"La mort n'est pas encore invisible", William Rolle, socio-anthropologue

Par 31/10/2024 - 07:42 • Mis à jour le 31/10/2024 - 08:44

Une conférence consacrée à la mort se tient ce jeudi soir à la mairie du Lamentin. L'aspect patrimonial des cimetières sera notamment abordé.

    "La mort n'est pas encore invisible", William Rolle, socio-anthropologue
©RCI Martinique

A la veille de la célébration de nos Défunts ce samedi 2 novembre, et alors que de nombreux Martiniquais s’affairent à remettre en état les tombes et caveaux de famille pour l’occasion, la mairie du Lamentin accueille ce jeudi 31 octobre une conférence sur la représentation de la mort et du deuil en Martinique.

L’ethnologue Mireille Mondésir viendra partager ses connaissances sur les pratiques des Indos-Caribéens.

William Rolle dévoilera ses travaux sur l’Architecture, le mode de fonctionnement et le patrimoine que représente les cimetières en Martinique.

C'est la notion de dernière demeure, à savoir qu'effectivement, beaucoup de tombes avant ressemblaient à des maisons que les gens n'avaient peut-être pas, ils vivaient dans des cases. Et au fur et à mesure que les choses vont avancer sur les caveaux qui sont faits par des coups de main, comme les maisons, on voit apparaître des carrelages. Selon les modes qu'il y avait dans l'habitat, quand l'habitat commence à se durcifier, on a des carreaux de cuisine, des carreaux de salon, etc. Et des couleurs. On a des bleus, on a des oranges, on a des crèmes. Le noir et blanc, c'est déjà un peu bourgeois. C'est déjà un peu mulâtre, si vous me permettez l'expression. On est déjà dans une autre catégorie.

Il note aussi d'importantes différences entre la Martinique et la Guadeloupe :

Elles sont énormes. Déjà, en Guadeloupe, ils ont eu cette chance, d'une part, d'avoir les cimetières d'esclaves qui étaient mieux renseignés et d'autre part, il y avait des cimetières particuliers. D'un monde à l'autre, d'un état à l'autre, chaque cimetière est différent, mais chaque cimetière raconte la relation qu'une société a avec les morts et sa mort

Distance avec la mort

Invité de notre édition de la mi-journée ce mercredi, le socio-anthropologue a détaillé les évolutions perceptibles de l’approche des Martiniquais avec leurs morts :

Aujourd'hui, il y a une distance qui est mise, puisque les veillée ne se font plus à la maison, les gens ne sont plus dans les tontines, des mutuelles pour préparer leur mort. Il y a une distance qui est mise. Il y a aussi des impositions hygiénistes pour les nouvelles tombes, etc. Et donc, effectivement, il y a une désaffection. Ce qui va nous importer, est-ce qu'on continue à investir avec notre culture la mort ou est-ce que c'est une mort qui devient totalement absente et invisible ? Elle n'est pas encore invisible. Et je me souviens, il y a une dizaine d'années, on pensait qu'halloween allait remplacer ça. C'est-à-dire que ça n'est pas rentré parce qu'on n'a pas encore peur des morts, on n'a pas peur des fantômes, etc. Il reste des choses, mais qu'il faudrait cultiver et développer, notamment dans les nouveaux réaménagements des cimetières

Pour le chercheur, les cimetières font partie de notre patrimoine et permettent d'observer les strates sociales de la Martinique. C'est aussi l'un des points qu'il développera lors de son intervention. 


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