Venezuela-USA : « S'ils viennent avec leurs machines de guerre, on les recevra avec du plomb ! »

Par 14/09/2025 - 16:52

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a appelé les réservistes, les miliciens et les jeunes à se rendre, ce samedi (13 septembre), dans les casernes pour apprendre à tirer alors que les Etats-Unis ont déployé des navires de guerre dans les Caraïbes au nom de la lutte contre les cartels de la drogue.

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@AFP

« S'ils (les Américains) viennent avec leurs machines de guerre, on les recevra avec du plomb ! », lance Pedro Arias, 62 ans.

Comme lui, des milliers de volontaires ont répondu, samedi (13 septembre), à l'appel du président vénézuélien Nicolas Maduro à se rendre dans les casernes pour y apprendre le maniement des armes en vue d'une éventuelle invasion américaine.

« Défendre la patrie »

Nicolas Maduro, qui a demandé à la population de s'enrôler dans les milices ces dernières semaines, a appelé les réservistes, les miliciens et les jeunes à se rendre dans les casernes pour « apprendre à tirer » et « défendre la patrie » alors que les Etats-Unis ont déployé des navires de guerre dans les Caraïbes dans le cadre d'une opération antidrogue que M. Maduro considère comme une « menace ».

Samedi à Forte Tiuna, énorme enclave de l'armée dans Caracas, bus et voitures débarquent des volontaires, des quatre coins de la capitale. En civil ou en paramilitaire, ils arborent parfois un signe ou une tenue émanant de leur groupe : compagnie électrique nationale, « motards socialistes », « groupe de combat de la mairie de Caracas », administration pénitentiaire ou télévision publique.

Une retraitée porte un t-Shirt « Mamie merveille ». Un vieillard en tenue camouflée se déplace avec un déambulateur. Il y a aussi des trentenaires et quadragénaires en tenue de sports et des jeunes.

Victoria, 16 ans, Maikel, 20 ans, José, 18 ans et Miguel, 17 ans, membres de l'organisation pro-pouvoir « Futuro » disent vouloir « apprendre » pour pouvoir « se défendre des gringos », à « poings nus s'il le faut ».

De l'esplanade monumentale, les volontaires sont transportés vers le polygone de tir.

Entraînement militaire

Là, un officier tient un discours musclé aux nouveaux arrivants : « Je n'ai pas besoin de vieillards. J'ai besoin de gens engagés prêts à prendre le fusil pour affronter nos ennemis. Vous êtes ici pour recevoir un entrainement militaire. Ce ne sera pas une guerre comme les guarimbas (affrontement/manifestations de rues). Ce ne sera pas des pierres et des pistolets mais des « armes de guerre ».

Les manifestations après la réélection contestée de Maduro en 2024 ont fait une trentaine de morts.

Le président américain Donald Trump a déployé des forces militaires dans les Caraïbes au nom de la lutte contre les cartels de la drogue, provoquant de vives tensions avec le Venezuela. Washington accuse Maduro lui-même de diriger un réseau de narcotrafic.

Celui-ci a toujours nié tout lien avec le trafic de drogue, bien que deux neveux de son épouse aient été condamnés à New York pour trafic de cocaïne.

Kalachnikovs et armes de poing

Les autorités militaires n'ont pas laissé l'AFP accéder à l'entraînement et au champ de tir à Forte Tinua, mais ont ouvert les portes de la 4F (4 février), la célèbre caserne dominant Caracas, mausolée du feu président Hugo Chavez.

Ici, un peu moins de 200 personnes sont invitées à suivre des cours tactiques et stratégiques, expliquant notamment l'intervention américaine à Panama (1989) et surtout à manier Kalachnikovs et armes de poing.

Les volontaires sont invités à les démonter et remonter ainsi qu'à tirer dans le vide, sans munitions.

« Pas peur »

« Je suis venue recevoir une formation, apprendre sur les armes, les tactiques. Pour défendre mon pays. Je vais me défendre, je vais défendre ma famille, ma communauté et ma patrie », explique Jenny Rojas, 54 ans, avocate travaillant pour une fondation proche du pouvoir.

Elle assure ne « pas avoir peur » mais trouve « déplorable qu'ils (Etats-Unis) prétendent, par la force, envahir notre nation, sans respecter notre souveraineté. S'ils tentent d'attaquer la patrie, toute la population, le peuple, la défendra, tout comme Bolivar (héros de l'indépendance) l'a défendue », s'enflamme-t-elle. « Avoir (la Kalachnikov) entre les mains, ça te donne cette fierté ... Quand le moment viendra de prendre les armes, il faudra le faire ».

Forces armées et milice

Maduro a annoncé le déploiement de 25 000 membres des forces armées aux frontières et un plan de défense.

Selon des publications militaires spécialisées, la Milice dispose d'environ 212 000 éléments, qui s'ajoutent aux 123 000 soldats des quatre autres branches des Forces armées.

A la caserne du 4F, le lieutenant et instructeur Oviedo Godoy maîtrise aussi bien les armes que la dialectique gouvernementale : « En tant que Force Armée dans l'Union Civico-Militaire, nous avons la fonction d'enseigner au combattant individuel quel est l'armement organique de la Force Armée Nationale Bolivarienne ».

« Toute personne est capable d'utiliser une arme. Nous gardons toujours à l'esprit l'identité nationale et le patriotisme que chaque combattant individuel ou membre de cette nation doit avoir », ajoute-t-il. « Si les Américains viennent, les gens seront prêts (...) Nous sommes entraînés ! »


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