Quel avenir pour la filière Canne-Sucre-Rhum ?

Par 20/09/2022 - 15:09 • Mis à jour le 20/09/2022 - 15:15

Hier matin, lundi 19 septembre, les acteurs de la filière ont procédé à un bilan de la campagne 2022. Malgré une pression accrue sur le marché, l'excellence de la canne martiniquaise pourrait en faire un allié de poids dans le cadre de la transition écologique.

    Quel avenir pour la filière Canne-Sucre-Rhum ?
Image d'illustration

Un marché et une production en berne

À l’hôtel Karibéa Valmenière, à Fort-de-France, la Sica Canne – union (union des producteurs de canne de Martinique), la sucrerie Saem le Galion, le Syndicat AOC Martinique, et le Coderum (Comité martiniquais d’organisation et de défense du marché du rhum), ont ainsi évoqué les perspectives de leur secteur.

Premier constat, la production de canne a diminué de 10 % par rapport à 2021. En cause, l’enherbement, le réchauffement climatique et le manque de moyens pour le renouvellement des parcelles. Dans le même temps, la production de rhum enregistre une légère baisse de 1 %.

L’embauche d’une main d’œuvre étrangère, la mécanisation et l’irrigation sont de fait des leviers sur lesquels la filière sensibilise. Il est néanmoins à noter que la vente de rhum martiniquais est aussi en perte de vitesse. Avec l’inflation, la concurrence de rhums de pays tiers, une pression fiscale accrue, un coût de l’énergie qui augmente comme celui des matières premières, les perspectives d’affaires sur l’Europe sont contrariées.

Mais “la qualité est là”

Car pour autant, une demande de 80 000 tonnes de canne est à satisfaire pour les distilleries locales et la sucrerie. Et si la quantité manque, “la qualité est là”.

La Martinique détient en effet le seul rhum Appellation d'Origine Contrôlée (AOC) au monde depuis 25 ans. L’arrivée de deux nouveaux opérateurs de marques AOC et deux autres à venir témoigne d'ailleurs de l’engouement pour une filière dynamique, qui intègre à la fois une composante agricole, une dimension industrielle, et une valorisation touristique.

La canne, levier de transition écologique

La canne à sucre a un indice de traitement aux produits phytosanitaires compris entre 2 et 3, quand pour la pomme, par exemple, c'est dix fois plus. Pour Justin Ceraline, président de la Sica Canne – union, la production martiniquaise est à 80 % biologique.

Désormais, nous sommes très peu utilisateurs de pesticides dans la canne. Nous faisons beaucoup de désherbage mécanique et manuel. Notre projet, c'est de valoriser ces techniques culturales pour démontrer que cette matière première est un produit sain pour le sucre et le rhum. Dans l'environnement, la culture de la canne absorbe quasiment 60 kilos de CO2 par hectare, ça a donc une très forte valeur écologique, quasiment autant qu'une forêt vierge.

Champ de canne ou forêt vierge, même combat. Charles Larcher, président du CODERUM, y voit une piste à étudier.

Il s'agirait de faire comme pour la forêt guyanaise. La canne à sucre de l'Outre-mer est un puits de carbone. Comment le valoriser pour mettre en place des quotas de CO2 qu'on pourrait mettre sur le marché international, de telle sorte qu'il y ait une rétribution complémentaire pour l'agriculteur martiniquais, mais aussi guadeloupéen, réunionnais et guyanais.

Valoriser financièrement ce bilan écologique positif de la production de canne à sucre, un levier de plus pour relever les défis du changement climatique et de la transition écologique.

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