Immigration : défis et opportunités pour la Martinique
Ce samedi (25 février), une conférence à l’initiative de Péyi-a a réuni 7 intervenants pour aborder et mieux comprendre la réalité de l’immigration sur le territoire martiniquais et les problématiques qui y sont liées.
L’immigration en Martinique vient principalement d’Haïti, de Sainte-Lucie et d’autres îles des Caraïbes. Ce samedi, un géographe du CNRS, un avocat ou encore des membres d’associations ont débattu au Jardin de Tivoli à Fort-de-France avec la cinquantaine de personnes présentes sur la question de l’immigration dans notre territoire.
Selon Cédric Audebert, géographe et chercheur au CNRS, il faut d’abord comprendre les deux principales problématiques de l'immigration sur notre île :
Quand vous avez des difficultés à avoir un accès à des papiers, et bien vous avez énormément de difficultés à vous positionner sur le marché du travail. Donc problématiques économiques, problématiques juridiques, accès à un statut légal. Et puis il y a la question du logement. Lorsque vous n'avez pas accès à un statut légal, vos possibilités d'accès à un logement décent se réduisent et donc vous êtes amenés à entrer dans des filières d'accès à des logements qui renforcent votre vulnérabilité.
Moins de 10% viennent de l’Hexagone
Autre sujet évoqué, le flux migratoire des métropolitains qui viennent s'installer en Martinique. Une partie de cette population a un ancrage local, rappelle Cédric Audebert.
Ils représentent l'équivalent de moins de 10 % de la population en Martinique aujourd'hui. Mais sur ces 10 %, vous en avez la moitié qui en réalité sont des originaires des Antilles, c'est-à-dire des gens qui sont nés en France hexagonale, mais d'un ou deux parents antillais.
Le géographe rappelle en complément que les Martiniquais ont eux aussi été à l'origine de mouvements de populations : « Par exemple, après 1902, on a eu une vague de migrants martiniquais vers la Guyane. On a eu des immigrants martiniquais au Panama pour la construction du canal de Panama. On a eu des Martiniquais en Colombie, à Curaçao, on en a eu en République dominicaine et puis on en a eu en Haïti ». Et de poursuivre : « C'est à dire qu’à une époque où la Martinique était dans une situation de misère plus importante qu'en Haïti, il était préférable de vivre en Haïti plutôt qu'en Martinique. Et donc on a eu toutes ces migrations de Martiniquais vers Haïti ».
L’immigration une opportunité
Le géographe met également en avant que l'immigration est aujourd'hui une opportunité, car il y a un certain nombre de secteurs d’activités qui ont été délaissés par les Martiniquais.
Notamment dans l'agriculture ou les services, mais c'est également une opportunité d'un point de vue démographique. Les immigrants, ce sont de jeunes adultes. Plus de 60 % de ces immigrants ont entre 20 et 50 ans. Donc cette immigration, d'où qu'elle vient, constitue une opportunité à la fois économique et démographique.
L’immigration en Martinique aujourd'hui, c'est entre 9500 et 12 000 immigrants. En intégrant l'immigration considérée comme clandestine, l'immigration représente finalement 2,5 % de la population martiniquaise.
Déconstruire les clichés
Parmi les associations présentes ce samedi, l’on retrouvait Culture et égalité. Murielle Ameller, cofondatrice de Culture et égalité a attiré l’attention sur les mythes véhiculés autour des immigrées en opposition à la réalité que vivent les femmes notamment.