Le futur "hub portuaire" des Antilles en bonne voie
Un accord pour sa mise en place a été signé aujourd'hui (19 décembre) au ministère des Outre-mer entre le PDG du groupe CMA-CGM Rodolphe Saadé et les ministres du Transport Clément Beaune, des Outre-mer Philippe Vigier et le secrétaire d'Etat à la Mer Hervé Berville.
Il y avait de la satisfaction et de la fierté ce matin sur les visages des membres du gouvernement mais on pouvait déceler aussi un certain soulagement, tant le projet est coûteux et n'a pas été si simple à mettre en place. "On aurait aimé ce que cela soit encore plus rapide mais regardons le résultat aujourd'hui : plus de 250 millions d'euros d'investissement, tous les acteurs ont été mobilisés, la CMA-CGM dès le départ, l'Etat a répondu présent rapidement avec plusieurs dizaines de millions d'investissement et il a aussi fallu discuter avec les ports et les collectivités, qui sont d'ailleurs dans la gouvernance des ports". Une gouvernance qui a été modifiée "pour mieux associer les collectivités" selon l'exécutif. "Je pense que c'était une réforme nécessaire en soi", ajoute le ministre.
300 000 conteneurs de plus par an et l'enjeu de la décarbonation
C'est à partir de début 2025 qu'"une mise en service opérationnelle progressive du projet" va être menée pour un déploiement dans les mois suivants. "Nous serons en mesure d'opérer 7 navires de 7000 conteneurs au départ du Havre à destination des Antilles nous allons pouvoir augmenter nos transbordements dans les deux îles et ils seront estimés à différentes îles de la Caraïbe et à l'Amérique Centrale", précise Rodolphe Saadé.
Ce nouveau hub, qui pourrait voir transiter 300 000 conteneurs de plus par an, s'inscrit dans l'affirmation de la puissance maritime de la France et a aussi pour objectif de mettre en place un "corridor vert" entre l'Europe et les Caraïbes.
Choix stratégique, géopolitique même et majeur pour les Antilles, il est ainsi présenté comme le symbole du développement des mode de transports moins carbonés, une volonté française notamment pour le maritime. Les navires de la CMA-CGM pourront notamment être "propulsés au biogaz". "Il ne fallait pas que les investissements soient décalés par rapport à la modernisation qui va être effectuée, a expliqué le secrétaire d'Etat à la Mer Hervé Berville. Les ports sont des espaces d'industrialisation, dans les 20, 30 prochaines années peut-être qu'il y aura de l'hydrogène, des énergies marines renouvelables..."
Quant aux inquiétudes sur la crainte de narcotrafiquants qui pourraient profiter de ce nouveau hub portuaire, formulées par des magistrats des Antilles devant la commission d'enquête sénatoriale lundi, le gouvernement a assuré que des moyens de surveillance seraient mis pour lutter contre les trafics illicites. "On ne lâchera rien sur le sujet", a insisté Hervé Berville.
