[PORTRAIT] Manuel Valls, ministre des Outre-Mer : une personnalité « un peu kamikaze » selon Bayrou

C'est clairement une surprise que de revoir Manuel Valls au premier plan dans un gouvernement, après avoir été nommé ce lundi à l'Outre-Mer.

À 62 ans, l'ancien Premier ministre de François Hollande était davantage moqué pour ses revers électoraux ces dernières années, notamment en Espagne, où il s'était exilé après son retrait de la vie politique française en 2019.

Natif de Barcelone, mais élevé en France, ce rocardien de jeunesse a longtemps fait partie des figures socialistes. D'abord à l'échelon local, en tant que conseiller régional en Essonne, puis maire d'Évry, en région parisienne, un homme d'influence du Parti à la Rose, ce qui lui vaudra de décrocher le ministère de l'Intérieur lors de l'élection de François Hollande en 2012.

Premier Ministre en 2014

Manuel Valls se verra monter en grade jusqu'au poste de Premier ministre en 2014 en assumant un penchant libéral. Il sera mis en difficulté par les frondeurs de son camp, entraînant l'utilisation de nombreux 49.3, s'empêtrant même dans la très polémique loi Travail, un héritage délicat qui ne lui permettra pas de rallier la majorité socialiste en vue de la présidentielle de 2017.

Depuis, Manuel Valls a reculé, voire disparu du paysage politique national. S'il a souvent fait des appels du pied pour retrouver un ministère ces dernières années, se ralliant même à Emmanuel Macron avec qui il s'était fermement opposé dans le passé.

Valls et les Outre-Mer

Pour ce qui est des Outre-mer, l'ancien Premier ministre a pour lui cette expérience de chef du gouvernement, mais aussi une connaissance du dossier calédonien sur lequel il avait travaillé en présidant une enquête parlementaire sur le sujet.

Ministre de l’intérieur puis Premier Ministre sous François Hollande, son passage n’a pas permis de grandes avancées pour les Outre-Mer.

Manuel Valls avait même choqué, en 2013, en écourtant un grand séjour aux Antilles pour revenir s’occuper de la polémique de l’expulsion de la jeune Léonarda, dans l’Hexagone.

Il prend désormais place à un ministère redevenu de plein exercice, ce qui laisse entrevoir un poids plus important dans la hiérarchie de l'exécutif. Et, clairement, la priorité est ultramarine aujourd’hui.

Reconstruction de Mayotte, Vie Chère et colère aux Antilles ou encore avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie (…), ce qui est certain, en tout cas, c'est que les dossiers ne manqueront pas.

Le choix assumé de François Bayrou

Ce lundi soir, sur BFM TV, François Bayrou, le 1er Ministre, a d’ailleurs défendu le choix de Manuel Valls à l’Outre-Mer et salué son profil de « kamikaze ».

François Bayrou: "Manuel Valls est une personnalité un peu kamikaze (…) qui accepte de prendre des risques" pic.twitter.com/wJDcUUC0mL

— BFMTV (@BFMTV) December 23, 2024

Manuel Valls, c'est une personnalité un peu kamikaze par moments. J'aime bien les personnalités audacieuses qui acceptent de prendre des risques. Manuel Valls, c'est une personnalité pour qui j'ai de l'estime. Mais surtout, je considère que l'une des questions les plus lourdes pour notre pays, ce sont ces Outre-Mers. Ce sont des sociétés qui sont très fragiles, très fracturées souvent, très déstabilisées souvent et qui ont le sentiment qu'on ne s'occupe pas d'elles. L'idée, c'est la première fois dans l'histoire, jamais ça ne s'est produit, d'avoir un ministère d'État, deuxième de la liste du gouvernement, qui va s'occuper des questions de l'outre-mer. La question, c'est de savoir si on met les défis à la bonne hauteur et les personnalités pour y répondre à la bonne hauteur.