« À l’affût du monde » : la fondation Clément célèbre l’œuvre de Serge Goudin-Thébia

Par 07/09/2025 - 08:48 • Mis à jour le 07/09/2025 - 08:53

La fondation Clément rend hommage à Serge Goudin-Thébia, artiste plasticien d’origine guyanaise disparu en 2013, à travers une exposition posthume intitulée « À l’affût du monde ». A découvrir jusqu’au 2 novembre.

    « À l’affût du monde » : la fondation Clément célèbre l’œuvre de Serge Goudin-Thébia
@Inès Khiari

La fondation Clément rend hommage à l’artiste plasticien Serge Goudin-Thébia, décédé en 2013.

L’exposition posthume « A l’affût du monde » a ouvert ses portes au public vendredi (5 septembre) et se prolongera jusqu’au 2 novembre.

D’Agen à la Guyane en passant par la Martinique, plus d’une centaine de pièces présentent l’univers de l’artiste guyanais.

Il aura fallu près de deux ans pour concevoir cette exposition.

Trois salles

Gravures, peintures, collages et même poèmes, trois salles composent cette rétrospective autour de l'artiste plasticien Serge Goudin-Thébia.

Le commissaire en charge de sa création, Frank Doriak, l’a construite autour de ce personnage.

Il s’agissait d'essayer de le cadrer. J'ai essayé de le faire en trois thématiques : Chercheur de l'or du temps, Géopoétique et Là où nous allons tous. Ces trois titres existent déjà dans sa poésie.

Le bleu

La ligne directrice de l'exposition, le bleu, est un choix loin d'être anodin, comme l'explique Frank Doriak.

Il le dit dans ses poèmes. Le bleu s'est imposé à lui. En Martinique, il habitait à Tartane, face à la mer. Et donc il avait le bleu de la mer, le bleu du ciel et comme il dit, le cosmos. Le bleu, lui, était cosmique. Il le pénétrait jusqu'au bout des ongles, comme il disait.

Au fil du parcours, le visiteur découvre certaines de ses créations méconnues du grand public, sans pour autant oublier ses pièces les plus célèbres.

L'œuvre Piaille, ça veut dire chaman. La première œuvre de la période bleue, c'est celle-là. Et la deuxième œuvre, c'est Les guerriers de l'absolu, les sculptures de feuilles. C'est quelque chose qui est vraiment propre à la Martinique.

Projections

Accessible à tous, cette exposition se veut également interactive et pédagogique.

Il y a deux projections et quatre ou cinq écrans. Ce qui est intéressant, c'est qu'il explicite s'il y a son travail. Ce n'est pas une expo où on voit des tableaux et on regarde. Il y a des tas d'informations.

« Il s’est senti caribéen »

Frank Doriak nous en dit plus sur l’artiste Serge Goudin-Thébia

Il est né en 1945, dans le Lot-et-Garonne, d'un père guyanais, d'une mère française. Il n'a découvert ses racines guyanaises qu'à l'âge de 33 ans. Pour lui, ça a été une renaissance. Il s'est senti caribéen, amazonien. En plus, il a des origines amérindiennes. Donc, beaucoup de choses ont surgi dans sa pratique. Mais la pratique, tant qu'il était en Guyane, elle était plutôt poétique. Là, il a beaucoup produit de poèmes, mais il avait déjà avant une pratique plastique. Ensuite, il est parti dans les Pyrénées où il a continué de travailler plus sur le côté associatif. Lorsqu'il est arrivé pour la première fois en Martinique et qu’il s’y est installé en 1986, il était professeur d'art plastique. C’est à ce moment-là que son œuvre est vraiment sortie au grand jour. Et la période bleue est arrivée, la période des guerriers de l'absolu avec les feuilles de coccoloba pubescens à partir de 86 et 90, 95.

Décédé en Martinique 

Serge Goudin Thébia a déclaré son amour à la Martinique à travers ses œuvres, comme l’explique Frank Doriak.

Il dit c'est ma terre parce qu'il s'est senti bien en Martinique. C'était un petit métis né dans la France de l'après-guerre, avec tout ce que ça peut comprendre. Il a connu le racisme, etc. Il ne s'est jamais vraiment senti à l'aise dans le Lot-et-Garonne. C'est lorsqu'il est arrivé outre-mer que là il a vu qu'il y avait beaucoup de gens comme lui et qu'il s'est senti tout à fait chez lui et que la terre lui plaisait. C'est là que sa pratique poétique a explosé et sa pratique plastique en même temps. Il est mort en Martinique en 2013. Ce qui est intéressant et peut-être aussi prémonitoire, c'est qu'il avait dit que cette île serait sa demeure et finalement, c'est là qu'il est mort. Ces cendres sont à la presqu'île de la Caravelle. C'était son vœu.


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