"La vie s'est arrêtée mais le travail continue" : témoignage d'Aaron Lellouche, victime de l'attentat de Toulouse

Par 22/03/2022 - 15:27 • Mis à jour le 22/03/2022 - 15:36

Rescapé de la tuerie, perpétrée par le terroriste Mohammed Merah dans l'école juive Ozar Hatorah, à Toulouse, le 19 mars 2012, Aaron Lellouche a aussi été témoin de ce scénario insoutenable, disant tout de la sauvagerie de Mohammed Merah, cet assassin qui a tué froidement trois enfants et un enseignant, également père de famille. Le jeune homme, qui n'avait que quinze ans à l'époque a survécu au traumatisme tragique et se construit, avec son épouse. Si le couple s'est installé en Martinique, il y a quatre ans, l'homme aujourd'hui âgé de vingt-cinq ans ne peut pas oublier ces horribles et cruels souvenirs. Pour continuer d'avancer, plusieurs élèves, également témoins de la scène, ont raconté leur histoire dans un livre, publié il y a un mois. "Toulouse 19 mars 2012", de Jonathan Chétrit, n'est pas un roman littéraire, il s'agit d'un travail commun de coucher sur le papier des souvenirs, des émotions, des odeurs. La démarche est aussi thérapeutique, salvatrice et souvent nécessaire. Raconter pour se libérer et aller mieux.

    "La vie s'est arrêtée mais le travail continue" : témoignage d'Aaron Lellouche, victime de l'attentat de Toulouse

Mohammed Merah avait déjà tué trois militaires, à Toulouse et Montauban, quand ce matin-là, aux alentours de 8h, il arrive, en scooter, devant l'établissement scolaire de la cité rose.

Il descend alors de son véhicule et ouvre immédiatement le feu en direction de la cour d'école. Il y assassine froidement Jonathan Sandler, un rabbin âgé de trente ans, également professeur de l'école, ainsi que trois enfants dont les jeunes fils de la première victime, Arié et Gabriel et Myriam Monsonégo, la fille du directeur de l'établissement, âgée de huit ans.

Une scène insoutenable se produit à nouveau. Alors que la fillette est au sol, le tueur s'approche et tire deux balles à bout portant.

L'école était remplie d'élèves ce jour-là. Autant de témoins de cette horreur traumatisante et certains ont choisi de livrer leurs témoignages par l'écriture. Aaron Lellouche est l'un d'entre eux.

Le livre "Toulouse 19 mars 2012", qu'ils ont rédigé ensemble est un recueil d'émotions mais aussi de souvenirs toujours aussi précis, malgré le temps qui passe.

Si cette école a été la scène de cet attentat traumatisant, elle a aussi été, durant l'adolescence d'Aaron Lellouche, des bras ouverts et une ultime chance, source d'espoir. Un lien fort s'est donc créé avec toute l'équipe pédagogique et ce lien s'est renforcé dans l'épreuve:

Grace à ce lien qu'on a gardé, on a réussi à nous réunir et à mettre bout à bout un livre, ce recueil écrit par ceux qui n'étaient que des enfants en 2012 mais qui ont vécu l'attaque seconde par seconde.

Témoin de l'évènement, le jeune homme a trouvé du soutien, dans son entourage et notamment dans la communauté scolaire de l'école Ozar Hatorah.

Ainsi, si ce travail d'écriture est un devoir de mémoire, c'est aussi un support pour mettre en lumière la parole des victimes.

Mêler résilience et combativité

Partie civile dans le procès de cet attentat, Aaron Lellouche dénonce des manquements et des injustices subies par ces individus, déjà marqués à jamais:

Ca n'est que huit ans après l'attaque, lors du premier procès, qu'on découvre que des associations sont présentes pour les victimes, qu'on avait des droits à ce moment là et qu'aujourd'hui nous sommes simplement partie civile sans reconnaissance de l'État ni statut approprié.

Une blessure supplémentaire qui a aussi nourri la volonté du jeune homme de mener ce combat pour une meilleure reconnaissance des victimes d'attentat:

Si les personnes de ces administration, qui délivrent les statuts, pouvaient tout simplement se mettre à la place d'une victime qui vit cette tragédie, un beau matin (...) Peut-elle avoir la force de lutter, seule, pour bénéficier d'une telle reconnaissance?

Actuellement, sur les trois-cents parties civiles, Aaron Lellouche est le seul à avoir un statut d'ancien combattant, victime de guerre et d'attaque terroriste. Il a également un statut de pupille de la Nation à titre honorifique. Des statuts qui auraient pourtant dû être donné à toutes les personnes présente, dans cette école, le 19 mars 2012:

C'est mon combat aujourd'hui.

 


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