Une année politique 2020 particulièrement intense

Par 03/01/2021 - 11:53 • Mis à jour le 03/01/2021 - 13:28

L’année politique 2020 n’aura pas été de tout repos. Entre le scrutin des municipales qui tient l'ensemble de la population martiniquaise en haleine pendant près de 6 mois, les élections des communautés d'agglomération durement disputées et l'explosion de l'alliance de gestion à la CTM, l'année aura été riche en rebondissements. Retour sur cette année particulièrement intense, alors que tous les regards se porteront sur le dénouement des tensions espéré pour 2021 à la CTM.

    Une année politique 2020 particulièrement intense

Une élection municipale qui s'étale sur 6 mois

L’année politique 2020 aura été intense. Et pour cause : le principal scrutin qui s’est tenu, à savoir celui des municipales, nous a tenu en haleine durant plus de 6 mois. Entre la campagne électorale qui s’est lancée dès les premières semaines de janvier et son épilogue qui a lieu en juin, la moitié de l'année s'est déjà écoulée. Une durée exceptionnelle due à la crise sanitaire qui s’est invitée dans cette campagne. Et jusqu’au dernier moment, le doute a subsisté sur la tenue de l’élection.

Finalement le premier tour peut se tenir le 15 mars. Mais la psychose née du coronavirus freine quelque peu freiné les électeurs. Seul 39% d’entre eux se déplace dans les bureaux de vote. Un taux de participation suffisant cependant pour permettre à quelques nouveaux maires d’être élus. On citera Jean-Louis Marie-Louise à Grand-Rivière, Annick Cormier à Fonds Saint-Denis qui renverse Henri Romana, Georges Cléon qui succéde à Raymond Occolier, ou encore David Zobda qui remporte les faveurs des lamentinois.

Si la donne n'est pas bousculée dans la plupart des autres communes, 6 communes se sont quand même données rendez-vous pour le second tour.

Une attente de 15 semaines pour assister à ce fameux second tour de l'élection municipale

En effet, près de 4 mois sont nécessaires pour désigner les maires de Rivière-Pilote, le Diamant, Saint-Joseph, Ducos, le Marin, et le François.
On assiste alors à de belles surprises. Notamment à Rivière-Pilote : le bastion du MIM tombe après 50 ans de règne. Et c’est Jean-François Beaunol qui réussit ce tour de force, avec 8 petites voix de différence.

En parlant de chute de bastion, le PPM, lui, connaît les affres de la défaite au Marin. La mairie acquise par Rodolphe Désiré près de 37 ans plus tôt rejoint le camp du persévérant José Mirande.

Au François, le règne du MPF subit lui aussi un coup d’arrêt, et c’est Samuel Tavernier qui en est l’instigateur. A Saint-Joseph, Yan Monplaisir s'impose, malgré une large coalition contre lui. Au Diamant, la bataille des premiers adjoints sourit à Hugues Toussay qui renverse le candidat du maire sortant.

Enfin, l’une des batailles les plus attendues était celle de Ducos. Et elle va tenir ses promesses. Une jeune trentenaire, Aurélie Nella, résiste à deux ténors de la ville. Elle s'ajoute au nombre de femmes à la tête d’une mairie. A l’issue de ce scrutin, elles sont désormais quatre : Marie-Thérèse Casimirius, Jenny Dulys-Petit, Annick Cormier et donc Aurélie Nella.

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Aurélie Nella à RCI       ©RCI Martinique

Les élections des communautés d’agglomérations fortement disputées 

Ce que l’on a comme coutume d’appeler le troisième tour des municipales est tout autant disputé. Pas à la CACEM, où les jeux sont déjà fait, et c’est Luc Louison Clémenté, le maire de Schoelcher, qui est désigné sans adversité.

Dans le nord et le sud, l’histoire est toute autre. A Cap Nord, au terme d’une élection particulièrement tendue, Bruno Nestor Azérot réussit à déloger le maire du Robert et président sortant, Alfred Monthieux. Ce dernier digère d’ailleurs très mal cette défaite. 

photo Bruno Nestor Azerot
Bruno Nestor Azerot, président de Cap Nord      ©RCI Martinique

A l’Espace Sud, Eugène Larcher connaît lui aussi le même sort et ne fera pas la passe de 3. Après une élection à rebondissements, et des tractations interminables, c’est le maire de Rivière-Salée, André Lesueur qui s’est finalement assis sur le siège de président à l’issue du scrutin.

D’autres mandats ont été renouvelés durant l’année, comme celui de président de l’association des maires. Maurice Bonté remet les clés de la boutique mais elles resteront dans le nord puisque c’est le maire du Lorrain Justin Pamphile qui les récupère.

La surprise est venue en revanche du Parc Naturel de Martinique. Le renouvellement des membres et les alliances ont eu raison du président Louis Boutrin.
A l’image de la CTM, où les dissensions au sein du grand "Sanblé pou ba peyi-a an chans" se sont creusées, c’est un membre de son propre camps à savoir Denis Louis Régis qui lui ravit la présidence.

L'année 2021 sera celle de la CTM

On pourrait presque dire que l’on a gardé le meilleur pour la fin. Dès la fin d’année 2019, on savait l’alliance de gestion fragile, mais elle explose carrément au cours des derniers mois de l'année. Le clan "Peyi-a" mené par Jean-Philippe Nilor s’affirme, tout comme celui de "Ba Peyi-a an chans" avec à sa tête Yann Monplaisir. Claude Lise, qui souffrait en silence sort quant à lui de sa réserve.

Et c’est la fameuse affaire dite de Séguineau qui va cristalliser ces désaccords. Au point que 11 élus de l’assemblée saisissent la justice contre Alfred Marie-Jeanne pour excès de pouvoir. Désormais, chaque plénière est devenue le théâtre d’âpres échanges et de règlements de compte, comme un avant-goût de la campagne électorale.

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Onze conseillers de l’Assemblée de Martinique ont introduit auprès du tribunal administratif deux recours pour « excès de pouvoir »      © CC / RCI Martinique

Une campagne qui sera sans nulle doute repoussée. Les conditions sanitaires ont en effet poussé le gouvernement à envisager la tenue du scrutin au mois de juin, au lieu du mois de mars initialement prévu. Ces quelques mois de plus ne sont pas pour déplaire à Alfred Marie-Jeanne qui a d’ores et déjà annoncé son intention de briguer un nouveau mandat. En tout cas, l’année 2021 sera bien sous le signe de la CTM.

Dans les autres états-majors, on affûte les armes, on consulte, on tente de rallier ici et là. Le PPM, qui a perdu en cours de route sa sénatrice Catherine Conconne, se cherche un second souffle pour ne pas subir la même désillusion qu’en 2015. Le duo Nadeau-Nilor est lui sur-motivé, tout comme Yan Monplaisir, qui espère faire coup double après la mairie de Saint-Joseph. Cette bataille a redonné de son côté un coup de fouet à Claude Lise et au RDM.

Mais d’autres figures vont certainement émerger d’ici là, et le scrutin sera à coup sûr indécis et passionnant.

Notons pour finir tout de même que nous avons perdu quelques figures politiques importantes en 2020 : Edouard Jean-Elie l’ancien maire d’Ajoupa-Bouillon, Edouard de Lépine l’ex maire du Robert et enfin le franciscain Ernest Wan Ajouhu.


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