Olivier Dubois, ex-otage au Mali : « La Martinique était une fenêtre d'évasion »
Interview. Hier (mercredi 6 septembre), Olivier Dubois a été honoré au François. Le journaliste d'origine martiniquaise est de retour sur la terre de ses parents. Il s'est confié à Cédric Catan. Il est l'invité de la rédaction.
Entouré de ses proches, son père notamment, des membres de son comité de soutien local et national mais aussi de parlementaires martiniquais et du maire du François, Olivier Dubois était au centre de toutes les attentions ce mercredi.
À l'Appaloosa, il a reçu la médaille de la ville. Le journaliste, ex-otage au Mali, a aussi reçu des marques d'admiration pour son courage. Des discours qui laissaient transpiré une forte émotion.
Plus tard dans la journée, l'homme de 49 ans, jovial et attentionné malgré ses 711 jours de captivité aux mains de terroristes, a décroché la banderole installée au fronton de la mairie du François. Celle où figurait son visage et ce message : "Free Olivier Dubois".
Avant cet autre temps fort de la journée, Olivier Dubois, toujours patient et attentif aux autres, a accordé un entretien à Cédric Catan.
Interview :
Cédric Catan : Un premier mot sur ces premiers pas en Martinique. Ça vous a fait quoi de revenir en Martinique ?
Olivier Dubois : Il y avait une fois où j'avais cinq ans. Les souvenirs sont des bribes, il n'y a pas grand chose. Et puis, il y a aujourd'hui, où j'ai 49 ans et là, j'apprécie tout ce que je vois. Il faut savoir que quand j'étais là-bas, on pense à des choses agréables, on pense à des choses de sa vie. La Martinique en faisait partie et je la visualisais un petit peu en imaginaire.
C.C. : Vous aviez toujours la Martinique quand même dans un coin de votre tête ?
O.D. : La Martinique, c'était une fenêtre d'évasion. Quand on est en captivité, on pense à des choses qui vous font plaisir, on pense à des choses de sa vie. La Martinique en faisait partie, mais j'avais un imaginaire autour de la Martinique parce que je ne l'avais pas encore revue. Et c'est concret là maintenant, depuis que je suis revenu. C'est concret avec ma famille, c'est concret avec cette magnifique île aux fleurs que je découvre depuis maintenant trois jours
Je ne dors quasiment pas
C.C. : Durant tout ce temps passé en captivité, comment on tient ? À quoi on se raccroche ?
O.D. : On se raccroche parce qu'on a des enfants. On se raccroche parce que c'est une injustice. Moi, je l'ai vécu comme une injustice. Et une injustice, elle vous met en révolution. C'est ça, elle vous fait vous lever. Donc on se raccroche à ce qu'on est d'abord, à ce qu'on aime et enfin à ce qu'on veut, c'est-à-dire la liberté. Il faut aller la chercher à tout prix
C.C. : Quand vous avez réalisé que finalement, vous étiez captif, vous étiez otage, comment vous avez réagi ?
O.D. : J'ai réalisé ça le premier jour, quand j'ai été kidnappé, qu'on m'a placé dans une voiture et qu'on m'a mis un bâillon sur les yeux. Mais je pensais que c'était une erreur. J'avais calé mon sujet. Vous êtes journaliste, vous savez ce que ça veut dire. J'avais un fixeur et je pensais que tout allait bien. Et il m'a fallu six, sept jours pour vraiment comprendre que ça allait être une séquence longue et qu'il fallait que je m'y habitue et que je m'en sorte autrement
C.C. : On ne revient pas indemne d'une captivité. On se reconstruit. Ça prend du temps. Où vous en êtes ?
O.D. : Je suis en pleine reconstruction. Je suis suivi. Moi, je suis quelqu'un qui dort très peu. Depuis que j'ai été libéré, je ne dors quasiment pas. Ça laisse des traces.
C.C. : Vous vous réveillez encore la nuit ?
O.D. : Oui, bien sûr, ça laisse des traces. Maintenant, le travail, c'est de faire en sorte que ça reste des souvenirs. Je ne pourrai jamais oublier ce qui s'est passé, que ça reste des souvenirs et pas des blessures.
Visionnez la version intégrale de l'entretien accordé par Olivier Dubois à Cédric Catan. Ce jeudi matin, il est l'invité de la rédaction à 7 h 30 :