Traversée du Sud à la rame : 50 kilomètres d'aviron dans une mer houleuse

Ce samedi 1er novembre 2025, une cinquantaine d’avironneurs ont pris le départ de la Traversée du Sud à la rame, organisée par l’Aviron Club 233 de Fond-Lahaye. Au programme : 50 km entre Sainte-Anne et Schoelcher, une challenge sportif labellisé par la Fédération française d’aviron. 

"La machine à laver"

Les participants se sont relayés à bord de quatre bateaux de quatre et un solo, bouclant la traversée en 6 heures.Un périple plus intense cette année en raison d’une mer particulièrement houleuse, notamment sur la première partie du parcours entre Sainte-Anne et les Anses d'Arlet. Rameuse depuis 23 ans, Isabelle a vécu une traversée aussi belle qu' éprouvante :

La mer était particulièrement formée, agitée, puisqu'on part de la Pointe Marin (Sainte-Anne). Arrivés à la pointe Borgnèse, la mer était déjà pas mal forte. Elle a augmenté encore ses propositions de vagues, de courants en allant vers le rocher du Diamant, où là, c'était l'apothéose! Après vers les Trois-Îlets, quand on rentre dans la baie de Fort-de France, on a houle et vent mais d'une autre sorte. Là, c'est un gros clapot. On appelle ça, nous, la machine à laver, dans notre jargon, les vagues viennent dans tous les sens. Et il faut aussi naviguer, puisque quand on est rameur, on ne fait pas que ramer, on barre aussi. Donc, il faut trouver les bons cap, les bonnes trajectoires pour profiter du surf des vagues

Des rives de la Marne à la mer des Caraïbes

Deux clubs d’aviron de région parisienne ont été conviés pour l'occasion. Un club de Boulogne-Billancourt et un autre de Joinville-Le-Pont. Habitué à naviguer sur la Marne, Alain participe pour la seconde fois à cette traversée en Martinique et cette année encore, il n’a pas été déçu : 

C'est une pratique différente de celle qu'on fait à Joinville, puisqu'on rame sur la Marne, donc sur des bateaux beaucoup plus étroits. Sur la rivière, c'est plutôt le geste technique qui compte, c'est-à-dire la posture, les hauteurs de main, pour avoir un équilibre de bateau quasiment parfait. Là, c'est plus physique. On oublie toutes les techniques, les postures d'équilibre. Là, il faut ramer à fond.

Pour l'Aviron Club 233, cette course est une vitrine du savoir-faire du club. Elle donne aussi une visibilité à la pratique de l'aviron en mer à échelle nationale, puisque la course figure au calendrier de la fédération. Une organisation pensée un an à l'avance et qui nécessite une logistique importante. Les bateaux sont acheminés la veille par la route, il faut assurer le ravitaillement dans les villes étapes et la sécurité sur l'eau. 

Un sport en perte de vitesse

La Traversée du Sud à la rame est l'une des nombreuses actions de promotion ménées toute l'année par l'Aviron Club 233. C'est l'un des deux principaux clubs d’aviron de l'île, avec celui du Robert. Malgré cela, la pratique de la discipline recule et peine à attirer les jeunes, ce que regrette Janis Hilaricus, vice-présidente de l'AC 233 : 

Il y a 20, 30 ans de ça, c'était un sport vraiment très populaire au même niveau même que la yole ronde, . Aujourd'hui, les clubs sont beaucoup plus petits et ont de très grandes difficultés, comme la plupart des associations. C'est lié à des difficultés financières, au vieillissement également de l'effectif. On a un effectif qui est relativement âgé, la moyenne d'âge, on est plutôt autour de 50 ans. On a du mal à attirer les jeunes. Moi-même, enseignant-chercheur sur le campus, j'essaie de convaincre mes étudiants. Ils viennent pour faire une initiation, mais de là à les garder, c'est encore autre chose. Il faudrait une vraie politique, dès le collège, un partenariat avec le rectorat, peut-être au niveau de la Ligue. Il y a des idées, mais c'est quand même un sport plutôt réservé à une tranche d'âge supérieure, malheureusement.