L'AFD et les Outre-mer : une nouvelle approche pour « changer le regard et être plus pertinent »
Dans le cadre de son rapport d'information sur la coopération et l'intégration régionales des Outre-mer, la délégation sénatoriale aux Outre-mer a auditionné le directeur du département des Trois Océans de l'Agence Française de Développement.
Devant les sénateurs, Charles Trottmann a d'emblée indiqué que l'intégration régionale était un "enjeu central" du mandat de l'AFD dans les Outre-mer.
Depuis 2019, l'Agence, qui est le seul opérateur de l'Etat dans tous les Outre-mer et les états étrangers voisins, a vu un déploiement stratégique de son "maillage singulier" avec une nouvelle organisation : celle de la mise en place d'un département Trois Océans, pour changer le regard sur la manière de mener ses actions dans les territoires ultramarins.
"Les Outre-mer étaient traités un peu en silo par rapport aux autres zones du monde dans lesquels on travaillait, a expliqué Charles Trottmann, et évidemment ça induisait un biais, où quelque part on considérait l'Outre-mer seulement en soi ou dans son rapport à l'Hexagone, mais pas avec sa spécificité et avec les trajectoires de développement qui sont propres à chacun de leurs territoires, avec leurs propres géographies et caractéristiques".
Changer de « focale »
Avec cette nouvelle organisation, l'AFD affirme avoir voulu changer de "focale" avec "une approche par bassin". "En ayant toujours en tête de changer le regard pour être plus pertinent", a ajouté le directeur du département Trois Océans.
Cette approche, qui "veut dire qu'on ne considère pas seulement les Outre-mer dans leurs rapports de rattrapage, même si c'est un enjeu essentiel" selon Charles Trottmann, s'illustre aussi par les relations entretenues par les territoires ultramarins dans leurs environnements régionaux.
Dans les états étrangers, on les considère vraiment comme des voisins, on ne se dit pas seulement qu'on agit à Madagascar ou Haïti parce que ça fait partie des pays les plus pauvres, mais aussi parce que ce sont des territoires proches de territoires français avec lesquels on a des vrais enjeux de voisinage...des enjeux qui peuvent être de la sécurité sanitaire, de l'immigration, du commerce, des infrastructures partagées
La création de ce nouveau département aurait aussi permis d'avoir "une maille d'action plus forte à l'échelle de chaque bassin, avec des projets qui se mettent en œuvre entre les territoires et qui les relient".
Et en ce qui concerne la consommation des crédits, point soulevé par une sénatrice de la délégation, Charles Trottmann a assuré qu'il n'y avait "aucune difficulté" à mobiliser les moyens budgétaires. "Bien au contraire, la demande est très forte", a-t-il conclu.