Grève : que dit la loi sur le paiement des jours de grève ?

Par 08/10/2025 - 12:14

Au cœur du conflit en cours à la SAUR, une question revient avec insistance : celle du paiement des jours de grève. Une problématique récurrente dans de nombreux mouvements sociaux. Isabelle Ollivier, avocate au barreau de Martinique et spécialiste du droit du travail, rappelle le cadre légal et les marges de négociation possibles.

    Grève : que dit la loi sur le paiement des jours de grève ?

Selon le droit du travail, la règle est claire : le salaire étant la contrepartie du travail fourni, les jours non travaillés pour cause de grève ne sont pas rémunérés.  Cette logique découle directement du contrat de travail, qui établit un accord entre l’employeur et le salarié. Isabelle Ollivier, avocate au barreau de Martinique et spécialiste en droit du travail explique pourquoi ce contrat est important.

Pour modifier ce contrat, il faut nécessairement l’accord des deux parties. La grève fait partie de ce processus de négociation : les salariés arrêtent le travail pour obtenir des améliorations, mais si leurs jours étaient automatiquement payés, les parties ne seraient plus à égalité.

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Des aménagements possibles

Si la règle est ferme, la pratique ouvre la voie à des ajustements. « Les parties peuvent tout à fait négocier pour adoucir les conséquences », précise l’avocate.
Plusieurs solutions existent : prise en charge partielle par l’employeur de certains jours de grève, étalement des retenues sur salaire pour limiter l’impact financier immédiat, transformation de jours de grève en jours de congés payés ou encore paiement anticipé de certaines primes pour compenser les pertes.

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Ces mécanismes permettent de réduire les tensions sociales tout en respectant le principe légal du non-paiement des jours non travaillés.

Isabelle Ollivier insiste également sur une distinction fondamentale.

Il ne faut pas confondre avec le droit de retrait. Lorsque ce droit est fondé, les jours de retrait doivent être payés. En matière de grève, c’est différent.

Le sujet du paiement intervient souvent en fin de négociation, une fois les revendications principales traitées. Mais il reste sensible : « C’est dommage que ce point-là fasse parfois échouer des discussions alors que la plus grosse partie du litige est déjà résolue », souligne-t-elle.

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Question sociale et juridique

Au-delà de la règle de droit, la question du paiement des jours de grève illustre les tensions entre employeurs et salariés à l’issue des conflits estime Isabelle Ollivier.

Lorsqu’on n’a pas travaillé plusieurs semaines, cela pose un vrai problème de rémunération. C’est pourquoi les employeurs acceptent parfois d’en prendre une partie en charge, mais la solution la plus courante reste l’étalement des jours.

Ainsi, si la loi fixe un cadre strict, la sortie de crise dépend souvent de la capacité des deux parties à inventer des compromis pour dépasser le blocage.


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