Sécurité, langue créole, sargasses : le préfet livre sa vision sur RCI
Le climat insécuritaire, la langue créole ou encore le GIP (groupement d’intérêt public) sargasses : Jean-Christophe Bouvier s’est exprimé en direct de RCI, ce samedi 2 septembre, dans le journal de 13h.
Ce samedi, le préfet de Martinique, Jean-Christophe Bouvier est revenu sur trois des principaux sujets occupant l’esprit des Martiniquais : la sécurité, les sargasses et la langue créole. Invité de la rédaction, au micro de Florence Treuil, le préfet parle de délinquance « plutôt stable » en Martinique.
La délinquance générale est plutôt stable en Martinique, mais elle se caractérise par une délinquance violente. Et cette violence est accrue par une circulation des armes de plus en plus importante sur notre territoire
Les violences intra-familiales, les violences faites aux femmes, ainsi que tout ce qui est lié au trafic de stupéfiants et à la violence d’appropriation, voici les principaux axes de lutte selon le préfet.
Pour se faire, il annonce une forte mobilisation des services de sécurité, avec un envoi d’effectif supplémentaire à compter du 1er septembre ; un « effort du ministre », soutient Jean-Christophe Bouvier.
Il y aura 70 effectifs supplémentaires pour la police nationale, ce qui fera une dotation nette de 30 effectifs
Ces dispositions s’inscrivent dans un contexte de « contenance de la violence » selon le préfet, qui se montre plutôt satisfait du travail fourni par les forces de l’ordre.
Il y a un taux d’élucidation en évolution constante en Martinique. Sur 20 cas d’homicides répertoriés au 30 août, la moitié ont été résolus et les responsables remis à la justice. Tous les moyens employés ont permis de contenir la violence. Malheureusement, nous sommes dans un environnement violent. Nous travaillons en permanence à améliorer nos moyens de luttes contre cette délinquance
En plus d’une surveillance renforcée des côtes martiniquaises et d’un renforcement de la coopération avec Sainte-Lucie, la signature d’un contrat territorial en Martinique est prévue afin de « permettre une meilleure organisation de toute la chaine de lutte contre la délinquance ».
Une langue régionale « reconnue », mais pas officielle
Le 25 juillet dernier, une demande de retrait de la délibération de la CTM ayant pour but de faire du créole une langue officielle, a été émise par le préfet. Serge Letchimy, président de la Collectivité territoriale de Martinique, a refusé de retirer toute délibération.
Interrogé sur le sujet, le préfet compte bien saisir la justice.
Dans mon rôle de vigie et de surveillance du respect du droit, j’ai à constater que la reconnaissance du créole comme langue officielle de la Martinique avec le français est inconstitutionnelle. Selon la constitution française, la République ne reconnait qu’une langue et c’est le français. Et donc sur cette base, j’entends saisir le juge administratif afin qu’il retire la délibération litigieuse
Le préfet affirme que malgré le fait que le créole ne puisse pas être considéré comme une langue officielle par la République, cette langue reste « une richesse culturelle et identitaire qui constitue la France »
Le principe constitutionnel de liberté d’expression, consacre les langues régionales comme un vecteur de cette liberté et de création culturelle et d’affirmation identitaire
Par ailleurs, Jean-Christophe Bouvier a tenu à souligner les moyens déjà mis en place pour l’enseignement du créole dans les classes martiniquaises.
La loi prévoit un certain nombre de moyens pour favoriser l’expression et l’enseignement des langues régionales en Martinique. Le créole est d’ores et déjà enseigné dans un tiers des classes de premier degré et dans un quart des classes de second degré. Le plan créole, mis en place par le rectorat, prévoit le passage de 39 classes bilingues à 110
Concernant la position de Serge Letchimy, le préfet affirme que ce dernier « appliquera la décision du juge ».
Serge Letchimy inscrit son action dans un cadre légal et dans le cadre de la République. Il appliquera la décision du juge, il l’a lui-même dit. Cela ne nous empêchera pas de travailler à la valorisation de cette langue au sein des établissements scolaires de Martinique
Le GIP sargasses
Le 15 mai 2023, une coalition rassemblant différents acteurs politiques et publiques a été formée afin de lutter d’un commun effort contre les algues sargasses.
Aujourd’hui, l’heure est au règlement intérieur et à la constitution du comité de direction, selon le préfet. Cependant, il affirme que la lutte contre les sargasses n’a jamais dépendu de cette coalition.
Il est important de finaliser la constitution du GIP, mais nous n’avons pas attendu le GIP pour expérimenter le ramassage en mer, pour co-financer les collectivités dans le ramassage à terre, pour accroitre les moyens consacrés à la recherche et pour essayer de valoriser la destruction des algues
Le GIP Sargasses sera certainement effectif en octobre, affirme Jean-Christophe Bouvier.
A ECOUTER : L'entretien de Jean-Christophe Bouvier
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