Pénurie de chlore : les propriétaires de piscines naviguent en eaux troubles
Les piscines publiques surveillent de près leur stock de chlore. La production et l'approvisionnement du produit chimique sont sous tension depuis plusieurs mois.
Depuis plusieurs mois, l’approvisionnement en chlore est très difficile au niveau mondial. Plusieurs facteurs expliquent ces difficultés : l’épidémie de Covid, avec une explosion des installations de piscine chez les particuliers, les confinements qui ont stoppé la production en Chine, premier producteur mondial de Chlore.
Il faut aussi prendre en compte un incendie majeur survenu dans une usine chimique américaine fin 2020 et des problèmes de fret et de transport, qui frappent le monde entier.
Produit dangereux
"On est face à deux grosses problématiques", reconnaît Thomas Punter, directeur d'exploitation de Cotterell. "La première, c'est l'approvisionnement pour réussir à avoir du chlore. La deuxième, c'est l'augmentation tarifaire qu'on subit depuis quelques mois", déplore-t-il.
"Ce que l'on sait, selon nos fournisseurs, c'est qu'il y a d'énormes pénuries des composants du chlore, des matières premières. Les productions sont donc très diminuées", analyse Thomas Punter.
Produit toxique et dangereux, l'acheminement du chlore en grande quantité demande un encadrement très spécifique. De ce fait, les professionnels du transport spécialisés pour le chlore sont très rares. "Le chlore doit être transporté à l'écart des autres produits, en petites quantités et il présente des risques d'explosion", précise Thomas Punter.
En Martinique, ces tensions sur l'approvisionnement mondial ne sont pas sans conséquences. Les prix flambent, avec près de 13 euros pour un kilo de chlore (un prix dégressif en fonction des quantités achetées).
Des stocks limités
A l’approche de la haute saison touristique, les professionnels sont en alerte, qu’ils soient fournisseurs ou exploitants. Des stocks de quelques mois ont été constitués, mais les fournisseurs craignent une pénurie d’ici janvier, si le chlore n’est pas de nouveau acheminé en Martinique.
Certains propriétaires de piscines doivent constituer des stocks délocalisés. C'est le cas du Black Diamond avec son immense piscine à toboggan. L'établissement ne peut garder de grandes quantités de chlore. "C'est quelque chose de très corrosif. Plus on en stocke dans une pièce, plus on a des difficultés à y entrer. Aujourd'hui, on essaye d'absorber cette augmentation mais à un moment on ne pourra plus", explique Marc Edson Saint-Aimé, directeur de l'établissement.
Au centre Aquatique communautaire Pierre Samot au Lamentin qui compte quatre bassins, une solution est à l’étude pour ne plus dépendre des livraisons de chlore. "Depuis deux ans nous sommes en lien avec la Cacem sur ce sujet. D'ailleurs, ce mois-ci, un appel à assistance de maîtrise d'ouvrage sera lancé pour pouvoir changer le système de chloration du centre aquatique communautaire", indique Julien Panevel, directeur du centre aquatique Pierre Samot.
"Nous avons des pistes mais il faut savoir que 5 tonnes de chlore à produire sur site c'est énorme. On pense passer par une électrolyse du sel mais il faudra bien sûr des stocks de sel", précise-t-il.
La direction du centre espère mettre en place cette solution dès 2023. "Cela nécessite des compétences que nous n'avons pas encore donc il faudra un temps de formation et un temps d'installation des différentes machines", note Julien Panevel.
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