France-Antilles publie peut-être ses dernières pages
L'édition numéro 15 948 de France-Antilles Martinique est peut être la dernière du quotidien local. Le tribunal de commerce de Fort-de-France doit se prononcer ce jeudi sur l'avenir de la publication.
France-Antilles existera-t-il demain ? C'est cette question angoissante que se posent les 235 salariés du média local. Le numéro 15948 de ce jeudi 30 janvier 2020 pourrait être le dernier du quotidien. C'est en tout cas la crainte exprimée en Une du journal.
Sous le titre "Les dernières pages de France-Antilles", la rédaction indique à ses lecteurs qu'ils ont peut être entre les mains l'une des dernières éditions du journal créé en 1964.
En effet, le tribunal de commerce de Fort-de-France devrait prononcer ce jeudi matin la mise en liquidation judiciaire de la société éditrice détenue par AJR Participation.
À compter de demain, les Antilles comme c'est déjà le cas en Guyane depuis quelques jours seront les seules régions de France à être privées d'un journal quotidien.
Un plan incomplet
Vendredi dernier, lors d'une conférence de presse, les salariés du quotidien avaient répété les craintes qui les habitaient depuis la mise en redressement judiciaire du journal en juin dernier.
Il faut dire que le plan de reprise proposé par Aude Jacques Ruettard, petite-fille de Robert Hersant propriétaire du journal durant son âge d'or, n'était toujours pas bouclé en fin de semaine dernière. 1,3 million d'euros manquaient encore. Sans ces fonds, la liquidation du journal est assuré.
Pourtant la propriétaire du quotidien local a réalisé une juteuse opération à son arrivée en 2017 en transférant le patrimoine immobilier de France-Antilles estimé à 8,5 millions d'euros dans une autre société.
Si toutefois le tribunal acceptait l'offre de l'actuelle propriétaire, 111 licenciements devraient intervenir. Selon les salariés, l'enveloppe prévue par AJR Participations n'est que de 125 000 euros, bien loin des 225 000 euros provisionnés en 2014 pour le départ de 67 salariés.
De grands changements
Outre les licenciements, France-Antilles devrait connaître un bouleversement de son ADN en cas de poursuite de l'activité. Le journal diffusé du lundi au samedi pourrait ainsi devenir un tri-hebdomadaire dès que le tribunal se sera prononcé.
Ce changement de format pourrait induire une modification de la ligne éditoriale sur laquelle règne un flou total.
L'autre grand bouleversement tient dans la disparition de l'équipement industriel de Martinique. Dans le plan élaboré par AJR, une seule imprimerie assurera la production des journaux de Martinique et de Guadeloupe, celle située dans l'île soeur. Pourtant, l'imprimerie de Martinique avait été rénové à grands coups de millions et inaugurée en février 2019.
Le texte de la rédaction de France-Antilles diffusé à la Une du quotidien de ce jeudi 30 janvier 2020 :
Chers lecteurs, Vous avez entre vos mains la ou l'une des dernières éditions de votre journal France-Antilles créé en 1964. Le tribunal de commerce de Fort-de-France devrait prononcer, ce matin, la mise en liquidation de sa société éditrice détenue par AJR Participations.
Aussi, les Antilles et la Guyane seront les premières et donc les seules régions de France à être privées d'un journal quotidien. Mais au-delà de cette triste première, le record, et sans doute le seul à vraiment retenir, est celui du cataclysme social engendré qui jette à la rue 235 salariés et leurs familles de Martinique, de Guadeloupe et de Guyane. Un pan du patrimoine de la presse martiniquaise et un des marqueurs clés de l'identité de notre pays s'effondrent. Souhaitons que cette disparition renforce la volonté des citoyens martiniquais à se battre encore davantage pour le maintien et le développement de médias locaux ayant uniquement le souci d'une diffusion d'informations plurielles vérifiées et vérifiables.
La Rédaction
√ Rejoignez notre Chaîne Whatsapp, RCI INFOS MARTINIQUE, pour ne rien rater de l’actualité : cliquez ici.