Etat d'urgence sur les prix : la situation ne fait que s'aggraver
Le sénateur Dominique Théophile attire l'attention de Mme Yaël Braun-Pivet, nouvelle ministre de l'Outre-mer, sur la hausse des prix aux Antilles.
En Martinique aussi, l’Assemblée réunie le 13 Avril 2022 a officiellement déclaré l’état d’urgence, l’objectif étant d’arriver à la diminution des prix des produits de première nécessité et de consommation.
Inflation du panier de la "ménagère"
Car les prix des produits de grande consommation continuent bien de s’envoler. Le sénateur guadeloupéen Dominique Théophile cite 2 rapports publiés en mai 2022, dans lesquels l'INSEE relève que la hausse des prix à la consommation en Guadeloupe et en Martinique a été respectivement de 3,8 % et de 4,3 % entre avril 2021 et avril 2022.
L'institut relève par ailleurs une forte accélération de cette hausse au premier semestre, dans l'ensemble des secteurs. Les prix de l'alimentation ont par exemple augmenté de 1,6 % en Guadeloupe et de 2,3 % en Martinique, entre février et avril 2022.
Pour autant, précise encore le sénateur Dominique Théophile, "l’État peut négocier dans nos 2 régions un accord de modération du prix global d'une liste limitative des produits de consommation courante".
Il souhaite donc que "des mesures soient prises rapidement afin de préserver le pouvoir d'achat des ménages", car, en effet, difficile pour les consommateurs de ne pas dépasser leur budget.
Mariline est mère de famille de 2 enfants. Dès qu’elle se rend en hypermarché, elle a les yeux rivés sur son ticket de caisse car les prix ont augmenté. Pour y faire face, elle a carrément supprimé certains plaisirs comme les vacances ou les restaurants.
La hausse se ressent bien sur le porte-monnaies. On essaie de consommer local et sain en n'achetant que ce dont on a besoin, et comme je vis à la campagne, on s'entraide avec les voisins. Mais pour se faire des petits plaisirs, on est obligé de prévoir parfois de longs mois à l'avance. Il faut tout anticiper pour ne pas se laisser battre par les prix.
Si comme Mariline, certains consommateurs font la chasse au promo ou optent pour des courses anti-gaspillage, conservant et transformant le maximum de leurs restes, la situation est beaucoup plus compliqué pour les étudiants.
Les populations les plus précaires exsangues
Les boursiers bénéficient de l’épicerie solidaires, mais pour les autres, tenir un mois avec un budget fixe est devenu impossible. Certains sont obligés de privilégier les pâtes ou le riz, plus facile à conserver sur la durée. Consommer des fruits et des légumes est devenu un luxe.
Alexie Couffe est étudiante non boursière sur le campus de Schoelcher. Chaque mois, elle se fixe un budget de 150 euros pour les courses, mais avec l’inflation, difficile de s’y tenir.
Je fais mes courses dans des magasins discount. Mais si je me fais plaisir et que je prends de la viande, des fruits ou des desserts, la note peut facilement s'élever à 200 ou 300 euros, et ça ne va même pas forcément durer tout le mois. Je ne peux donc pas me le permettre souvent, car j'ai un loyer à payer également.
Si la différence entre produits de marque et low cost est significative, le panier moyen reste en effet élevé. Pour Yvon Joseph-Henri, président de l’association des consommateurs et citoyens de la Caraïbe, les acteurs politiques et de la grande distribution doivent faire un effort sur les marges.
Nous demandons à pouvoir y voir clair sur les marges des uns et des autres : transporteurs, port, transitaires, grandes surfaces ... Ce n'est pas une intrusion, mais à un moment, c'est soit ça, soit on bloque les prix. Nous allons d'ailleurs bientôt proposer une plateforme sur laquelle les gens pourront signaler les prix abusifs, et il va bien falloir qu'on s'entende, parce qu'on ne peut pas revenir à la situation de 2009 sous peine de tuer le pays.
Selon la banque de France, l'augmentation devrait durer encore quelques temps, avant de redescendre d’ici 2024.