Crise sociale en Martinique : « les conséquences sont très importantes pour les petits importateurs »
Jean-Claude Florentiny, dirigeant du cabinet d’expertises GSL (Global Service Logistique), spécialisé en logistique, transport international et douanes, tire la sonnette d’alarme sur les nombreuses répercussions des perturbations actuelles en marge de la lutte contre la Vie Chère.
Au 58ᵉ jour de mobilisation contre la vie chère, les tensions restent vives en Martinique. Et cela, malgré la signature d’un accord destiné à réduire les prix mais qui n’a pas été signé par le RPPRAC (Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéennes)
Cet accord, conclu après des négociations intenses, promet une baisse de 20 % sur plusieurs milliers de produits alimentaires, mais les violences urbaines qui ont éclaté début octobre se poursuivent.
Le Grand Port Maritime de la Martinique (GPM) propose une tarification différenciée pour les produits de première nécessité, incluant un gel ou une réduction des droits de port sur les cinq prochaines années.
Après l’incendie d’environ 150 véhicules stationnés sur le terminal, le GPM travaille en lien étroit avec les entreprises touchées pour permettre une reprise rapide de leurs activités.
Dans le contexte où l'île vit au rythme des manifestations, de troubles persistants et d'un couvre-feu instauré en réponse, aucun importateur n’est épargné et encore moins les petits, qui sont les plus pénalisés.
Les conséquences pour les petits
C’est un point sur lequel alerte Jean-Claude Florentiny, dirigeant du cabinet d’expertises GSL (Global Service Logistique), spécialisé en logistique, transport international et douanes.
Une question n'est pas abordée dans les débats, c'est effectivement celle des petits importateurs. Ça va de l'artisanat, qui sont, par exemple, des revendeurs dans le secteur de la santé notamment. Toutes les importations ne sont pas constituées que de grandes surfaces. Il faut l'avoir à l'esprit pour mieux maîtriser et connaître un petit peu les acteurs dans la chaîne qui ont tendance à être oubliés. Et ça, c'est véritablement un point qui me paraît être important, de penser aux petits qui dépendent aussi des gros. On dit que « quand le gros maigrit, le maigre meurt ». On est effectivement dans ce cas de figures actuellement où trop souvent, on oublie les petits et moyenne structures.
Un approvisionnement difficile
Face à cette situation complexe en Martinique, Jean-Claude Florentiny tire aussi la sonnette d’alarme sur de grosses difficultés d’approvisionnement actuellement.
Que ce soit au niveau des matières, des intrants, que ce soit au niveau des produits de première nécessité, mais également aussi au niveau des véhicules, des autos qui arrivent, pour lesquels, il y a effectivement de gros soucis liés à la réception du véhicule. Il y a un gros souci qui est lié également aux frais de stationnement de conteneurs, puisqu'il y a eu des stationnements au port. Et cela pose un gros problème au niveau des distributeurs et bien évidemment, au niveau des importateurs. Il y a des conséquences directes face à la situation que nous connaissons. Pour ceux qui importent d'ailleurs, ce n'est pas uniquement de France hexagonale, c'est de partout. On a des soucis qui sont liés au stationnement de conteneurs puisqu'on ne peut pas récupérer les conteneurs en temps et en heure. Cela pose de vrais problème car ça rentre aussi dans le revient. Et, au final, c'est le consommateur qui doit supporter les frais supplémentaires
L'exploitation des sociétés mise à mal
Cette crise socio-économique a de lourdes conséquences sur les activités portuaires, déplore le dirigeant de GSL
L'impact, il est bien évidemment direct. À partir du moment où il n'y a pas de sécurité pour les véhicules, à partir du moment où ça a été très loin avec des répercussions à la fois directes, qui impactent les surfaces à quai, au niveau du Grand Port mais également les revendeurs. Il faut savoir qu'on est sur une destination éloignée des centres de production. Nous sommes également sur des destinations qui sont fragiles et avec une saisonnalité importante. Par exemple, en ce qui concerne les véhicules, notamment. Mais il n'y a pas que les véhicules, il y a aussi des camions, il y a aussi des véhicules professionnels. Ça, il ne faut pas l'oublier. Et c'est la raison pour laquelle il y a des répercussions gravissimes dans l'exploitation des sociétés.
Des bateaux rouliers qui se détournent de la Martinique
Autre conséquence majeure du contexte actuel : les bateaux rouliers ne desservent plus la Martinique.
Ils ont suspendu pour le moment leur rotation sur la Martinique et déchargent partiellement sur la Guadeloupe. On ne sait pas jusqu'à quand ça va durer, mais il y a un mot d'ordre, effectivement, c'est de ne pas décharger les véhicules à quai. C'est tout simplement lié aux incendies des véhicules subis il y a plusieurs jours et qui ont, bien évidemment, eu un impact et des répercussions directes. Donc, par mesure de sécurité, les armateurs qui transportent justement les véhicules ont décidé de suspendre, dans un premier temps, le déchargement de véhicules sur la Martinique.