Lettre ouverte de Josette Borel-Lincertin au Président

Par 08/04/2020 - 11:59 • Mis à jour le 08/04/2020 - 12:00

C'est au tour de la Présidente du Conseil Départemental d'interpeller le Gouvernement et plus particulièrement Emmanuel Macron, sur la gestion de la crise. Josette Borel-Lincertin a écrit une lettre ouverte dénonçant, selon elle, une inégalité de traitement en fonction des départements.

    Lettre ouverte de Josette Borel-Lincertin au Président

Le communiqué de Josette Borel-Lincertin :

"Présidente du Conseil départemental de la Guadeloupe et présidente du conseil de surveillance du centre hospitalier universitaire, je ne fais pas partie de ces élus qui peuvent vous joindre directement sur votre numéro de portable. Aussi, pour vous décrire la réalité et les urgences de mon territoire, dois-je me résoudre à vous écrire cette lettre ouverte qui, je l’espère, vous parviendra d’une manière ou d’une autre.
Je m’adresse à vous ce mardi, au moment où vous êtes en déplacement en Seine-Saint-Denis afin de constater - selon les médias qui vous suivent durant cette visite - que « tous les territoires ne sont pas égaux dans la lutte contre le virus ». Or, ce constat que vous faites à Pantin aujourd’hui, à quelques kilomètres de l’Elysée, je vous prie de croire que vous pourriez le faire de manière encore plus éclairante si vous pouviez vous rendre d’un coup d’avion sur notre archipel, ou sur n’importe quel territoire des Outre-mer.

Depuis des semaines, partout dans le pays, ce sont les mêmes cris d’alarme qui résonnent : le manque de masques, de gants, de blouses, de respirateurs, de tests, de médicaments comme le curare ou la morphine… Ces mots ne décrivent pas la même réalité selon que vous êtes ou non dans un territoire fortement touché comme l’Ile de France ou le Grand Est, nous en avons bien conscience. Mais il ne décrivent pas non plus le même dénuement selon que vous êtes dans l’Hexagone ou dans les Outre-mer. Car là où il faut atteindre dans l’Hexagone des milliers de cas graves de COVID-19 pour mettre en difficulté le système de soins, il suffit ici en Guadeloupe d’en dénombrer quelques dizaines pour que nous soyons au bord de la rupture. Or, cette échéance nous guette avec seulement 22 lits de réanimation au CHU pour 380 000 habitants et déjà près de 30 malades hospitalisés, et ce malgré la mise en oeuvre ici des mesures de confinement à un stade moins avancé de l’épidémie que dans l’Hexagone. 
Monsieur le président de la République, cela fait plusieurs semaines que je m’évertue à alerter le Gouvernement sur nos besoins urgents en matériels.

A deux reprises, j’ai écrit à Monsieur le Premier ministre pour les détailler, en insistant à chaque fois sur nos besoins en respirateurs afin d’armer un nombre suffisant de lits de réanimation lourde, et sur nos besoins en matériels de protection dont manquent tous nos soignants, à l’hôpital comme en ville. Une première fois, c’est à son directeur de cabinet qu’il a été demandé de me répondre que nos besoins étaient pris en compte sans beaucoup plus de précisions. A ma seconde interpellation, plus pressante et plus détaillée, je n’ai malheureusement reçu aucune réponse. 
Depuis lors, l’Agence régionale de santé de la Guadeloupe et des Iles du nord a communiqué sur la réception de 15 respirateurs qui s’avèrent, selon les équipes soignantes du CHU, être des modèles de ventilateurs de transport, qui ne correspondent pas aux besoins de réanimation lourde qu’impliquent les cas graves du COVID-19." 

 


 


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