Passage à tabac d'un Guadeloupéen : le motif racial écarté par le parquet, du sursis requis
Quatre individus devaient répondre de leur participation présumée au lynchage de deux hommes noirs, dont un Guadeloupéen, Hans, en marge d'une fête de village en juillet 2022. Un déchaînement de violence motivé principalement par une rumeur totalement infondée.
"Chasse au noir", des mots forts prononcés par Nelson. Seul témoin présent lors de ce procès, il est l'un des rares à avoir défendu Hans ce soir-là. Mais malgré son récit et l'énergie déployée par l'avocat des parties civiles, Maître Koné, cet élément racial n'a pas été soutenu par la procureur et semble être mis en doute par la juge.
Lors de l'audience, ce mercredi 4 septembre 2024, ces deux dernières ont davantage insisté sur cette psychose avérée, qualifiée de délire total ce soir du 25 juillet 2022. La rumeur d'usage de seringues de stupéfiants, a provoqué le déchaînement de violences.
Une déception pour l'avocat de Hans :
Je vous mentirais si je vous disais que je ne suis pas déçu. Parce qu'il y a quand même un espoir de voir notre justice rattraper les erreurs qui ont été commises par le ministère public dans toute la phase de l'enquête. J'ai eu l'impression que mon client se retrouvait encoure une fois seul contre tous. Au tribunal, on voit le ministère public qui s'est battu quasiment aux côtés pour écarter le caractère racial. Ce qui est certain, c'est que si l'affaire ne va pas dans notre sens, on en restera pas là. On lutte contre le racisme et les discriminations raciales
Faux gendarme et vrai élu
Parmi les prévenus, Kevin E, faux gendarme, vrai mythomane, 23 ans, était venu à la soirée équipé d'un gilet de défense et d'une gazeuse lacrymogène. Enquêteur autoproclamé, il avait pointé comme coupable Hans et son ami, pourtant arrivé après les premiers malaises.
Il y a aussi l'élu du village, Ludovic B, 48 ans, acteur principal du passage à tabac, loin de calmer l'agitation comme sa fonction l'aurait nécessité. À ses côtés, un jeune du coin, Yannis A, 22 ans, mobilisé en renfort et filmé en train de frapper les victimes. Enfin, le quatrième individu convoqué pourrait être relaxé par l'absence du témoin qui le mettait en cause.
Dans des versions contradictoires, les trois agresseurs ont tenté de retourner l'histoire dans leur sens, se faisant même passer pour des héros ayant agi par crainte "d'un acte terroriste".
La procureur a requis des peines avec sursis pour Kevin E. Et l'adjoint au maire Ludovic B. Et du travail d'intérêt général pour Yannis A. La décision a été mise en délibérée au 13 novembre prochain.
Hans a déploré leurs mensonges. Aucune excuse ne pourra soulager cette blessure, a tranché le Guadeloupéen.
J'espère juste qu'ils auront une sanction au regard des actes qu'ils ont commis envers moi et mon ami. Surtout pour qu'ils n'aient pas l'idée de reproduire ça plus tard. J'ai des petits neveux, plus jeunes que moi et j'ai peur qu'on m'appelle pour me dire qu'ils se sont fait lyncher ou tabasser