En Martinique la médecine du travail est en première ligne face à la détresse psychologique des employés

Par 10/10/2025 - 10:26 • Mis à jour le 12/10/2025 - 07:33

Ce vendredi 10 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, un sujet sensible refait surface : celui de la santé psychologique en entreprise. Harcèlement, burn-out, pression constante font aussi partie des réalités de nombreux environnements professionnels en Martinique.

    En Martinique la médecine du travail est en première ligne face à la détresse psychologique des employés

Ce sont dans les locaux de l' AISTM l(Association Interentreprises de Santé au Travail de Martinique), que les salariés, en situation de souffrance psychologique, trouvent une oreille attentive à leur détresse. Certains reviennent de loin avec la tentation de tomber dans des gestes extrêmes. Derrière les murs des entreprises, la souffrance est bien réelle. Un psychologue du travail raconte :

J’ai peut-être en tête une entreprise, une salariée que nous avons reçue qui a fait une fausse couche sur son lieu de travail et son employeur lui a demandé de rapidement tout nettoyer et de se remettre au travail.

Un fait réel, survenu en Martinique, qui illustre jusqu’où peut aller la négligence de certains employeurs. La salariée concernée a depuis quitté son poste, mais d’autres continuent de souffrir en silence.

Difficile de quitter son emploi

Rompre un contrat de travail dans un contexte de détresse psychologique n’est pas chose aisée. Djibril Bane, psychologue à l’AISTM, souligne la complexité des démarches.

Pour rompre un contrat de travail, c’est soit la rupture conventionnelle, soit la démission, et/ou une inaptitude professionnelle prononcée par le médecin du travail. Mais ce n’est pas toujours simple : un patron peut refuser une rupture conventionnelle après 25 ans d’activité. Finalement, le salarié reste dans une situation inconfortable, avec des risques d’accidents vasculaires cérébraux, de suicides, ou d’altercations entre collègues.

Des employeurs inégaux face à la prévention

Si la santé mentale est inscrite dans les textes, sa prise en compte concrète varie fortement selon les entreprises. Le docteur Amélie Maillard, médecin du travail à l’AISTM, constate un manque de moyens et de sensibilisation.

Je dirais que ça dépend des entreprises. La santé mentale est prise en compte dans les textes. Mais en pratique, autant les acteurs que les employeurs sont souvent démunis. Certains dirigeants se sentent concernés et nous orientent des salariés. La plupart du temps, ce sont ces derniers qui viennent d’eux-mêmes, quand ils savent qu’ils peuvent nous consulter sans que l’employeur en soit informé.

Des chiffres qui inquiètent

Selon l’AISTM, le stress et le burn-out (18%), les difficultés liées à un management défaillant (18%) et le harcèlement moral présumé (15%) sont les trois motifs de souffrance au travail les plus fréquents.

Mais la tendance inquiète : avec les réformes, la médecine du travail subit des restrictions, ce qui relevait hier de l’obligation n’est aujourd’hui qu’une simple recommandation, parfois ignorée par les employeurs.


√ Rejoignez notre Chaîne Whatsapp, RCI INFOS MARTINIQUE, pour ne rien rater de l’actualité : cliquez ici.

Tags