[DOSSIER] Grève générale de 2009 : 16 ans après le K5F
Ce mercredi 5 février marque la date anniversaire du début d’une des plus grandes grèves générales qu’a connue notre île en 2009. Et 16 ans plus tard, la question de la vie chère est encore sur le devant de la scène. C’est cette même problématique qui avait conduit des milliers d’Antillais à fouler les rues de Guadeloupe et de Martinique pour porter leurs revendications. Retour sur cette période marquante.
Plus d’un mois de mobilisation, des marches, des sit-in, des réunions de négociations à pas d’heures qui se sont enchainées en préfecture avec en tête les syndicats, les services de l’État, la grande distribution et bien d’autres.
C’est une plateforme de revendications d’une trentaine de points qui était portée. Un mouvement totalement différent de celui initié par le RPPRAC (Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéennes) l’an dernier, mais avec en toile de fond les mêmes problématiques.
Kolektif du 5 févrié
K5F, 16 ans plus tard, le nom du Kolektif du 5 févrié est encore dans tous les souvenirs. Des activités économiques complètement bloquées, des barrages à l'entrée des zones industrielles et commerciales, une pénurie d'essence, des transports publics à l'arrêt, et surtout cette couleur qui est encore revenue l’an dernier : le Rouge de la colère.
Avec ce mouvement, le premier geste acté par le gouvernement a été la baisse du prix des carburants. Mais qu’a-t-on obtenu après ces longues semaines de grève générale ?
Michel Branchi, ancien commissaire de la concurrence et de la consommation :
En 2009, le mouvement a été lancé par les syndicats, par les partis politiques. Il y a eu une négociation qui a abouti à un certain nombre de conclusions. En particulier, on a abouti à la baisse de plus de 400 produits. On a augmenté le pouvoir d'achat d'un certain nombre de 200 € dans le secteur privé. Ça a duré pendant trois ans.
Un combat récurrent
Mais 16 ans plus tard, il n'y a pas vraiment d'amélioration du coût de la vie. C'est même plutôt le contraire.
Gilles Marthe faisait également partie des acteurs marquants de ces 38 jours de grève. Concernant la nouvelle lutte lancée par le RPPRAC depuis le deuxième semestre 2024, il constate notamment l’appui des réseaux sociaux qui n’était pas aussi prononcé il y a 16 ans.
Le combat revient, mais nous n'avions pas les mêmes moyens. Maintenant, il y a les réseaux sociaux qui ont pris de l'ampleur. Et puis, il ne faut pas oublier que la difficulté que nous avons eue en 2009, c'est que nous n'avions pas de relais. Il n'y a pas eu une permanence et un suivi de l'accord que nous avons eus en 2009, ce qui fait qu'il y avait un manque de moyens au niveau technique et également au niveau des gouvernances, qu'elles soient politiques ou économiques. (…) C'est un mouvement qui est légitime. Bien entendu, comme il n'y a pas eu de résultat, il y a eu une opposition frontale. Mais au-delà de cette opposition-là, il faut maintenant construire. Et c'est ce qu'il manque actuellement pour pouvoir arriver à quelque chose de beaucoup plus positif et satisfaisant.
Des améliorations attendues
Mais au-delà de la vie chère, c’est plus largement le pouvoir d’achat des Martiniquais qui se serait effondré depuis février 2009.
Les difficultés se sont encore renforcées avec le temps, la pauvreté a grandi en Martinique, c’est le constat dressé par l’économiste, Michel Branchi.
Une partie de la population qui a basculé dans la pauvreté. C'est ça le fond du problème. Il y a d'une part la vie chère, mais il y a le sentiment, le vécu, le ressenti. Le ressenti d'une partie de la population, c'est qu'elle est laissée pour compte dans la situation actuelle et que par conséquent, les pouvoirs, je parle à la fois du pouvoir central et du pouvoir local, mais surtout quand on parle de pouvoir d'achat, c'est surtout le pouvoir central, a abandonné une partie de la population.
Depuis le début de l’année 2025, les portefeuilles des Martiniquais bénéficient d’un léger souffle en caisse avec l’application d’une partie du protocole d’accord signé le 16 octobre.
Mais la population reste encore en attente d'un autre volet important : le vote dans le budget de l’État de l’exonération de la TVA. Au total, trois leviers restent à enclencher.
La proposition de loi Vie chère du groupe socialiste et apparentés doit encore affronter le Sénat quand une date sera fixée dans l'agenda.
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