Rencontre scientifique sur les moustiques
L'ANSES organisait une rencontre thématique sur le sujet des moustiques vecteurs. Une journée scientifique pour faire des constats et évoquer les possibilités d'action alors que l'Hexagone est de plus en plus touché.
En début de semaine, le directeur général de la Santé alertait sur le nombre record de cas importés de dengue dans l'Hexagone depuis le début de l'année. Si, en 2023, 130 cas avaient été comptabilisés, ils sont déjà plus de 1700 depuis le début de l'année.
L'urgence est donc aujourd'hui "au plus près" sur le sol hexagonal, alors qu'elle n'est pas nouvelle dans plusieurs territoires comme aux Antilles ou à La Réunion. « Cela ne date pas d'aujourd'hui! En Outre-mer,il y a fort longtemps que notre compatriotes se bagarrent avec ces vecteurs mais pour l'Hexagone, le sujet est devenu plus pertinent plus récemment », a expliqué Benoit Valet, directeur général de l'ANSES.
Il y a un peu plus de dix ans, quand j'ai pris mes fonctions de Directeur de la santé, il nous apparaissait déjà que la conquête de la majorité des régions par le moustique tigre allait deviendrait une réalité dans les années à venir, on voyait chaque année monter la carte des zones rouges. Mais la progression pour atteindre le nord de la France et le temps que cela prendrait nous était inconnu. Aujourd'hui le doute n'est plus de mise, la carte est toute rouge
Le risque d'endémisation des maladies transmises par les moustiques vecteurs, comme la dengue, le chikungunya, le zika est désormais réel dans l'Hexagone, ce qui pousse les autorités à s'interroger sur la gestion de ces risques et la réponse à donner à ces nouveaux enjeux.
Nécessité d'une surveillance intégrée
Au cours de cette journée thématique, les différents intervenants ont notamment évoqué la nécessité d'une surveillance intégrée, systématique et collaborative à plus grande échelle, insisté sur la mise en place d'une plus grande prévention auprès des populations hexagonales qui vont devoir adopter les gestes déjà bien connus en Outre-mer. Ils ont aussi présenté des outils de simulation et de détection des arbovirus, partagé des retours d'expériences.
Les relations entre milieu urbain et maladies vectorielles a également été abordées, avec la question de la végétalisation des villes -de plus en plus fréquente qui pourrait favoriser les contaminations en raison de la densité de population, des espaces propices au développement des moustiques plus nombreux...
Mais cela pourrait aussi être partie de la solution selon Frédéric Simard, directeur de recherches à l'IRD.
En fonction de comment on construit ces espaces verts urbains, de la connexion entre ces espaces et l'extérieur de la ville aussi pour favoriser l'introduction, éventuellement en même temps que des vecteurs, des compétiteurs et des prédateurs pour réduire ce risque. Donc c'est aussi une solution fondée sur la nature pour limiter ce risque vectoriel
Au-delà des virus de la dengue, du chikungunya et du zika, deux autres transmis par des moustiques sont émergents dans l'Hexagone : le West Nile et l'Usutu. Ils constituent aussi désormais, selon les autorités sanitaires, une menace en santé publique humaine et vétérinaire.