[DOSSIER VIDEO / AUDIO] Souveraineté alimentaire : l’aquaponie a le vent en poupe en Guadeloupe

Par 12/07/2023 - 09:59 • Mis à jour le 12/07/2023 - 16:22

Cette technique de culture et d’élevage innovante est de plus en plus prisée des Guadeloupéens. L’aquaponie, fusion de deux techniques, l’aquaculture et l’hydroponie est un système fermé dans lequel plantes et animaux aquatiques vivent en harmonie.

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Système d'aquaponie en plein coeur du Lauricisque. Photos Olivia Losbar, vidéo Ridchy Némausat

L’aquaponie est une méthode de culture qui fonctionne grâce aux déchets produits par les poissons, lesquels sont utilisés comme source de nutriments par les plantes. Ce système fermé maintient un environnement sain pour le développement des poissons. Il fournit ainsi une culture maraichère et un élevage de poissons.

Une solution alternative

L’aquaponie offre des perspectives pour l’agriculture locale, comme l’explique Frédéric Galan, ingénieur agronome et directeur de l’IDDOM partenaire de Bioponie aux Antilles-Guyane. La structure accompagne le développement de projets innovants dans le secteur agricole tropical.

L’ingénieur agronome estime que cette technique pourrait être une solution alternative pour la résolution de certaines problématiques rencontrées par les agriculteurs locaux.

Aquaponie

À l’heure où le chef de l’Etat a pour objectif la souveraineté alimentaire dans les Outremers, l’aquaponie est, selon lui, un moyen peu couteux de produire protéines, légumes, fruits et herbes aromatiques à domicile. La technique offre également des perspectives pour le développement de cultures dans des zones urbaines en complément des exploitations plus classiques. Une production qui contrairement à d’autres zones géographiques, peut être efficiente tout au long de l’année en zone tropicale.

Dans des territoires marqués par la pollution au chlordécone, cette méthode de culture hors-sol pourrait également permettre le retour de cultures sur des parcelles contaminées aux pesticides.

La souveraineté alimentaire

Séduits par l’idée de produire eux-mêmes leur alimentation à domicile, de plus en plus de Guadeloupéens se lancent dans l’aquaponie.

Depuis 2016, https://www.aquaponieantilles.com/ accompagne ceux qui souhaitent entamer un projet aquaponique. Elle compte désormais une centaine de membres.

Karim Kebaili, co-président de l’AAA explique que, pour la plupart, les adhérents sont des Guadeloupéens inquiets de leur sécurité alimentaire et qui, dans l’aquaponie, trouvent un moyen de contrôler leur consommation.

L’association forme et aide les porteurs de projets dans la construction de leur installation domestique ou collective.

En 2019, l’AAA a mis en place un jardin collaboratif au cœur de la cité à Lauricisque à Pointe-à-Pitre. L’objectif de ce projet est de développer la souveraineté alimentaire aux Antilles à travers l’aquaponie urbaine.

Élevage de poissons en aquaponie.

4 ans après sa mise en place, l’installation a apporté biodiversité et vie de quartier au sein de cette résidence. Chacun à leur manière, les membres de l’association participent à la pérennisation du jardin. La plupart des participants vivent non loin de l’installation mais certains viennent d’autres communes pour prendre part au projet.

Murielle, elle vit dans la résidence et fait partie de l’équipe qui nourrit les poissons et entretient le jardin. Elle avoue que lorsque Karim Kebaili, a présenté le projet aux résidents, elle s’est montrée perplexe. Mais, depuis, l’aquaponiste urbaine est désormais convaincue du bien-fondé de cette pratique. Elle encourage d’ailleurs les Guadeloupéens à se lancer.

Stéphane, 17 ans, le fils de Murielle, s’est lui aussi laissé séduire par le projet et vient chaque jour nourrir les tilapias. L’adolescent, désormais étudiant au lycée agricole Alexandre Buffon de Baie-Mahault, envisage de créer plus tard sa propre exploitation.

Un jardin solidaire

L’installation de Lauricisque fournit des produits frais et des herbes aromatiques gratuitement à tous les membres. Lorsque les poissons arrivent à maturité, l’AAA organise un grand barbecue qui permet à tous les adhérents de se réunir. Karim Kebaili explique que l’association met en place régulièrement des ateliers ouverts au grand public.

Des efforts communs qui ont été récompensés par une distinction. En 2020, l’association a en effet été lauréate Outre-mer de la France S’engage dans la catégorie « Santé, transition écologique » pour son projet « Jardin des toits-aquaponie Antilles ».

Frédéric Galan croit également au potentiel solidaire de l’aquaponie. Une solution qui selon lui, pourrait par exemple être utilisée au sein des EHPAD pour fournir à la fois des produits locaux et des activités pour les résidents qui pourraient ainsi cultiver fruits et légumes sans les contraintes physiques d’un jardin classique.

Pour le directeur de l’IDDOM, les systèmes aquaponiques peuvent également être installés au sein des établissements scolaires et servir de ressources concrètes pour l’enseignement de la biologie aux élèves.

Des projets sont d’ores et déjà en cours de développement dans certains établissements comme c’est le cas au Micro Lycée de Guadeloupe »

Mais se lancer dans l’aquaponie demande une certaine technicité pour la réussite des projets sur le long terme, aussi, l’ingénieur agronome insiste sur la nécessité des formations pour les professionnels comme pour les particuliers.

Frédéric Galan est convaincu du potentiel que pourrait apporter le développement de fermes aquaponiques sur l’ensemble de l’archipel.

Aquaponie.

Au mois de juin dernier, une délégation d’experts, dont il faisait partie, a pu présenter les opportunités de l'aquaponie tropicale à Arnaud Martrenchar, Délégué Interministériel à la Transformation Agricole des Outre-mer à Paris.

En Martinique, un projet d'unité pilote serait en cours d'instruction par la Collectivité Territoriale.
Les autorités travaillent sur des moyens efficaces d’encadrer le développement de cette filière innovante aux Antilles.

 


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