12 ans requis contre le professeur d’espagnol qui clame son innocence
Frédéric Roselmac a enfin pu s’exprimer devant la Cour d’Assises de Martinique pour apporter sa version des faits. L’accusé n’a visiblement pas convaincu les parties civiles et l’avocate générale qui l’ont tour à tour poussé dans ses retranchements.
Après 4 jours d'audience, le procès de Frédéric Roselmac vit ses dernières heures. Ce mercredi, en fin d'après-midi, l'avocate générale a livré ses réquisitions.
Elle demande 12 ans de réclusion criminelle à l'encontre du professeur d'espagnol poursuivi pour « viol et agression sexuelles ». Mais aussi un suivi socio-judiciaire pendant 5 ans, avec une peine supplémentaire de 3 ans en cas de non-respect.
La magistrate requiert également une interdiction d'entrer en contact avec des mineurs et une interdiction d’enseigner après sa condamnation.
Ce matin, l'audience avait début par un semblant de main tendue du président de la cour d’Assises. Ce dernier lui suggère de réagir à l’injonction des victimes d’avouer ce qui lui est reproché.
Non monsieur , Je suis innocent !
Voici les premiers mots de Frédéric Roselmac, lors du 4ème jour de son procès.
Le mis en cause insiste fermement et maintient ses déclarations. Il n’a rien à se reprocher. Au vu de sa posture, le magistrat décide de l’interroger sur les zones d’ombres et les incohérences dans cette affaire.
L’accusé charge son ex-compagne
Le premier éclaircissement concernera les recherches internet sur Wikipedia et Sénat, la veille de sa convocation à la police. L’expert informatique a relevé sur l’ordinateur de Frédéric Roselmac qu’il avait consulté des pages sur les abus sexuels sur mineur.
L’enseignant nie être l’auteur de ses recherches, il se réfugie derrière son ex-compagne.
Le mis en cause aurait juste vérifié ce que signifiait OPJ, un sigle inscrit sur sa convocation à la police. Il rétorque que ce ne serait pas logique d'avoir fait ces recherches s'il était coupable. Le président l’interrompt et lui confie que des meurtriers ont déjà fait des recherches sur comment camoufler un cadavre.
Pour clore le sujet, Frédéric Roselmac rappelle, une nouvelle fois, qu’il n’était pas le seul à utiliser l’outil informatique. Le président l'écoute, d'un air amusé, avec la main posé sous le menton.
Le magistrat l’interpelle, dans la foulée, sur ses différents changements de versions lors de sa garde à vue, puis durant l’instruction.
Très poli, l’accusé répond point après point et argumente chacune de ses réponses. Le juge demande des éclaircissements sur les contenus pédopornographiques.
Est ce votre compagne qui a aussi téléchargé les fichiers pédopornographiques, Mr Roselmac ?
L’accusé bégaie, se ressaisit et se réfugie dans le rapport de l’expert informatique. Frédéric Roselmac affirme qu’il n’a rien téléchargé d’intentionnel et que cela avait d'ailleurs été supprimé.
L’accusé piégé avec la théorie du complot
La président :
Quel est l intérêt de ces trois victimes de vous accuser faussement ? Avez-vous une hypothèse sur ce complot ?
Frédéric Roselmac :
Je ne sais pas ! Je n’ai jamais parlé de complot !
Président :
Votre Ex-compagne , Oui !
Frédéric Roselmac :
Mon ex-compagne, ce n’est pas Frédéric Roselmac !
Frédéric Roselmac est sur le point de s’emporter, il se rétracte finalement. Il se souvient avoir parlé de complot seulement lors de sa garde à vue, Il n’a jamais dit cela auparavant ni après.
Le président lui ressort la déclaration de la Conseillère Principale d’Orientation qu’il avait appelé à la réception de sa convocation. Ce témoin, à la barre, a une nouvelle fois confirmé de l’utilisation de ce terme.
Frédéric Roselmac regrette de ne pas avoir été dès hier confronté aux dires de cette femme qu’il conteste.
Une attitude insupportable pour les victimes
Frédéric Roselmac est interrogé sur l’utilisation de l’expression sexuelle et vulgaire KPN. Dans une explication boiteuse, il confirme avoir tenu de tels propos mais précise que c’était dans le cadre d’un jeu avec ses élèves. Il regrette de l’avoir fait car, à l’époque, il ne connaissait pas la signification de ce sigle.
Face à la cour, Frédéric Roselmac pense qu’on l'a accusé par rapport à son train de vie lié à sa voiture.
Regonflé à bloc, arrogant, l’enseignant se permet de juger le travail des policiers qualifié « d’insatisfaisant ». Les fonctionnaires n’ont pas cherché à prouver où il se trouvait le jour du viol.
Selon lui, il était à un examen blanc. Énervée face à ces dénégations, la plaignante de viol quitte le procès pour se calmer.
L’accusé a réponse à tout, l’avocate générale intervient et lui demande de baisser d’un ton car il commençait à lever la voix sur l’avocate des parties civiles.
En effet, Maitre Catherine Carderotpuis Maitre Katia Régis le poussent dans ses derniers retranchements. Les avocats des trois victimes le bousculent en contrebalançant ses déclarations avec les éléments de l’enquête et les témoignages. L’accusé, qui peine à répondre, est déjà sous le coup d’un autre questionnement.
Un accusé poussé à bout
Frederic Roselmac s’enferre et au final, semble s'être beaucoup décrédibilisé face aux jurés.
La stratégie de son conseil s’avère surprenante au vu de la gravité des faits reprochés. L’un des avocats du professeur d’espagnol vient à la barre pour s’excuser de ne pas avoir été à la hauteur. Dans sa courte prise de parole, Maitre Georges-Emmanuel Germany évoque la preuve qui aurait pu mettre un terme à ces poursuites judiciaires.
Il s’agit de la convocation à un examen blanc qui se déroulait le même jour que le viol. L’avocat interpelle d’ailleurs la Cour d’assises sur cette date problématique en posant des conclusions.
Le verdict dans cette affaire devrait intervenir demain (jeudi 12 octobre).
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