Pour le mois des mémoires, Nantes fait face à son passé de port négrier
Durant ce mois de mai, une quarantaine d'événements sont organisés à Nantes pour commémorer l'esclavage et ses abolitions. Sous l'impulsion de la municipalité et d'associations locales, notamment ultramarines, l'ancien premier port négrier français est devenu l'une des villes les plus dynamiques sur ce travail mémoriel.
Ce mois de mai est celui des commémorations liées à l'histoire de l'esclavage et à ses abolitions. Dans l'hexagone aussi, des manifestations culturelles, artistiques et historiques sont organisées, singulièrement à Nantes, ville dramatiquement associée à cette page sombre du passé, puisqu'elle était le premier port négrier de France.
Sans ignorer cette époque, depuis une vingtaine d'années, la "Cité des Ducs de Bretagne" propose l'une des programmations les plus denses de France pour ce mois des mémoires, sous l'impulsion notamment de sa communauté ultramarine, et notamment d'associations. L'une des plus dynamiques étant Mémoires de l'Outre-Mer, qui propose cinq événements en 2024, notamment des projections de films sur les patronymes des descendants d'esclaves ou des visites guidées à destination des scolaires, et dont le président Michel Cocotier, Guyanais d'origine, se félicite de cette dynamique.
C'est quelque chose qui, non seulement, a pris racine, mais s'étend encore aujourd'hui. Cette ville se donne les moyens de se confronter à ce passé, qu'elle ne négocie pas, qu'elle connaît, qu'elle diffuse et c'est quelque chose qui est très satisfaisant, car de plus en plus, le public des jeunes est impliqué dans ces commémorations.
En parler pour apaiser
À Nantes, la ville a pris le relais de ce mouvement associatif et soutient pleinement cette dynamique. Tous les événements sont d'ailleurs rassemblés au sein d'une programmation commune diffusée dans un magazine disponible gratuitement sur le site internet et les réseaux sociaux de la municipalité. Johanna Rolland, la maire socialiste, y souligne que ce mois des mémoires constitue un "moment très fort dans ce qu'il rappelle de l'histoire de notre ville, mais aussi dans ce qu'il porte pour l'avenir".
Un message que partage une autre association ultramarine, la Fraternité Coque Nomade, qui organise notamment ce week-end des tables rondes pour faire discuter des descendants d'esclaves, d'armateurs et de planteurs. Pour son président Dieudonné Boutrin, il est important de ne pas oublier cette page de l'histoire.
Les gens qui sont là ne sont pas responsables du passé, mais de l'avenir, donc nous devons aller vers une mémoire apaisée, échanger entre nous et discuter. Beaucoup ont tendance à vouloir mettre le couvercle sur la marmite pour que l'odeur ne puisse pas s'en aller. Lorsque la mémoire fait mal, ça ne sert à rien de l'endormir, elle va se rebeller.
Même sentiment pour Mémoires de l'Outre-Mer, qui œuvre notamment auprès des scolaires en organisant des visites des sites historiques du passé négrier nantais pour porter un message d'avenir selon son président Michel Cocotier.
La période de l'esclavage a été la source de racisme, de discriminations qui, hélas, frappent encore très fortement la société et il est important de transmettre à la jeunesse que l'autre n'est pas l'ennemi, mais au contraire, une richesse dont il faut s'inspirer.
Nantes fait donc face à son histoire en ce mois de mai avec l'espoir d'avancer dans l'apaisement sur le chemin de ces commémorations nécessaires en vue d'un avenir meilleur.