Stéphane Hayot : « Je ne sors pas de cette crise sur la Vie Chère en me disant que nous allons nous replier sur nous-mêmes »
Très rare dans les médias, le directeur général du Groupe Bernard Hayot a accepté de répondre aux questions de Cédric Catan ce lundi matin (21 octobre). Il revient sur le protocole contre la vie chère signé sans le RPPRAC, l’implication des distributeurs et évoque son attachement à la Martinique.
Mercredi dernier à l’issue de la 7ème table ronde, le préfet de Martinique, le président du conseil exécutif de la CTM, les parlementaires, l’observatoire des prix, des marges et des revenus, les socioprofessionnels et les représentants du monde économique (importateurs, grossistes, distributeurs, Grand Port Maritime, CMA-CGM) ont signé un protocole d’objectifs et de moyens de lutte contre la vie chère.
Le RPPRAC (Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéennes) ne l'a pas signé, exigeant une baisse sur « tout l’alimentaire » (environ 40 000 produits), et non sur 6000 à 7000 produits.
L’un des acteurs de la grande distribution, a été souvent pointé du doigt durant ces tables rondes, il s’agit du groupe GBH et son directeur général, Stéphane Hayot. Ce dernier s’exprime très rarement dans les médias mais ce lundi matin, il répond aux questions de Cédric Catan, dont il est l’invité de la rédaction.
C’est un sujet complexe mais, en réalité, depuis plus de 2 ans, les distributeurs alimentaires de la Martinique, tous, cherchent à travailler sur des solutions qui permettent de baisser significativement et durablement le prix des produits de grande consommation. Nous l’avions déjà proposé au moment de la commission parlementaire
« L'effort des distributeurs est très important »
Pour lui, avec la TVA à zéro et l’octroi de mer à zéro sur ces produits, ainsi que la baisse des frais d’approche permet de « baisser en moyenne de 20% les produits de consommation courante qui sont les produits que les consommateurs martiniquais consomment au quotidien ».
L’État et la CTM ont, en effet, signé pour la mise à zéro de la TVA et de l’octroi de mer sur une cinquantaine de famille de produits. Mais quel est l’effort de la grande distribution ? Stéphane Hayot livre sa réponse.
L'effort des distributeurs est très important en réalité. La collectivité territoriale fait de la péréquation. Elle enlève de l’octroi de mer sur les 54 familles de produits concernés, mais qu'elle repositionne sur d'autres produits. L'État, sur la TVA, fait la même chose. Les distributeurs, eux, ont pris l'engagement de baisser de façon importante leurs marges en valeur sur les milliers de produits concernés par ces 54 familles de produits. Les évaluations estiment que l'effort pour les distributeurs et des grossistes sera de plus de 10 millions d'euros par an, donc c’est un effort considérable qui va être mis dans les prix. En réalité, la continuité territoriale, les 11 millions d'euros que l'État mettra sur la continuité territoriale, les 10 millions d'euros de marge que les distributeurs et les grossistes mettront dans les prix, et cette péréquation sur la TVA et l’octroi de mer, c'est l'ensemble cumulé de ces allégements sur ces fameux prix de revient de ces produits concernés qui permettra leur baisse.
« Si l’État est prêt à aller plus loin, les distributeurs iront plus loin »
Pour Stéphane Hayot, pour « aller plus loin, il faut que l’État aille plus loin ».
On est sur un problème budgétaire, l’État doit prendre en charge la continuité territoriale, les frais d’approche des marchandises et, bien entendu, les sommes doivent être vite importantes. Aujourd’hui, on parle de 11 millions d’euros pour cette continuité territoriale. Si l’État est prêt à aller plus loin, les distributeurs iront plus loin
Il rappelle à nouveau que le bénéfice des distributeurs, derniers maillons de la chaîne, n’est que de 2% aujourd’hui.
Après 2009, deux rapports de l’Autorité de la Concurrence, une autorité totalement indépendante, ont montré que le problème ne venait pas des marges des distributeurs. Quand on vend un produit 100 euros, il reste 24 euros de marge mais ce n’est pas le bénéfice, c’est ce qu’il reste pour payer ses charges (collaborateurs, bâtiment, électricité…). À la fin, il ne reste que 2 euros.
« Je suis né à la Martinique, je mourrai à la Martinique »
Selon le directeur général de GBH, c’est l’éloignement géographique, les contraintes structurelles qui font que la vie est chère. « Ce qui est vrai à la Martinique est vrai dans toutes les îles, à Barbade, à Sainte-Lucie, à Hawaï, en Polynésie française où nous ne sommes pas présents… ».
« Conscient » de la crise sociétale au-delà de cette simple question de la vie chère, Stéphane Hayot assure, pour sa part, être conscient de « devoir faire mieux ».
Je ne sors pas de cette crise en me disant que nous allons nous replier sur nous-mêmes mais, au contraire, avec l’envie d’en faire plus. Je suis un Martiniquais, j’aime la Martinique. On a envie que la Martinique gagne, pour qu’elle gagne, il faut qu’elle valorise ceux qui font. Si elle ne le fait pas assez, c’est que, probablement, ils doivent mieux travailler pour expliquer comment ce qu’ils sont en train de faire, comment ils le font. À chaque fois que je croise un jeune Martiniquais qui a envie d’entreprendre, je trouve ça formidable. C’est vers cela que nous devons aller
Pour lui, pas question de quitter l’île. « Je suis né à la Martinique, je mourrai à la Martinique ».
À ÉCOUTER L’entretien complet de Stéphane Hayot, directeur général de GBH
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