Mobilisation sur la Vie Chère : « répression policière », visite du ministre, « violences inacceptables »
Alors que le mouvement se poursuit pour dénoncer la Vie Chère en Martinique, le RPPRAC, le député Nadeau ou encore le préfet réagissent, avec chacun leur vision, aux événements des derniers jours.
Pour le RPPRAC, le constat est clair. Les événements de ces derniers jours relèvent de la « répression policière ». Et selon le Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéennes, elle « s’exerce actuellement envers des personnes vulnérables et notamment des personnes en situation de handicap (Ndlr : en référence à une interpellation musclée à Case-Pilote ce mardi).
Dans un communiqué, l’association à l’origine de la mobilisation contre la Vie Chère « exhorte l’intervention urgente du Préfet, du ministre des Outre-Mer, du ministre de la Justice, du Premier ministre et du Président de la République pour mettre fin à ces actes de violence injustifiés ».
Pour le RPPRAC, « les revendications légitimes de la majorité du peuple martiniquais pour une baisse des prix de l’alimentation sont accueillies par le mépris et la répression ».
Un « mépris » pour Marcellin Nadeau
C’est ce même « mépris » que dénonce également Marcellin Nadeau, le député de la circonscription 2 ( Nord), interrogé ce jeudi matin (24 octobre), en direct du journal de RCI. Il demande au Gouvernement d’agir urgemment et appelle les élus et la population à faire peuple.
Il y a un mépris qui était affiché à notre face, mais de manière collective. Il faut arrêter cette division stérile entre élus, mouvements citoyens, syndicats. C'est parce que nous sommes divisés qu'ils nous méprisent autant, parce qu'on divise pour mieux régner et qu'il faut arrêter cette division de manière à ce que nous fassions peuple sur une revendication qui semble être légitime aux yeux de nombreuses Martiniquaises et de nombreux Martiniquais. Oui, nous devons dialoguer entre nous tous de manière à porter de façon unitaire des revendications sur une question qui, dans l'intérêt, semble être partagée par de nombreuses Martiniquaises et de nombreux Martiniquais. C'est ça, mais si on commence à dire : « Les élus n'ont pas fait ça, celui-là n'a pas fait ci, etc… », ça veut dire que nous sommes divisés et j'ai l'impression que le mépris qui nous est affiché, il s'appuie beaucoup sur notre état de division.
L’un des quatre députés martiniquais appelle aussi à sortir de la spirale de la violence :
On est dans un cycle de violences un peu infernal, insupportable pour de nombreuses familles, des Martiniquais. On a vu des personnes âgées subir des émissions de gaz lacrymogène, etc. Et, d’un autre côté, on voit aussi des débordements avec des exactions qui ne sont pas acceptables puisqu’on est entré aussi dans une forme de violences circulaires où des Martiniquais, des Martiniquaises subissent à travers la destruction de pharmacies, de cabinets médicaux. Non, ça ne peut plus continuer. Je crois qu'il faut sortir de cette violence, il faut relancer le dialogue. Il faut revenir à la table de négociation parce que l'une des parties les plus importantes n'a pas signé et que le mouvement se poursuit, prenant des fois des formes avec une seule réponse de la part du gouvernement français qui est la répression.
« Des individus qui sèment le chaos »
Sollicité ce matin, en marge d’une autre manifestation, Jean-Christophe Bouvier, le préfet, qualifie les dégradations et émeutes d’ « inacceptables. Il estime qu’un petit nombre d’individus « sème le chaos depuis des semaines ».
Quel est le lien entre l'exigence de prise en compte de la vie chère et les 80 à 100 individus qui pillent des bijouteries, qui pillent des stations-service, qui lancent des cocktails Molotov sur les forces de sécurité intérieure et, surtout, qui rançonnent leurs compatriotes chaque fois qu'ils tiennent un barrage ? Je ne vois pas le lien. S'il y en a un, il faut me l'expliquer. Je ne sais pas s'ils profitent ou s'ils répondent à une commande. Je ne sais pas. Les enquêtes judiciaires le démontreront. En tout cas, notre souci, nous, c'est de permettre aux Martiniquais de pouvoir retrouver la sérénité qui doit être la leur pour aller au travail et pour se rendre auprès de leur famille.
Pas de date pour le ministre, Serge Letchimy rencontre Michel Barnier
Sur la question de la venue du Ministre, le représentant de l’État assure François-Noël Buffet « va venir ».
Quand on est ministre des Outre-Mers, est-ce qu'on peut envisager un instant de ne pas venir dans les territoires concernés ? Non. Il le sait, il vient, il va venir. C'est inscrit dans son agenda. Il faut simplement que les conditions soient remplies pour permettre ce déplacement, dans la mesure où ce déplacement doit s'inscrire dans le souci d'apporter à la Martinique et à ses acteurs des solutions et des projets qui dépassent le strict champ de la vie chère. Parce que la Martinique, ce sont aussi des investissements, c'est aussi de la recherche environnementale, c'est aussi la protection, la production d'énergie, c'est tout ça, la Martinique. Il faut l'avoir à l'esprit, et le ministre l'a à l'esprit quand il se déplace dans un territoire.
Pour l’instant donc, aucune date n’a été encore annoncée pour la venue en Martinique du ministre des Outre-Mer.
Mais Serge Letchimy, le président du conseil exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique, annonce, dans un communiqué, une rencontre avec le 1er Ministre, Michel Barnier, ce vendredi matin (25 octobre).