Nouvelle Table Ronde sur la Vie Chère : des réunions techniques prévues la semaine prochaine

Par 27/09/2024 - 21:16 • Mis à jour le 28/09/2024 - 13:55

Après plus de 9h d’échanges hier, les différentes parties avaient, de nouveau rendez-vous, ce vendredi (27 septembre) à 15h, pour finaliser un « document – cadre ». Le compte-rendu de 3h30 de débats, loin d’être simples et pas toujours « apaisés ». Le RPPRAC reste mobilisé, les discussions se poursuivent lundi, mardi et mercredi.

    Nouvelle Table Ronde sur la Vie Chère : des réunions techniques prévues la semaine prochaine

C’est avec une bonne heure de retard que les participants à la Table Ronde sur la Vie Chère ont démarré cette nouvelle réunion.

Après plus de 9h de débats et de discussions hier, il s’agissait, cette fois-ci de lire et finaliser un document d’accord cadre à remettre au gouvernement. 

Serge Lechimy commence par remercier pour la séance d’hier, qui a donné lieu à « des revendications sans attaques personnelles ».

Je regrette une photo ou un montage qui a été fait et qui a porté atteinte à l’intégrité de M. Parfait. On n’accuse personne

Nous avons fait une longue journée de travail hier sans nous arrêter. On est allés très loin sur le plan technique avec des propositions concrètes. J’ai proposé qu’on se retrouve aujourd’hui pour nous donner le temps de rédiger quelque chose 

Photo polémique

Le président du conseil exécutif de la CTM se félicite d’avoir rassuré les élus hier sur l’octroi de mer et passe la parole au préfet, Jean-Christophe Bouvier, qui indique simplement :

L’État se tient à vos côtés »,

Rodrigue Petitot intervient et interpelle le préfet.

C’est délicat pour moi d’être là aujourd’hui car cette nuit on a perdu un jeune à Dillon. Je m’adresse à vous comme ça parce qu’on a vu la détermination des forces de l’ordre à nous contraindre sur des parkings. On les voit encore rôder à Sainte-Thérèse. Ce serait bien qu’on puisse mettre les forces de l’ordre là où il faut pour dissuader la violence, les crimes. Je porte un grand soutien à la famille de ce jeune.

Jean-Christophe Bouvier :

C’est le 19ème homicide, c’est 19 de trop. Il a été commis dans des circonstances qui ne nous permettent pas de mettre un policier derrière chaque maison foyalaise. Concernant les meurtres dont sont victimes les Martiniquais, les criminels sont souvent jugés, celui-ci ne fera pas exception je le souhaite ».

Robert Parfait arrive, assez contrarié.

Je tiens à vous dire que les engagements pris pour cette réunion n’ont pas été tenus. Vous aviez promis qu’on aurait le droit à l’image, ce n’est pas vrai. S’il y a une photo, ici, je quitte la table. Mes photos se sont baladées sur les réseaux … Je n’accepte pas ! Je rappelle que la loi nous donne le droit à l’image. C’est à votre demande que je suis revenu, autrement, je serais pas revenu 

Installation RPPRAC Table Ronde

Aude Goussard, secrétaire du RPPRAC (Rassemblement pour la Protection des Peuples et les Ressources Afro-Caribéennes), tente de désamorcer la situation :

Je trouve regrettable cette situation, je pense que des vérifications seront faites. C’est peut-être un acte malveillant qui visait le RPPRAC puisque, de tradition, nous ne sommes pas censés être à ce genre de réunion.

Elle poursuit :

Je vous regarde droit dans les yeux pour vous dire qu’on s’intéresse à des sujets bien plus importants que de savoir qui dort et qui ne dort pas. Surtout qu’à votre âge avancé, vous y avez droit, j’aurais été très bienveillante. Ceci étant dit, M. Parfait, les accords de 2009 non plus n’ont pas été tenus

Dans la salle, la tension monte d’un coup.

Gladys Rogers veut détendre l’atmosphère expliquant que le président du RPPRAC a tendance à la narcolepsie et qu’ils ne se seraient pas permis de faire ça.

Un document présenté par la CTM

Le « document – cadre » sur lequel l’ensemble des participants doivent s’entendre, intitulé « protocole d’objectifs et de moyens de lutte contre la vie chère », est enfin présenté.

Stéphane Hayot, directeur général de GBH, s’agace à son tour.

Il découvre ce document, il ne veut pas signer un document sans en avoir prit connaissance en amont.

Quatre axes de travail sont définis :

  • agir en faveur de la baisse des prix
  • constitution d’un fond de compensation
  • renforcement de la transparence
  • autonomie alimentaire

Serge Letchimy les détaille et égrène les engagements de chacun.

La collectivité demande l’aide au fret pour les intrants.

La distribution s’interroge sur le chiffre de 6000 produits.

Alexandre Ventadour, conseiller territorial en charge notamment du développement économique et de laTransition écologique, répond. La source est le fichier des douanes.

Pour Bertrand Clerc (Chanflor), il est important que les produits qui bénéficient de ce fret à 0% soient des produits qui ne soient pas concurrents de la production locale.

La mise en avant de la production locale

Aude Goussard lance un défi à la grande distribution sur mes moyens « de mettre en avant la production locale ».

Pour le RPPRAC, pas question que les prix des produits importés baissent à la défaveur de la production locale. Ses représentants le répètent : « c’est aux industriels de trouver le moyen marketing d’inciter les gens à manger local »

Rodrigue Petitot, après avoir salué l’entrée dans la salle de Robert Parfait, prend la parole, mécontent.

Ce n’est pas parce que vous allez faire baisser les prix des produits importés que les produits locaux doivent souffrir parce que ces prix n’auraient jamais dû exister de base

Catherine Rodap, la présidente du MEDEF, à la lecture du document et s’étonne de ne pas voir mention de l’octroi de mer dans celui-ci.

On a besoin de temps pour réfléchir et revenir vers vous

Installation Table Ronde

Patrick Fabre (groupe CréO) s’adresse à Rodrigue Petitot.

Je voudrais comprendre. Moi, je suis un distributeur, je préfère qu’il y ait beaucoup de produits locaux et qu’on les vende localement. Excusez-moi mais quand vous parlez de club de distributeurs, nous sommes des concurrents ! Mon métier, c’est d’aller voir chaque fournisseur pour qu’il me fasse les meilleurs prix ».

Le RPPRAC maintient son cap :

Vous êtes un syndicat de gros distributeur.

Patrick Fabre renchérit :

On est concurrents pas copain. D’autre part, on a besoin de produit locaux et on a besoin que ça marche

La présence de 13 intermédiaires en question

Gwladys Rogers intervient. Elle n’aime pas le document présenté par la CTM. Sur la forme, elle fustige le terme « on s’engage ».

Ça ne veut rien dire à partir du moment où les méthodes ne sont pas décrites noir sur blanc

Crispations dans la salle.

La trésorière du RPPRAC interpelle Johnny Hajjar :

On n’a pas parlé de ses 13 opérateurs qui composent les frais d’approche et on aimerait savoir pourquoi il y en a autant , quels sont leur marge et comment réduire ces frais car je ne pense pas qu’il soit nécessaire qu’il y en ait 13 

Rodrigue Petitot reprend la parole et interpelle directement Patrick Fabre, un peu provocateur :

Ceux qui font les prix criminels se connaissent : ils sont à côté de vous. Je ne peux pas dire les autres sauf M. Fabre, on va dire que vous êtes mon chouchou 

Le député Jean-Philippe Nilor souligne qu’il n’y a pas que la vie chère, les revenus aussi sont insuffisants, il pointe la responsabilité de l’État.

Safo revient sur la question des 13 intermédiaires :

Les 13 intermédiaires correspondent à une convention internationale, ce n’est pas une particularité martiniquaise

L'absence de l'octroi de mer dans le document

Aurélie Nella, maire de Ducos, représente Justin Pamphile, le président de l’association des maires.

Elle se dit préoccupée par la non-apparition de l’octroi de mer dans le document. Selon elle, il faut qu’apparaisse un engagement sur une compensation de l’octroi de mer.

 

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Rodrigue Petitot s’adresse à nouveau à la grande distribution, « sauf à monsieur Fabre » :  

Au niveau de vos comptes il y a quelque chose d’opaque et, entre vous ,vous êtes étanche, j’ai du mal à voir une réelle concurrence entre vous. Ce document ne nous plaît pas. Il y a des mots qui me dérange. Le délai est beaucoup trop long (Ndlr : 36 mois). Et le, « on va tester pendant un temps donné », ça ne me va pas, je préférerais « il y aura un temps d’adaptation »

Il rappelle qu’un désaccord subsiste toujours et balance tous azimuts :  

On est toujours pas d’accord sur les familles de produits. Nous, on parle de la totalité de l’alimentaire importé. On ne va pas en démordre. On a laissé passer le côté alignement avec les prix de la France hexagonale. Par contre, sur le côté opaque de vos opérations, on a bien compris qu’on n’allait pas comprendre comment vous allez faire. Sur les familles de produits vous avez eu 15 ans pour le faire. Et puis, le côté où le gouvernement indique qu’il va trouver 11 millions …on ne lui fait pas confiance

Table ronde CTM

L’ancien député Johnny Hajjar, rapporteur de la commission d’enquête sur le coût de la vie en Outre-Mer, confirme une certaine opacité :

Il est évident que la vocation d’un chef d’entreprise est de faire du bénéfice. Dans la chaîne d’approvisionnement, toutes les tâches sont nécessaires. Par contre, l’organisation de l’entreprise permet d’optimiser le coût de ces tâches. La question de l’intégration favorise la question de la mutualisation des charges. L’accumulation des marges n’est pas transparente. D’autre part, il aurait fallu qu’on puisse vérifier les documents qu’on nous a remis car ils étaient ininterprétables dans la forme remise qu’on nous a remis.

Il rappelle que les comptes doivent être déposés (c’est la loi) mais il faut aussi qu’ils soient lisibles

Stéphane Hayot avale sa salive.

Visiblement, nous avons tous les défauts. Mon voisin (Ndlr : M. Parfait) a la chance de n’avoir aucun de mes défauts puisque apparemment nous avons un empilement de marges. Pourtant, on vend nos produits aux mêmes prix. Le rapport sur le coût de la vie chère n'a pas été voté par président de la chambre parlementaire qui le présidait et s’est abstenu de le voter

Il rappelle que les sociétés de transit sont obligatoires et indispensables. La maîtrise de leur flux permet d’assurer le déroulement de chaque étape

Il soutient, avec force, qu’il est « très compétitif » et n’a aucun intérêt à faire des prix exorbitants, sous peine d’envoyer le consommateur chez le concurrent

Le fonctionnement de la grande distribution et les leçons de 2009

Robert Parfait, comme la veille, veut faire œuvre de pédagogie :

Nous achetons 25% à la production locale (Chanflor, Didier, Royal soda…), les grossistes, les agents de marque ça représente 40% et, là-dedans, il y a de tout (textile, gaz…). Je souhaite que ce point soit pris en compte dans ce qu’on va mettre en place pour que la baisse d’octroi de mer soit répercuté.  

Nous avons une centrale d’achat (Leclerc ) qui est une coopérative. Elle nous livre des produits à des prix concurrentiels. Nous avons un transitaire qui s’occupe de la logistique. Et, ici, nous avons 2 transitaires. Donc, nous avons un « circuit court » et c’est sur ça qu’on se base pour arriver à baisser les prix. Je veux qu’on s’assure que les intermédiaires rentrent dans la chaîne de la question de la baisse des prix

Pour lui, 2009 « n’a pas forcément été un échec. Il s’en explique.

À la base, c’était une demande des syndicats et cette demande à abouti avec la mise en place du Bouclier Prix et surtout une prime de vie chère de 200 euros. L’inconvénient, c’est que ce système ne touchait que les salariés. Aujourd’hui, le nombre de salariés a baissé au profit des retraités

Table ronde CTM

S’adressant à Rodrigue Petitot :

je vous rejoins, c’est un peu injuste car les retraités et les sans travail ne bénéficiaient pas de cette prime.

Il estime que le Bouclier Prix n’a pas fonctionné car il y avait trop d’objectifs.

 

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Il marque la différence entre les produits de première nécessité (Ndlr : l'alimentaire) et les besoins qu’on s’est créé (Ndlr : téléphone haut de gamme par exemple).

Il souhaite une autre réunion parce que « la problématique est complexe »

Si j’ai changé d’enseigne pour passer de U à Leclerc, c’est parce que la problématique de la vie chère nous en sommes conscients. Nous avançons dans la bonne direction.

Toujours à l’intention de Rodrigue Petitot :

Je pense que votre initiative et votre aide vont nous aider

« Ce n'est qu'un document de travail » (Letchimy)

Il ajoute toutefois qu’il ne croit pas à l’autonomie alimentaire. Il prend l’exemple du riz.

Serge Lechimy veut recentrer les débats : « c’est un document de travail », insiste-t-il.

François Huygues-Despointes, président du groupe Safo, est en colère. Il insiste : il a donné les comptes à Johnny Hajjar et veut que tout le monde le sache.

Installation Table Ronde

Béatrice Bellay parle de contrôle des marges arrières et du cadre législatif qui les entoure. Pour la nouvelle députée élue en juillet, il faut rajouter ça dans les objectifs.

Les échanges se tendent au fil de la soirée, notamment entre Aude Goussard et Stéphane Hayot. Elle dénonce :   

Vous envoyez des lettres au président de la commission d’enquête mais, vu que ce n’est pas public, ça laisse libre d’interprétation.

Gladys Rogers, assez virulente, laisse planer une menace en évoquant les syndicalistes de la CGTM; dans les magasins de GBH.

Table Ronde RPPRAC

Elle traite les acteurs de la grande distribution de « malhonnête », dénonce leur « manque d’intelligence » dans leur manière de faire.

Vu que M. Hayot est chez lui dans les ministères il n’a qu’à faire changer les choses ! Plus d’excuses, plus d’explications, des solutions et des solutions durables !

Le RPPRAC s’insurge contre la « connerie européenne » de devoir faire tout passer par Paris pour l’homologation.

Nouvelles réunions programmées la semaine prochaine

Serge Letchimy veut ramener tout le monde à la raison :

On prend le texte et on va partir chez nous étudier pour une nouvelle réunion. C’est un document de travail mais qui n’engage pas juridiquement 

Rodrigue Petitot :

On est d’accord mais on reste mobilisés en attendant, pour que la ferveur ne redescende pas. Si on est sûrs de ne pas être délogés par les CRS

Le préfet intervient et rappelle qu’il ne « peut pas déroger à certaines nécessités judiciaires ».

Aurélie Nella, qui représente les maires, qui constate la vie chère en signant des bons alimentaires pour des agents municipaux n’arrivant pas à joindre les deux bouts, a l’impression que les efforts sont timorés.

Indépendamment de toutes les problématiques que vous pouvez rencontrer, personne ne me fera croire que la grande distribution est en souffrance. Je n’ai jamais pensé que la population se serait soulevée sous cette forme et aussi longtemps. Aujourd’hui, je pense qu’il faut vraiment donner le signal. Le peuple nous regarde

Serge Letchimy insiste sur le fait qu’il reste encore des détails à régler la semaine prochaine.

Il faut parler du port, il faut travailler avec CMA-CGM sur les marges (arrière avant)

Il a évoqué la gravité de la situation avec le 1er Ministre.


Fin de la séance à 19h36.

De nouvelles réunions techniques vont se tenir lundi, mardi et mercredi. 

 

Les réactions à cette Table Ronde, à retrouver ce samedi en Radio. 

 


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