Haïti : « les blessés sont des civils touchés par des balles perdues »
Mumuza Muhindo est le chef de mission de Médecins sans Frontières en Haïti. Joint par RCI, il décrit sa peur et ses craintes pour la situation sanitaire des jours à venir.
La capitale d’Haïti, Port-au-Prince est paralysée depuis l’évasion de milliers de prisonniers. Elle est prise en étau entre les gangs et la Police Nationale Haïtienne (PNH) qui tente de maintenir l’ordre.
La violence déjà présente s’est accrue dans le pays ces derniers jours. Les gangs réclament le départ d’Ariel Henry, le Premier Ministre, actuellement hors du pays. Des milliers d’habitants tentent de fuir leurs quartiers et de gagner les provinces. L’aéroport, pris d’assaut il y a quelques jours, est fermé.
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La situation sanitaire, elle, devient plus que préoccupante. Certains hôpitaux ont dû être fermés pour des raisons de sécurité.
Sur place, le chef de mission de Médecins sans Frontières, Mumuza Muhindo, invité de la rédaction de RCI Martinique, confirme une situation de chaos et ne cache pas sa peur.
Quand ça tire, on ne se sait pas ce qui va se passer par la suite. Tous les blessés que nous recevons, ce sont des civils touchés par des balles perdues. Partout où on est, on a peur des balles perdues ou d’être victimes de kidnapping car ça aussi, c’est quotidien. Tous les quartiers sont concernés car des tirs sont concernés même au niveau de l’aéroport. Tous les mouvements sont suspendus. Les gens n’osent pas sortir pour aller à l’école, au marché ou circuler. La ville est déserte car des coups de balles sont attendus dans presque tous les quartiers
« On risque d’avoir une grosse épidémie »
Mumuza Muhindo s’inquiète également de la dégradation de la situation sanitaire.
Très rapidement, je pense que c’est un chaos sanitaire qui va s’installer. Si, au bout de 3 jours, la situation reste ainsi, je ne sais pas comment les familles vont résister car les enfants et les personnes du 3ème âge malades n’auront pas à manger et à boire. Je crains une augmentation de maladies comme le choléra. On risque d’avoir une grosse épidémie et d’autres pathologies graves comme le paludisme ou des maladies liées au manque d’eau
Le médecin confie aussi que les moyens déjà réduits pourraient bientôt manquer cruellement afin de soigner la population.
Nous avons un cargo de médicaments bloqué au port parce que, vue la sécurité, on ne peut pas accéder au dédouanement et à la livraison de ce cargo. Il n’y a pas d’autorités présentes pour réaliser les formalités et accéder au cargo. On va tomber facilement en rupture et notre capacité de riposte va être limitée
À ÉCOUTER Mumuza Muhindo, invité de la rédaction de RCI Martinique