025 - 09:56

Depuis plus de cinq ans, Raymonde, 93 ans, et Nicole, 85 ans, vivent en colocation. Ces deux meilleures amies antillaises, de souche pour l'une et de cœur pour l'autre, ont trouvé un remède à l'ennui dans cette "coloc" qui respire le bonheur. RCI les a rencontrées.

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La chanson et les rires rythment les journées dans cette colocation pas ordinaire. Raymonde et Nicole ont choisi de vivre ensemble pour combler l'ennui de la solitude et la méthode fonctionne pour ces deux retraitées.

Depuis la crise Covid, et ce choix suggéré par la fille de la première, elles ne se quittent plus pour leur plus grand bonheur. "La vie est belle, malgré l'âge", lance Raymonde malicieusement. 

En cuisine, c'est le royaume de Nicole, ex-restauratrice, qui a notamment exercé ses talents pendant de nombreuses années dans trois établissements qu'elle a tenus à Marie-Galante.

Au salon, Raymonde, Antillaise d'origine, joue du piano, dessine et entonne des refrains que sa colocataire reprend avec entrain. Le reste du temps, les deux meilleurs amies l'occupent à discuter ou se promener, car elles sont autonomes, font leurs courses elles-mêmes, au point de devenir des stars dans leur quartier.

On ne sort pas l'une sans l'autre. Tout le monde nous connait, les gens qui ont des chiens, les gens qui ont des bébés, celles qui ont des belles robes, on leur dit qu'elles sont belles et les gens nous parlent et nous racontent leur vie. Nicole.

On a un fauteuil sur roulettes, qui permet de se déplacer du matin jusqu'au soir. Si on est fatiguées, on s'assied dessus et les gens nous font des petits coucous. Raymonde. 

Jumelles antillaises

Ce qui nourrit surtout la réussite de cette colocation, c'est la grande complicité qui unit ces deux copines de longue date. "On est jumelles je crois !", affirme fièrement Nicole. "Oui, c'est vrai, même si on ne se ressemble pas. Je suis Antillaise et elle est Bretonne", renchérit Raymonde. 

Le point commun fondateur de leur amitié ce sont les Antilles. Car c'est en découvrant un établissement de cuisine créole, que Nicole avait ouvert dans un petit village au coeur de la forêt d'Andaine, en Normandie, que Raymonde a poussé la porte, par curiosité, avant de se trouver des atomes crochus avec la patronne et sa cuisine.

Les Antilles résonnent d'ailleurs continuellement dans leur quotidien, notamment en créole. 

Mwen té byen la a MariGalant ! Je le parle tout le temps, le créole ça fait partie de ma vie et avec Raymonde, je lui parle créole et elle me comprend. Nicole.

Moi je ne parle pas beaucoup créole, mais je comprends. Je suis d'origine antillaise, mais je suis née à Paris. Mon père Guadeloupéen et ma mère Martiniquaise, mais dans les bonnes familles, c'était mal vu de parler créole. J'ai beaucoup été aux Antilles, mais je n'y ai pas passé mon enfance, c'est à ce moment là qu'on apprend le créole. Raymonde.

Ce qui résume le mieux le fonctionnement de cette colocation réussie, c'est la fluidité de la relation qui unit Raymonde et Nicole. "Tout est simple, nous on s'aime", assure la dernière.

Même les moments de tumulte ne sont que passagers : "Parfois le tonnerre gronde, faut pas croire, mais on se dispute sur des bricoles, ça ne dure jamais longtemps". 

Jamais seules

Le point le plus central à retenir de l'expérience de ces deux grands-mères hors du commun, c'est qu'elles ont surtout réussi à contrer la solitude avec cette solution de colocation. 

Cela m'apporte beaucoup, beaucoup, déjà je peux cuisiner et me balader avec quelqu'un. C'est pas drôle de faire ça toute seule. Nicole.

Je plains les gens qui sont tous seuls toute la journée. Être à deux, ça nous permet de rester dynamique, certainement. Raymonde. 

La solution choisie par Raymonde et Nicole n'est peut-être pas pour tout le monde, mais ces "colocs" extraordinaires donnent une belle bouffée d'air frais lorsqu'on les rencontre. Car en gardant le sourire, elles ont manifestement oublié de vieillir. 


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