Zéro déchets en 2035: le projet voté à l'unanimité
Le projet de plan de gestion des déchets a été voté à l’unanimité au sein du Conseil consultatif et de suivi. C’était jeudi soir à l’Hôtel de Région à Basse-Terre. 37 votants se sont ainsi exprimés. Parmi eux, les représentants des communautés d’agglomérations, le Syvade, l'Office de l'Eau, le grand Port Maritime entre autres acteurs…
Ce plan de gestion des déchets est le fruit d'un an de concertations entre la Région, les EPCI, les experts de l'ADEME, les éco-organismes et l'Etat. Le constat est alarmant car selon l'état des lieux en 2016, seulement 15% de la population de la Guadeloupe est couverte par un plan local de prévention des déchets. Deux recycleries sont en fonctionnement. Sur 1 400 000 tonnes de déchets du BTP, seulement 4% sont captés par des filières. La Gabarre, aux Abymes, où se dirige la majorité de nos déchets est déjà à 132% de sa capacité (données 2016) avec 105 000 tonnes de déchets reçus par an. La Guadeloupe produit plus de 31 000 tonnes de déchets dangereux (hors terres polluées et sédiments de dragage et amiante) dont 43% sont captés par des filières adéquates. Actuellement, seul 1/3 des déchets sont valorisés en Guadeloupe. Mais la taxe européenne sur les enfouissements va bientôt exploser en passant de 24 euros la tonne enfouie à 65 euros faisant augmenter, selon Sylvie Gustave Dit Duflo, vice-présidente de la Région, les dépenses des collectivités de 7 à 8 millions d'euros sur les déchets enfouis d'ici quelques années. Ce plan de gestion des déchets de la région prévoyait dans sa version présentée jeudi soir, trois CSR, centres de tri et de valorisation de combustible solide de récupération à partir de déchets résiduels. Situés en Basse-Terre, en zone centre et en Nord-Grande-Terre.
CSR, trois lettres de discorde
Très vite, quelques voix discordantes s'élèvent de Cap excellence notamment par son président, Eric Jalton. "Nous ne pouvons nous satisfaire totalement du résultat final. Ce projet de plan n'est pas à la hauteur du service rendu depuis plus de 40 ans par la Gabarre", dit-il lors de son intervention. Par ailleurs, Eric Jalton défend l'installation d'un incinérateur à la Gabarre qui selon lui serait moins cher que d'installer un CSR. Des critiques émanent également de la CANBT, la communauté d'agglomérations du Nord- Basse-Terre. Jocelyn Sapotille, le président, ne souhaitant pas être enfermé dans un système qu'il qualifie de "réducteur". "Nous ne disons pas que nous ne voulons pas faire un CSR mais pourquoi s'enfermer dedans en le votant dans le plan", a ainsi exhorté Jocelyn Sapotille. Seuls satisfaits, la CANBT et la Carl dont le projet rentre tout-à-fait dans le cadre du CSR. Ce fut l’occasion de voir ressurgir les querelles entre Cap Excellence et les dissidents de la CANGT qui veulent quitter le Syvade basé à la Gabarre. Ecoutez plutôt cet extrait d’une discussion entre Pierre Porlon, 1er vice président du Syvade et vice-président de la CANGT et Eric Jalton, Président de Cap Excellence
Une discussion qui résume la teneur des échanges pendant les quatre heures de débat parfois houleux sur trois petites lettres : C S R pour combustible solide de récupération qui figuraient dans le plan. Alors que le CSR fait partie du projet de valorisation de déchets prévu au Moule par la CANGT en lien avec la CARL. Ce qui a d'ailleurs donné plusieurs échanges cocasses entre Gabrielle Louis-Carabin, Pierre Porlon et Eric Jalton en plein débat, qui se sont régulièrement tancés sous les rires amusés des autres participants.
Un plan finalement adopté à l'unanimité
Le plan de projet de gestion des déchets présenté par la Région a finalement été adopté à l’unanimité après une modificiatio: les lettres CSR (Combustible solide de récupération) ont été remplacées dans un paragraphe par l’appellation « Unité de tri et de valorisation de matière ».La séance était pilotée par la vice-présidente de la Région, Sylvie Gustave dit Duflo, très satisfaite au micro de Stéphanie Sérac
Eric Jalton avait pourtant prévenu par voie de presse qu’il allait émettre un avis défavorable à ce projet de plan, finalement non. Il s'est dit satisfait des changements apportés, on écoute Eric Jalton,
Eric Jalton qui défendait un projet d’incinérateur qui n’est clairement pas dans les cartons de la Région car jugé trop cher et peu rentable. Alors comment Sylvie Gustave Dit-Duflo a -t-elle réussi à le convaincre?
Pour Pierre Porlon, vice-président de la CANGT et vice-président du Syvade (qui veut quitter cette dernière structure pour construire un centre de valorisation de déchets CSR au Moule adossé à l’usine Albioma, ndlr), il était temps de voter et de "passer à l'opérationnel". Le 22 mars, le plan sera voté en CTAP ( Conférence Territoriale de l'Action Publique) puis envoyé au niveau des communautés d’agglomération. Au bout d’un processus d’acceptation par les communautés et l’Etat, il devrait être voté d’ici un an et devrait coûter 140 millions d’euros financés à 80% par des fonds européens, les fonds FEDER.