CTM : "il n'y a plus de majorité à l'Assemblée de Martinique"
Onze élus de la majorité et de l'opposition ont attaqué en justice un acte du président du conseil exécutif de la CTM pour excès de pouvoir. À 6 mois d'un possible scrutin, le paysage politique martiniquais est plus morcelé que jamais.
L'alliance de gestion conclue entre le RDM, Ba Péyi-a an chans et le Gran Sanblé a définitivement volé en éclats. Certes des fractures nettes avaient déjà été constatées au sein du bloc majoritaire. Claude Lise et Yan Monplaisir ont déjà eu l'occasion de se plaindre qui du non-respect des prérogatives de l'Assemblée de Martinique, qui des orientations politiques décidées par le seul Alfred Marie-Jeanne.
Hier, un pas de plus a été franchi. Onze conseillers territoriaux du RDM, de Ba Péyi-a an chans (majorité) et d'Ensemble pour une Martinique nouvelle (opposition) ont saisi le tribunal administratif. Ils ont introduit un recours pour excès de pouvoir du président du conseil exécutif et du préfet de Martinique dans le cadre du dossier Séguineau.
Pour le politologue, Justin Daniel, cette action confirme qu'il "n'y a plus de majorité à l'Assemblée de Martinique".
Invité de Jean-Marc Pulvar ce mardi matin (8 décembre 2020), Justin Daniel précise que le recours introduit se rapporte aux actes et non pas à la personne elle-même. "On ne reproche pas à M. Marie-Jeanne d'être un dictateur", observe le politologue.
Avant d'attaquer en justice la décision d'Alfred Marie-Jeanne de demander au préfet d'établir une servitude d'intérêt public, les élus ont envisagé une motion de défiance. Une option "lourde et difficile à manier car au moment où l'on dépose la motion, il faut avoir constitué une majorité" analyse Justin Daniel. En effet, les élus à l'origine de la motion doivent être sûrs que les trois cinquièmes de l'Assemblée voteront le texte.
Cette crise de pouvoir révèle les limites de la coalition politique qui a pris le pouvoir en décembre 2015. "La coalition dès le départ n'était pas viable parce qu'elle était une coalition fondée sur des circonstances pour une gestion à minima de la collectivité", commente Justin Daniel.
Pour le politologue, la situation actuelle pourrait se reproduire au lendemain des prochaines élections en juin 2021 au regard du morcellement du paysage politique martiniquais.
Ecoutez l'entretien accordé par Justin Daniel à Jean-Marc Pulvar :