Mort de Mohana aux Assises : 17 ans de réclusion criminelle pour le beau-père

Par 29/01/2025 - 05:00 • Mis à jour le 29/01/2025 - 19:50

Marietta Rotzen et Josuah Domitille, accusés du décès de la petite Mohana, en 2020 au Morne-Vert, ont été condamnés tard dans la nuit dernière (28 janvier), après 5 jours de procès. La mère écope d'une peine de 18 mois d’emprisonnement avec sursis.

    Mort de Mohana aux Assises : 17 ans de réclusion criminelle pour le beau-père
Procès Mohana. Photo Melissa Grutus

« C'est la violence ordinaire qui a conduit à la mort de Mohana ».

Après 5 jours d’un procès lourd, Me Catherine Carderot, représentant l’association Enfance et Partage, prend la parole. Elle soutient que la fillette de 2 ans a été confrontée à ces violences dès le début de la relation de sa mère avec son beau-père Joshua Domitille.

En témoignent une brûlure seulement 10 jours après leur installation ou encore une gifle donnée par le beau-père.

La première violence est la violence de trop. Les fessés, la claque, tirer les cheveux… », insiste Me Laurence Vieyra, représentante de l’association « Les enfants d’abord »

Depuis mercredi dernier, le beau-père de Mohana, Joshua Domitille, 33 ans, comparaît pour des violences ayant entraîné la mort de la fillette de 2 ans, retrouvée décédée le 21 juillet 2020 au Morne-Vert. Sa compagne de l’époque, Marietta Rotzen, la maman, 28 ans, est jugée, elle, pour non-dénonciation de mauvais traitements sur mineur.

Également parties civiles dans ce dossier, Maîtres Daniel Luc-Cayol et Me Ludovic Romain, qui défend le père de Mohana, pointent, pour leur part, la responsabilité du beau-père, ses « mensonges » et les « signes précurseurs » dans le comportement de Joshua Domitille qui auraient, peut-être, permis d'éviter la mort de cette enfant.

« Un dossier sale », pour l'avocate générale 

L'avocate générale décrit un « dossier sale » au vu de tous les éléments du dossier.

Cet enfant est mort au cours de violences exercées à mains nues

Pour la magistrate, les expertises médicales contredisent tout ce que Joshua Domitille a pu dire à l’audience, durant cinq jours de procès. La thèse de l’accident ne tient pas, selon elle.

À l’issue de son réquisitoire, l’avocate générale requiert une peine de 20 ans de réclusion criminelle pour Joshua Domitille. Elle demande 30 mois non aménageable, pour Marietta Rotzen.

Acquittement demandé pour la mère

Des réquisitions qui « laissent sans voix » et « abasourdi » Me Louis-Philippe Sutty, avocat de la maman. Pour lui, sa cliente, « même si elle voyait des traces de bleues, même si elle voyait des traces de chutes, n'avait aucune conscience des dangers encourus par l'enfant et de la dangerosité des violences commises » par son ex-compagnon.

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Il évoque un délit la concernant et estime qu’elle n’aurait jamais dû être jugée aux Assises.

Les débats ont permis de voir que madame Rotzen n'avait aucune connaissance de ce qui se passait

Il demande son acquittement.

Un dossier beaucoup plus nuancé, pour la Défense

Aux tours des avocats de la défense de Joshua Domitille de plaider. Maître Lorraine Thouery est la première à prendre la parole.

La mort d'un enfant c'est la foudre qui s'abat et après cela, tout paraît dérisoire 

Puis, très vite, elle évoque « la barbarie judiciaire », avec, notamment, le sentiment « problématique »,  l’impression que l'on veut faire dire des choses au dossier qu'il ne dit ».

« On cherche à dresser un portrait d'un homme méchant et cruel. La barbarie judiciaire n'a jamais consolé personne, ça n'a jamais rendu personne », insiste-t-elle, détaillant chaque fait reproché à son client, pour les contester ou les nuancer.

Elle reconnaît, en revanche, la gifle. « Que ce soit une tape, que ce soit une gifle, ce n’est pas acceptable », lâche-t-elle, comme sa consoeur des parties civiles avant elle.

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Me Philippe Edmond-Mariette lui succède. L’avocat revient sur les auditions des témoins, comme les tantes de Mariette Rotzen qui évoquent de très bonnes relations entre Mohana et son beau-père.

Selon elles, c’était un homme très attentionné, plaide l’avocat. Il s'appuie ensuite sur les déclarations du père qui dit ne pas avoir constaté les traces de violences et évoque une relation cordiale avec Domitille

S'adressant aux jurés :

Faites attention à ce que l'émotion ne vous conduise pas sous le coup d'une condamnation que Joshua Domitile ne mérite pas. La réalité de ce dossier, c’est un homicide involontaire. On ne présente pas une peine de 20 ans de réclusion criminelle sur des zones d'ombres

La maman de Mohana revient à la barre. Elle veut « que justice soit faite pour (sa) fille ». Elle va souvent sur sa tombe et lui demande pardon de ne pas avoir détecté les signes. Elle en veut énormément à Joshua Domitille de ne pas lui avoir dit qu’il était tombé sur elle. Elle aurait fait le nécessaire.

Joshua Domitille exprime à ses tours ses regrets de n’avoir rien dit à l’époque.

À l’issue d’un délibéré rendu dans la nuit, les jurés ont reconnu Joshua Domitille coupable de violences volontaires ayant entraîné une incapacité, de violences volontaires sans intention de donner la mort sur Mohana, ainsi que de détention et de diffusion de vidéos pédopornographiques. Il a été condamné à 17 ans de réclusion criminelle.  

Quant à Marietta Rotzen, la mère, elle a été condamnée à 18 mois d’emprisonnement avec sursis. Elle a été jugée coupable d’avoir eu connaissance de mauvais traitements sur mineur sans les avoir dénoncés.


À ÉCOUTER La réaction de Marc-André, le père de Mohana, à l'issue du verdict

 

 


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