Inauguration d’un buste en hommage au Dr Pierre Aliker à Fort-de-France

Ce samedi (3 mai), Fabrice Belliard et les membres de l’association Murmure d’un art caribéen ont invité de nombreuses personnalités publiques, politiciens et historiens à rendre hommage au Dr Pierre Aliker.

Un buste à son effigie a été érigé à l’entrée de la résidence éponyme (Pierre Aliker), située à proximité du Centre Hospitalier Universitaire de Martinique.

Cette résidence, qui porte le nom d’une figure majeure de l’histoire médicale, sociale et politique de la Martinique, devrait être livrée en mai.

130 logements, 12 locaux d’activités seront disponibles pour faciliter l’accès au CHU pour les étudiants, médecins et internes, afin de renforcer l’attractivité et l’accessibilité médicale du territoire.

Le docteur Aliker a été mis à l’honneur durant cette cérémonie visant à célébrer l’excellence, l’engagement et sa mémoire.

« Retrouver les traits essentiels du personnage »

Pour Hervé Beuze, artiste peintre, la réalisation du buste était un véritable challenge. Il fallait réaliser une œuvre à la hauteur du Dr Aliker.

C'est un travail long, qui a commencé depuis huit mois et la phase active de création a pris quatre mois. L'idée a été déjà de retrouver les traits essentiels du personnage. D'abord, j’ai effectué des recherches photographiques pour trouver des angles de vue différents. Je suis tombé sur plein d'images d'âges différents. Donc, ça m'a permis de voir quels sont les traits essentiels qui perdurent à travers le temps. Fort de ces connaissances-là, j'ai réalisé une maquette en terre, en argile, et j'ai impulsé les formes véritables, ce que j'ai retenu d'essentiel. Et tout le travail après, c'était de chercher dans la pierre comment réaliser cette forme-là.

« Son histoire est exceptionnelle »

Pour Serge Letchimy, président du conseil exécutif de la CTM, il faut s’inspirer du Dr Pierre Aliker, qui devrait servir d’exemple à la population martiniquaise.

Et si la jeunesse pouvait s'inspirer de ses traces, ce serait tellement important. C'est la fidélité, c'est la dignité, c'est l'engagement, c'est le fait de ne jamais céder à la facilité. Il exigeait qu'on aille dans l'excellence, qu'on soit nos propres spécialistes et qu’on ne laisse pas aux autres le souhait de nous guider par la pensée. S'il y a des choses à faire, il faut déjà qu'on s'en occupe et qu'on cherche à ne pas être dépendants d'un autre. Et dans le domaine de la santé, il a été remarquable. Son histoire est exceptionnelle. Et c'est un homme qui est dans une lutte continue, sans faillir. Le fait qu'il ait porté le blanc pendant toute sa vie, c'est un acte de deuil par rapport à son frère qui a été assassiné en 34, André Aliker, mais c'est en même temps un acte de militantisme contre l'anticolonialisme.

« Pour répondre aux besoins de l’hôpital »

Pour Didier Laguerre, maire de Fort-de-France, il était important d’accompagner la construction de la résidence Aliker à la condition qu'elle accueille des professionnels de santé.

Le terrain était propriété de la ville et il me tenait à cœur qu'on réalise un ensemble immobilier qui réponde aux besoins de l'hôpital. On est juste à côté. On peut même sortir de l’hôpital en tant que malade et venir pour être logé provisoirement à pied. Pour moi, c'était vraiment important. Et le fait que la résidence porte le nom du docteur Aliker, qui a œuvré toute sa vie municipale à l'amélioration des conditions de vie, y compris des conditions de santé des Martiniquais et des Martiniquaises qui fréquentent Fort-de-France, ça avait du sens. On ne pourrait pas faire une résidence Pierre Aliker avec simplement du logement classique et traditionnel.

« Un témoin de notre histoire »

Pour Gilbert Pago, historien, Pierre Aliker est un modèle de l’excellence martiniquaise qui doit être célébré.

Aliker pour moi est important dans la mesure où il a vécu tout le long du XXᵉ siècle et qu'il a connu toutes les péripéties qui ont frappé ce pays, c'est-à-dire la fin de la crise politique, tous les drames. En plus, son frère a été assassiné en 1934. Il a ensuite été un élu politique pendant 56 ans. Il s'est beaucoup intéressé à la politique de la santé et aussi à la culture. Et c'était un grand sportif. Il a été un témoin de ce qu'a été notre histoire.

« Un devoir de mémoire »

Pour Yannick Mudard, vice-président de l’association Murmure d’un art caribéen, il faut valoriser nos icônes et notre culture.

C'est une association qui a été récemment créée et qui a pour ambition de mettre l'accent sur la culture de la Martinique, sur le patrimoine et sur les grands personnages. Et à titre d'illustration, nous avons mis à l'honneur le grand personnage du Dr Pierre Aliker. C'est juste un exemple qui montre la dynamique dans laquelle nous nous inscrivons. C'est important parce que nous avons un devoir de mémoire. Nous avons cette transmission nécessaire vis-à-vis des générations futures et même vis-à-vis des générations actuelles. L'élément identitaire est fondamental dans toute société.