À Paris, la banane veut négocier des aides pour préparer l'avenir
Alors que le Salon de l'Agriculture se tient cette semaine à la Porte de Versailles, l'UGPBAN espère profiter de son séjour parisien pour porter ses revendications dans les ministères. Dans l'attente d'un accompagnement sur quelques années, le groupement n'exclut pas une mobilisation dans les territoires s'il n'obtient pas gain de cause.
Avec les tensions agricoles actuelles, chaque filière espère faire avancer ses pions cette semaine, à Paris, en marge du Salon international de l'agriculture. En-dehors des allées enjouées du parc de la Porte de Versailles, ce sont de gros dossiers qui se négocient dans les différents ministères, notamment pour les Outre-Mer. Ce lundi, l'UGPBAN organisait sa traditionnelle conférence de presse sur le SIA, pour rappeler que le groupement espère obtenir des aides de la part du gouvernement, comme l'a expliqué Pierre Monteux, directeur général de l'UGPBAN.
Les perspectives existent mais on a trois ou quatre années à franchir et il faut nous accompagner durant cette période de transition. Cela arrive dans les secteurs économiques, qui évoluent, et il faut accompagner cette mutation.
Concrètement, la filière se veut optimiste sur un assouplissement des règles européennes concernant plusieurs dossiers. L'utilisation de drones pour les traitements phytosanitaires, mais aussi et surtout les NGT, les modifications génétiques, qui permettraient d'avoir des bananes résistantes à la cercosporiose noire, qui impacte durement les plantations antillaises. Mais d'ici l'adoption par Bruxelles, l'UGPBAN et Pierre Monteux voudraient obtenir un appui financier de l'exécutif national.
La perspective est importante, s'il n'y avait pas cette perspective, ce serait très obéré, mais on l'a. Ce serait rageant, aussi proche du but, de ne pas y arriver. On a besoin de ce soutien, car les exploitations sont en grandes difficultés financières, le gouvernement l'a bien compris et j'ai espoir qu'il appuie au niveau européen les dossiers des NGT et les dossiers des drones, qui seront déterminants pour l'avenir de notre filière.
Chaud froid
Les producteurs de banane des Antilles se veulent optimistes concernant leurs derniers échanges avec les ministères sur ces différents dossiers, malgré des désaccords initiaux sur ces sujets, selon Nicolas Marraud Des Grottes, président de l'UGPBAN.
Les débuts ont été compliqués, mais on a un dossier solide avec des éléments qui viennent des résultats comptables des différentes entreprises qu'on a, qui sont gérés par un cabinet sérieux, donc obligatoirement, l'administration a vu que ce qu'on disait c'était la réalité. On est une filière extrêmement importante sur les Antilles, donc il faut nous aider.
Pourtant, au début du mois de février, lors du colloque "Les Outre-Mer aux Avant-Postes" organisé par l'hebdomadaire Le Point, le ministre de l'Intérieur et des Outre-Mer, Gérald Darmanin, avait eu des mots durs pour les filières canne et banane des Antilles, évoquant des monopoles "insupportables" et son intention de "casser" ces situations. Une interprétation que ne comprend pas Nicolas Marraud Des Grottes.
Honnêtement, je ne comprends pas ce qu'il dit, la filière banane c'est 500 producteurs, il n'y a pas de monopole, je ne comprends pas très bien. On n'a pas eu ces questions là avec les autres ministères (Agriculture et Outre-Mer, NDLR), on a eu des débuts de réponse, donc ça avance.
De son côté, le directeur général de l'UGPBAN, Pierre Monteux assure que cette déclaration choc de M. Darmanin ne reflète pas la nature des relations qu'entretient le groupement avec les ministères.
Qu'est ce qui est plus démocratique et plus ouvert que ces secteurs démocratiques ? On est l'antithèse d'un monopole ou d'un oligopole. Parfois nos politiques réagissent à chaud sur certains dossiers et font quelques amalgames, plus par méconnaissance que par volonté de dénoncer quelque chose.
Entre le chaud et le froid, difficile de se faire une idée précise sur la nature des relations entre le groupement et le gouvernement. On saura dans les semaines à venir si le dossier banane va pouvoir bénéficier de cet accompagnement tant attendu, mais en cas de non réponse, l'UGPBAN n'exclut par une mobilisation, comme l'a clairement annoncé Pierre Monteux lors de la conférence de presse.
On n'a pas lancé un ultimatum à notre gouvernement. On est conscient que la situation est complexe pour l'ensemble de l'agriculture, mais si d'ici plusieurs semaines nous n'avons pas de réponse, c'est clair que l'on se fera entendre sur nos territoires.