Les ouvriers de la banane de Martinique et de Guadeloupe unis contre le chlordécone
Samedi matin (10 mars 2018), la CGTM et la CGTG ont tenu une conférence de presse commune à Fort-de-France au sujet des ouvriers de la banane exposés au chlordécone. Les deux organisations syndicales demandent des analyses systématiques sur les ouvriers agricoles et ont entamé une action en justice.
Ils étaient en première ligne face au poison qu'est le chlordécone. Ils se sont les ouvriers de la banane. Durant deux décennies, ils ont, à la demande de leurs patron, répandu la molécule toxique dans les bananeraies de Martinique et de Guadeloupe. Souvent oubliés des débats sur le chlordécone, ils ont décidé de passer à l'action.
La CGTM et la CGTG ont ouvert deux champs de bataille. Le premier est judiciaire puisque une plainte a été déposé par les deux syndicats la semaine dernière en Guadeloupe. Ils entendent ainsi demander des comptes aux grands patrons de la banane qui importaient à l’époque ces pesticides. "Nous allons demander des comptes pour envoyer les responsables en prison et pour qu'ils indemnisent les victimes et leurs ayant droits qu'ils soient Martiniquais, Guadeloupéens, Sainte-Luciens ou Haïtiens. Il y a une situation où les travailleurs meurent du cancer de la prostate et de d'autres cancers. Ce que nous voulons c'est que toute le monde parle. On se réjouit qu'en Martinique des médecins viennent appuyer ce combat", observe Jean-Marie Nomertin de la CGTG.
L'autre champ de bataille c'est la santé des ouvriers agricole qui ont été en contact avec le chlordécone. "Nous avons utilisé ce produit dans de très mauvaises conditions. À l'heure actuelle, il y a des équipements sur les exploitations qui n'existaient pas à l'époque. Les ouvriers rentraient chez eux avec le produit sur eux. Ce qui est plus décevant c'est que de nombreux ouvriers agricoles même des jeunes souffrent de cancers notamment de la prostate. Personne ne parle de nous", s'insurge Marie-Hélène Marthe dite Surély de la CGTM. Un combat appuyé par des professionnels de santé. "Le dosage de la chlordécone dans le sang est donné par la chromatographie en masse gazeuse et la spectrométrie de masse. Les appareils pour faire ces examens coûtent 500 000 euros. Il y a des laboratoires qui sont prêts à nous permettre de collecter les doses de chlordécone sur les ouvriers agricoles, les femmes enceintes, les enfants en bas âge et les adolescents. Avec ces résultats, on peut orienter l'alimentation de ces populations pour contenir leur niveau de chlordécone", explique Jean-Michel Macni, médecin au Lorrain.
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