Crise de l'eau : les entreprises vont devoir s'adapter
Le monde de l'industrie va devoir contribuer à la réduction de la consommation d'eau en Martinique. Une mesure qui fait ses représentants craindre pour l'emploi.
Travailler avec moins d’eau, c'est l'effort qui est demandé aux industriels désormais. Depuis hier soir, la Martinique a été placée en crise sécheresse pour la première fois de son histoire.
Parmi les mesures, le préfet impose aux entreprises consommant plus de 1000 m3 par an de réduire de 25% leur consommation d’eau.
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Le secteur alimentaire, le secteur de l’énergie et la chimie, les grands utilisateurs doivent appliquer le dispositif temporaire de restriction sur une durée limitée, mais contraignante pour leur fonctionnement.
A la distillerie la Mauny de Rivière Pilote, l’eau est pompée dans la Rivière à proximité, pour la fabrication de la vapeur, en revanche, pour ramener le rhum au degré de consommation, il faut de l’eau courante filtrée
Henry Vicrobeck, directeur de production pour les rhums Mauny et Trois-Rivières explique comment la distillerie fait face à cette situation :
Nous avions déjà anticipé. Nous avons mis en place des systèmes de recyclage d'eau. L'eau qui a été utilisée en chaudière et en distillation est refroidie puis on la réutilise. Maintenant, il faut suivre les consignes de la préfecture et réussir à diminuer. Par contre, nous allons peut être devoir reporter la réduction du rhum mais ça dépend du marché. Nous sommes en période de récolte. Donc quand la canne arrive, il faut absolument la transformer. Ce qui peut nous arriver, c'est qu'on peut avoir des arrêts de production parce que le niveau d'eau dans la rivière a diminué
Globalement, il y une prise de conscience des industriels, néanmoins ils s’attendent à des jours difficiles. Charles Larcher, président de l’AMPI Martinique, comprend la nécessaire solidarité :
Les entreprises industrielles ont fait déjà de gros efforts pour diminuer leur consommation d'eau. Quels que soient les secteurs, chacun a trouvé des solutions. Certains acteurs vont directement utiliser de l'eau, du puits de forage, par exemple, au lieu d'utiliser de l'eau courante issue des réseaux. D'autres vont trouver des solutions de désalinisation d'eau de mer. D'autres encore vont réduire leurs besoins en eau grâce à des investissements importants pour diviser par deux, parfois, leur consommation en eau. C'est le cas des distilleries de la la Martinique. On a vraiment une dynamique de l'ensemble des acteurs de l'industrie pour diminuer le besoin en eau des acteurs industriels. Aujourd'hui, avoir cet arrêté préfectoral, par solidarité, nous comprenons bien qu'il faut que les activités industrielles de la Martinique diminuent leur usage de l'eau
Il affiche néanmoins ses craintes pour l'emploi :
On a un vrai problème de compétitivité de nos entreprises. Cet arrêté va être sur une période courte. Nous, on espère surtout que les pluies vont revenir pour qu'on retrouve une alimentation en eau normale, parce que là, sinon, si on pénalise effectivement complètement l'industrie martiniquaise sur le mois de juin, on pénalise l'emploi à Martiniquais. Il ne faut pas oublier que beaucoup d'industries sont sur des produits de premières nécessités. Donc, si on se retrouve effectivement à manquer de produits de premières nécessités, c'est une situation qui serait préjudiciable pour la population martiniquaise.
À noter que la préfecture a indiqué que les entreprises mises en difficulté par ces mesures temporaires pourraient avoir recours au chômage partiel.