D'un projet de formation à l'achat de deux avions : les dirigeants d'un aéro club devant la justice

Par 03/10/2018 - 07:12 • Mis à jour le 18/06/2019 - 13:08

Le tribunal correctionnel de Fort-de-France examine aujourd'hui (mercredi 3 octobre 2018) un dossier de détournement de subventions européennes. Près d'un million d'euros auraient été utilisés pour acheter un avion plutôt que d'assurer les formations promises dans la convention.

    D'un projet de formation à l'achat de deux avions : les dirigeants d'un aéro club devant la justice

Quatre personnes comparaissent ce mercredi matin devant le tribunal correctionnel de Fort-de-France. Elles sont poursuivis pour fausses factures, détournements de fonds européens, surfacturation…

Elles avaient répondu à un projet lancé en 2013 par l’ancienne région intitulé Emploi AERO. L’objectif était de former 60 stagiaires à 60 heures de pilotage pour qu’ils obtiennent une licence de pilote privé. Outre le fait que l’objectif initial n’a pas été atteint, les officiers de la police judiciaire auraient découvert des manœuvres frauduleuses.

Surfacturation

Au total l’opération aura coûté près de 970 000€. Les deux tiers de la somme ont été financés par le FSE (fonds social européen), l'autre tiers a été provisionné par l’ex-conseil régional de Martinique. L'opération initiale consistait pour l’autorité politique à impulser une dynamique autour du secteur aéronautique. 

L’aéroclub Martinique saute donc sur l’occasion. Sauf que l'association n’a manifestement pas le moyens humains et matériels pour assurer seule la formation. Ses dirigeants décident donc de déléguer la formation à la société "Mike Aviation" mais les enquêteurs sont interpellés par la collusion dans ce dossier.

Les associés de la société s’avèrent en effet être les administrateurs de l’association. Outre cet aspect des choses, les enquêteurs vont surtout mettre en exergue une multitudes d'éléments, pouvant faire croire que la formation a été surfacturée et ne s’est pas déroulée dans les meilleurs conditions nécessaire à la réussite des stagiaires.

Deux avions achetés

Les policiers ont par ailleurs découvert que les subventions qui devaient servir à louer des avions auraient été détournées de leur utilisation première. Elles ont en fait servi à acheter deux avions.

Interrogés durant l'enquête,  les instructeurs comme les stagiaires ont soulevé des manquements dans la tenue et le sérieux de la formation. Au final si le bilan pédagogique fait état de 26 licences de pilotes privés et 20 brevet de base délivrés, seul 18 licences et 4 brevets ont effectivement été validés.

Les quatre prévenus devront donc s’expliquer sur tous ces points.