Une visite ministérielle au parfum de polémique
Sargasses, chloredécone, CHU...La visite du Premier Ministre en Guadeloupe devait être l'occasion d'apporter des réponses à de nombreuses problématiques qui inquiètent les guadeloupéens mais ces grandes questions ont semblé être balayées par les nombreuses polémiques qui ont entouré le déplacement d'Edouard Philippe et sa délégation ministérielle dans l'archipel.
La visite en Guadeloupe du Premier Ministre était très attendue. Edouard Philippe a confirmé la volonté de la France de se positionner comme l'un des pays en pointe dans le domaine de la lutte contre les algues sargasses. Il a réaffirmé l'engagement de l'Etat aux cotés des collectivités dans ce combat.
Mais les annonces fortes concernant les grandes préoccupations des guadeloupéens se sont elles fait attendre. Rien sur l'eau. Sur la question de la pollution des sols au chloredécone et l'indemnisation des victimes, le Premier Ministre s'est montré peu prolixe préférant attendre les conclusions de la mission parlementaire annoncées en fin d'année.
Ce dimanche soir, Edouard Philippe au cours d'un Facebook Live de questions-réponses avec la Ministre des Outre-mer, Annick Girardin, a néanmoins confirmé le déploiement des radars tourelles en Guadeloupe.
Mais loin des engagements pris par le gouvernement, ce sont les nombreuses polémiques entourant cette visite qui semblent avoir pris le pas dans l'opinion publique.
Ce samedi, lors de la cérémonie de clôture de la conférence internationale sur les sargasses, plusieurs incidents ont défrayé la chronique.
La députée Hélène Vainqueur Christophe bien que munie de sa carte d'élue, n'a pas pu accéder au site du CWTC ce samedi . Outrée, la parlementaire a préféré quitter les lieux.
Mais l'incident qui a enflammé les passions sur les réseaux sociaux ce week-end, c'est le président du Conseil Régional qui a été refoulé par l'équipe de sécurité de Matignon alors qu'il s'apprêtait à suivre le Premier Ministre dans un des salons du CWTC. Interrogé à ce sujet, Ary Chalus dit regretter que des polémiques viennent effacer la réussite de la toute première conférence internationale sur les sargasses, organisée par la Région Guadeloupe avec l'Etat. Selon lui, c'est le travail mené par la collectivité pour améliorer le quotidien des guadeloupéens qui devrait primer.
Le Premier Ministre interrogé ce dimanche sur cet incident lors de la visite du chantier du futur CHU, a dit ne pas vouloir s'attarder sur "des polémiques politiciennes".
La réunion avec les élus organisée en marge de la visite du Premier Ministre au Mémorial Acte a elle aussi laissé un gout d'amertume à certains qui, sans oser exprimer leur mécontentement ouvertement, ont laissé entendre qu'il s'agissait d'un véritable camouflet pour les représentants locaux.
La présidente du Conseil Départemental avait elle fait le choix de se montrer très discrète lors de ce déplacement ministériel. Malgré son absence remarquée de la conférence internationale sur les sargasses, Josette Borel Lincertin a pris part à la visite du chantier du futur CHU.
Les trois maires de Marie Galante ont eux aussi brillé par leur absence. Marlène Miraculeux Bourgeois, Jacques Cornano et Maryse Etzol ne se sont pas déplacés. Les élus de la Grande Galette n'acceptent pas que Marie Galante n'ait pas été classée en zone de catastrophe naturelle suite aux invasions massives d'algues sargasses.
Un des ténors de la politique locale a lui aussi brillé par son absence : Eric Jalton qui, semble-t-il, a préféré se consacrer aux affaires de la municipalité des Abymes.
Au lendemain de cette visite d'Edouard Philippe en Guadeloupe, à travers les commentaires de nombreux élus et citoyens sur les réseaux sociaux, il semble que pour beaucoup, la dignité des élus locaux est mise à mal.