Odyssi compte sur les forages face aux pénuries d’eau en Martinique
Ce jeudi matin (5 juin), une visite était organisée sur le site de forage de Case Navire, à Schoelcher. Daniel Chomet, président du conseil d’administration d’Odyssi, a fait le point sur les travaux en cours pour renforcer la ressource en eau souterraine afin de faire face aux pénuries d’eau.
Ce jeudi matin (5 juin) à Schœlcher, Daniel Chomet, président du conseil d’administration d’ODYSSI, était en visite sur le site de forage de Case Navire, accompagné d’usagers, de techniciens et du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières).
Cette visite s’inscrit dans une stratégie de sécurisation et de diversification des ressources en eau potable, car en Martinique, la ressource en eau reste inégalement répartie selon les saisons et les communes, avec une forte dépendance aux rivières et une pluviométrie bien plus faible dans le Sud.
Chaque année, le carême met à l’épreuve un réseau vieillissant, notamment dans le centre de l’île, où les coupures d’eau sont fréquentes.
Deux forages profonds de 70 mètres
Pour y répondre, ODYSSI poursuit ses investissements, à Case Navire mais aussi à Saint-Joseph, sur le site de Cœur Bouliki, où deux forages profonds de 70 mètres ont été aménagés.
Près de 3,2 km de canalisation ont été posés pour les raccorder à l’usine de traitement de Durand, avec des équipements modernes et un contrôle à distance.
L’objectif étant de garantir une eau plus fiable, plus accessible et mieux répartie, dans un contexte où les tensions sur la gestion et le financement de l’eau restent vives.
Pour Daniel Chomet, l’objet de cette visite, c'était de rassembler les partenaires, mais aussi les associations d'usagers de l'eau autour d'un enjeu qui est un enjeu important.
Il y a celui du rendement de réseau qui est très connu et sur lequel il faut faire des efforts considérables, mais c'est celui surtout de la sécurisation de l'accès à l’eau. Aujourd'hui, nous sommes face à un double défi. C'est celui du carême qui fait que chaque année, on a des coupures d'eau parce qu'il n'y a pas assez de production d'eau à partir de l'eau de rivière, mais aussi celui du changement climatique qui va faire que les niveaux et les moyens mis en surface seront de plus en plus rares. Donc, aller vers les eaux souterraines qui, elles, prennent des mois, des années pour se charger, ça permet d'avoir de l'eau sur les deux, trois mois les plus difficiles. Il faut véritablement qu'on change de braquet sur la valorisation de ces ressources, surtout quand les gisements sont connus. Là, on était sur le cas de Case navire. D'autres gisements sont à valoriser. L’objectif, c’est véritablement de déployer une vraie stratégie de valorisation des eaux souterraines et garantir aux Martiniquais, parce que la ressource est là, un accès à l'eau dans des bonnes conditions.
Les eaux souterraines en soutien
Anne-Lise Taïlamé, hydrogéologue au BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières), explique pourquoi les forages peuvent être une solution face aux pénuries d’eau.
En Martinique, 96 % de l'eau potable est exploité via les rivières. Les 4 % restants, c'est quelques sources et vraiment quelques forages, donc c'est quelque chose de très peu utilisé. Il y a une étude sur les volumes disponibles qui a été réalisée en 2017. On a démontré qu'à l'échelle de l'île, on a 77 millions de mètres cubes par an qui circulaient dans le sous-sol et qui finalement fuyaient en mer. Il y a une partie des eaux souterraines qui va venir en soutien aux rivières à certaines périodes au cours de l'année, mais ces 77 millions, en tout cas, ils vont être perdus. Donc, pour pouvoir finalement compenser le manque d'eau en certaines saisons, en Martinique, c'est vrai que les forages seraient une solution, une solution qui ne serait pas extrêmement compliquée parce qu'avec une campagne d'une trentaine de forages avec des débits relativement raisonnables, entre 15 et 30 mètres cubes heure, on pourrait pallier au manque d'eau en période de carême. Les eaux souterraines sont beaucoup moins vulnérables que les eaux de surface, étant donné qu'elles ont un impact plus modéré face aux variations saisonnières.
« Un projet ambitieux pour le territoire »
Pour Daniel Chomet, des décisions politiques fortes sont nécessaires pour activer rapidement les forages de Case Navire, qui pourraient être opérationnels dès le prochain carême.
Je crois que ce dont nous avons besoin en priorité aujourd'hui, ce sont de bonnes décisions dans le domaine de l'eau. Pour faire des raccordements entre le Nord et le Sud, je ne suis pas convaincu qu'il faille une autorité unique pour poser 20 mètres de tuyau. À un moment donné, il faut juste que les élus Martiniquais identifient très clairement ce qui, pour eux, est une priorité. Je pense que l'exemple que nous avons là aujourd'hui sur le déploiement d'une stratégie de valorisation des eaux souterraines est un sujet. Ça, ça ne peut pas se traiter les uns à côté des autres. Il faut que la main dans la main, les Martiniquais et les élus conçoivent ce projet ambitieux pour le territoire. Pour l'instant, nous avons rencontré au niveau des ministères, les conseillers économiques de l'Élysée et de l'Outre-mer. Ils sont très attentifs à ces sujets, mais souvent, le vrai sujet, c'est le coût économique de rupture d'un service d'eau publique. C'est des centaines de millions qui sont perdus. Donc, agir dans ce domaine-là, c'est agir utilement au service du développement du territoire.
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