Face au vieillissement du corps médical, la quête de jeunes praticiens est primordiale

Par 12/01/2021 - 09:20 • Mis à jour le 12/01/2021 - 09:22

Le corps médical de Martinique vieillit inexorablement. Les syndicats de la profession tente d'y remédier en séduisant les praticiens récemment diplômés. Des jeunes docteurs qui ont une vision différente de la pratique de la médecine de leurs prédécesseurs. Notre dossier.

    Face au vieillissement du corps médical, la quête de jeunes praticiens est primordiale

Le décès du docteur Pierre Talbot entre deux consultations est venu rappeler l'inexorable vieillissement des médecins de Martinique. Disparu à l'âge de 71 ans, il exerçait au Robert depuis près de 40 ans.

Pour les professionnelles de santé, cette triste fin de carrière pour un médecin dit également toute la difficulté des praticiens à prendre leur retraite. En 2019, un recensement conclut que 43 % des médecins libéraux de Martinique ont plus de 60 ans.

"Les médecins sont attachés à leur patientèle. Les patients sont eux attachés à leur médecin. Forcément, le docteur  ne prend pas la retraite si il n'a pas trouvé un successeur. Ce qui est très difficile. On a des médecins qui voudraient partir mais qui attendent désespérément la relève", confie le docteur Anne Criquet-Hayot, présidente de l'URML.

Un état de fait contre lequel tentent de lutter les autorités sanitaires et l'Union Régionale des Médecins Libéraux de Martinique.

"Les jeunes médecins n'ont pas envie d'être isolés, de travailler de 6 heures du matin à 22 heures. Ils cherchent un équilibre entre vie professionnelle et vie familiale. Donc ils se regroupent, ils s'associent avec les collègues pour partager le temps de travail", explique Anne Criquet-Hayot.

L'organisation professionnelle se bat notamment pour convaincre les étudiants en médecine martiniquais de venir exercer sur leur île natale.

 La situation est néanmoins toujours alarmante. Il suffit de faire le tour des salles d'attente à 4 heures du matin pour constater l'affluence liée au manque de praticiens. En 2019, six communes de Martinique ne comptaient aucun médecin libéral généraliste :Grand Riviere , Macouba , Ajoupa Bouillon , Fonds Saint Denis , Le Morne Vert , Bellefontaine.

Jade Mobéti nouveaux médecins Saint-Pierre
Jade Mobétie et Méryl Montjean, récemment installées à Saint-Pierre. ©RCI Martinique

Pourtant, il y a de quoi nourrir de l'espoir. À Saint-Pierre par exemple, deux jeunes médecins ont récemment posé leur saccoche dans la commune.

"Depuis ma première année de médecine, c'était clair que j'allais revenir aider les personnes de mon île. ça a toujours été clair pour moi", témoigne le docteur Jade Mobétie, 29 ans.

Celle qui est aujourd’hui son associée, le docteur Méryl Montjean 30 ans affiche la même détermination. "C'est vrai que depuis le début, c'était très important pour moi de revenir exercer en Martinique", assure-t-elle.

Les deux martiniquaises ont prospecté pendant près de deux ans pour savoir où s’installer à Saint-Pierre. Et elles ont conscience du difficile quotidien de leurs confrères. 

"Vue la pénurie de médecins, les horaires sont un peu à rallonge chez nos confrères. C'est pour ça qu'on a tenu à s'installer à deux. Cela permet de se partager les horaires tout en étant présentes pour la population. Les patients ont besoin d'une présence médicale régulière", explique Jade Mobétie.

L’implantation à Saint-Pierre a été mûrement réfléchie et rendue possible grâce à un dispositif de l’agence régionale de santé auquel ont souscrit les deux praticiennes. L'ARS apporte en effet un soutien aux médecins qui s'installent dans les zones en manque de praticiens.

Le maire de la commune de Saint-Pierre, les avait rencontrées lors de leur repérage. L'installation des deux praticiennes le satisfait.

"C'est vraiment une chance pour nous. Nous avions une amorce de désert médical. Nous avions des médecins qui donnaient de leur personne alors qu'ils ont déjà l'âge de partir à la retraite. Cette arrivée va les soulager", dit Christian Rapha, le premier magistrat pierrotin.  

Les deux jeunes femmes le disent en tout cas à qui veut l'entendre : "nous sommes là pour toute notre carrière". Une bonne nouvelle pour les Pierrotins et les habitants du Nord-Caraïbe.

 


À lire également