Chlordécone : un moratoire sur les limites maximales de résidus évoqué
La réunion interministérielle qui s'est déroulée ce mercredi matin à Paris autour du chlordécone a moyennement satisfait les parlementaires de Martinique et de Guadeloupe. L'idée d'un moratoire sur les LMR avec un retour aux limites de 2005 a été évoquée mais cette proposition n'apparaît pas dans le communiqué des trois ministres.
Annick Girardin, ministre des Outre-mer, Agnès Buzyn, ministre de la Santé et Stéphane Travert, ministre de l'agriculture ont reçu les parlementaires de Martinique et de Guadeloupe pour une réunion autour du chlordécone. Les élus de nos îles étaient venus proposer un moratoire sur les Limites Maximales de Résidus de chlordécone validées en 2013 par l'Union Européenne.
Et à leur sortie du ministère des Outre-mer où se tenait la rencontre, les députés affichaient une certaine satisfaction teintée de défiance. "Enfin on a eu une réunion avec les trois ministres. Cela nous a permis de dire ce qu'on pense : c'est un drame. Le constat est fait qu'on a laissé les choses aller sur le terrain et au niveau national dans des conditions inacceptables. Les plans d'action ne sont pas mis en oeuvre. On a subi une augmentation des LMR. Alors le principe d'un moratoire sur les LMR a été adopté et le principe de la relance de la dynamique globale sur les plans d'action (sols, santé, étude épidémiologique). Maintenant nous sommes très vigilants. Nous allons nous rencontrer dans un mois pour formaliser tout ce qui a été discuté y compris le moratoire sur les LMR", a réagi Serge Letchimy à la sortie de la réunion.
Cependant si le moratoire a été évoqué lors des échanges, il n'aparaît pas dans le communiqué commun des trois ministres. Au sujet des LMR, ils écrivent : "Les ministres ont d’abord rappelé que les contrôles mis en oeuvre sur les produits agricoles et alimentaires depuis 2005 n’ont pas été affectés par les modifications réglementaires européennes intervenues en 2013 sur les limites maximales de résidus (LMR), car l’Etat n’a pas changé son dispositif de contrôle (basé sur les LMR fixées en 2005). Les ministres vont saisir la commission européenne afin de confirmer la stratégie française en matière de contrôle".
Concernant l'application du plan chlordécone 3, "les ministres ont tenu à rappeler la nécessité d’associer les élus et les associations au pilotage du plan et de mieux communiquer sur les actions entreprises par l’Etat. A cet effet, les ministres ont pris l’engagement de réunir les parlementaires et les présidents des exécutifs locaux dès le mois prochain pour continuer à travailler, répondre aux questions soulevées et améliorer le plan chlordécone III" peut-on lire.
Une orientation qui irrite particulièrement le député de Martinique, Jean-Philippe Nilor : "Les propositions faites par le gouvernement sont très pauvres. J'ai le sentiment que le gouvernement n'a pas conscience de la responsabilité de l'Etat dans la tragédique que nous sommes en train de vivre. On nous parle de financement pour le plan chlordécone 3 dans lequel les collectivité locales devraient intervenir... Cela veut dire que c'est avec l'argent des Martiniquais et des Guadeloupéens qu'on va financer ce plan alors que nous en sommes les principales victimes. Il y a des choses que nous ne sommes pas prêts à entendre aujourd'hui. L'avantage pour nous c'est que les parlementaires affichent une relative solidarité? Nous attendons les réponses qui nous serons soit disant portées dans un mois. Mais il s'agit bien d'un génocide par empoisonnement".
Le débat sur le chlordécone va se poursuivre ce mercredi à l'Assemblée Nationale. Les députés de la délégation Outre-mer auditionne la ministre de la Santé à partir de 13 heures (heure de Martinique).
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