Vie chère en Martinique : « aucune solution viable n’est mise sur la table »
Invité de la rédaction ce mardi 11 juin, Christophe Bermont, le représentant du syndicat de la Grande Distribution, estime que, malgré les réunions et les propositions, le coût de la vie n’a pas évolué à la baisse dans l’île.
Le coût des denrées alimentaires reste 40% plus élevé en Martinique que dans l’Hexagone. En décembre dernier, l’ensemble des acteurs économiques s’étaient retrouvés en Préfecture pour tenter de renverser cette tendance persistante que confirme l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Études Économiques).
Six mois plus tard, où en est le combat contre la vie chère ? Les prix à la consommation continuent d’augmenter : +1,3% au cours des trois premiers mois de 2024, par rapport au dernier trimestre de l’année dernière, selon l’IEDOM (Institut d’Émission des Départements d’Outre-Mer).
Pour Christophe Bermont, le représentant du syndicat de la Grande Distribution et invité de la rédaction ce mardi 11 juin, c’est un constat d’échec.
Aucune solution viable n’est mise sur la table, donc sans solution, sans proposition viable, les choses ne changeront pas. Je m’aperçois que, si je prends la plus grosse crise que nous ayons connue, en 2009, depuis 15 ans, quand je fais le bilan, je ne crois pas qu’on ait évolué ou attaqué le problème par le bon bout. On a pu stigmatiser certaines composantes de la chaîne d’acheminement et de distribution des produits. Nous, distributeurs, sommes régulièrement mis en avant, par méconnaissance des mécanismes de la cherté de la vie. Et, malheureusement, à stigmatiser tel ou tel acteur, on n’a pas fait avancer la cause de la cherté de la vie
La question de l'Octroi de Mer
En décembre dernier, plusieurs pistes avaient été mises sur la table à l’époque pour tenter de soulager la pression sur les ménages martiniquais. Il avait notamment été beaucoup question de la réforme de l’Octroi de Mer.
Aujourd'hui, nous avons un dispositif qui contribue à la fois au financement des collectivités locales, mais également qui a pour objectif de protéger la production locale. Nous sommes là face à une situation un peu antinomique, c'est-à-dire que vous avez des recettes qui proviennent de l'importation, donc plus il y a d'importation, plus il y a de recettes pour nos collectivités locales. Et, en même temps plus vous importez, moins vous êtes dans un dispositif qui favoriserait en fait la protection de la production locale. Donc il y a une nécessité pour moi de dissocier ces deux objectifs. En les dissociant, je n'entends pas évoquer le fait de réduire les recettes des collectivités locales, pas du tout, mais j’entends trouver une solution pour que ces recettes persistent. Pour cela, il faut probablement un élargissement de la base de taxation pour qu'on ait le même montant de recettes, mais probablement réduire, enlever une taxation sur les produits notamment de première nécessité pour favoriser la baisse des prix
À ECOUTER Christophe Bermont, représentant du syndicat de la Grande Distribution