Le Tour pour Guillonnet, retour sur un sacre bien ordonné

Par 11/08/2019 - 16:22 • Mis à jour le 16/08/2019 - 11:03

Le coureur d'Interpro Cycling Academy (ICA) a finalement remporté ce 69 eme Tour de la Guadeloupe, ce dimanche. Maillot jaune depuis la 3e étape, Adrien Guillonnet a parfaitement joué le coup tactiquement, durant la quasi-totalité de l'épreuve.

    Le Tour pour Guillonnet, retour sur un sacre bien ordonné

Calme, sympathique et serein, c'est le visage qu'Adrien Guillonnet a affiché du prologue inaugural, au Moule, le 2 août jusqu'à sa victoire finale, ce 11 août, aux Abymes. Hormis le contre-la-montre de Baie-Mahault, à la veille de l'arrivée, où il a montré quelques limites dans cette spécialité, le tricolore a été stratégiquement parfait.

C'est hors des radars que le coureur de 25 ans a débuté cette boucle. Encore méconnu du grand public et des observateurs, ce dernier ne figurait même pas sur les premiers effectifs transmis par le comité. Lors de la première étape, on pensait même que le dossard 51 était celui du Québécois Charles-Étienne Chrétien, mais Guillonnet a rapidement fait en sorte de se faire connaître afin de réparer cette erreur de listing.

Petit-Bourg, coup de bordure

Après un prologue honorable au Moule, l'Essonnois est sorti dès le premier acte qu'on annonçait piégeux vers Petit-Bourg. Dans un premier temps en contre, le leader d'Interpro a pu se glisser dans le groupe de tête de cinq coureurs, qui comptait alors Maxime Urruty (TPI) et Pierre Almeida (TPI), deux animateurs de ce Tour 2019.

Ce serait une erreur de ne pas considérer cette journée du samedi 3 août comme déterminante puisque plusieurs des principaux leaders ont été coincés, soit dans des chutes, soit dans des bordures et ont concédé près de 5' sur cette étape. Plus alertes, les Vadim Pronskiy (VAM), Frederik Dombrowski (ETW), Diego Milan (INT), Almeida et surtout Guillonnet étaient tous en tête ou en contre. Le top 5 du général s'est dessiné dans la ville qui bouge.

Battu sur la ligne de cette première étape par Urruty, Guillonnet, prenait déjà la deuxième place du général. Il ne redescendra jamais plus bas.

Basse-Terre, coup de puncheur

La route vers Basse-Terre a été riche en explications entre les meilleurs et en indications sur le futur vainqueur. On a d'abord rapidement vu les limites en côte d'un Urruty, alors leader du général, et les qualités de ce Guillonnet encore discret. 

Si Jhonathan Salinas (USL) a eu toute la latitude nécessaire pour remporter l'étape dans le chef-lieu, puisqu'il comptait déjà 9' de retard au général, le leader d'Interpro s'est glissé en puissance dans un groupe de contre formé après Vieux-Fort pour échouer à quelques secondes du grimpeur vénézuélien sur la ligne d'arrivée.

Encore deuxième, devant son futur dauphin Pronskiy, le tricolore endossait toutefois pour la première fois le jaune sur nos routes à l'issue de cette deuxième étape. Une couleur qu'il ne quittera plus.

Bouillante, coup de leader

Pour sa première journée dans son habit de lumière, Guillonnet a assuré à qui voulait bien l'entendre qu'il ne cherchait pas à défendre ce maillot jaune. Pourtant sur la route de Bouillante, on a vu le leader du général rouler pour limiter l'écart avec Dombrowski, parti sur une mine dans les mornes baillifiens.

Si l'Allemand, qui pointait à plus de 2', a pu opérer un rapproché en s'imposant dans la cité géothermique, le Français a montré lundi dernier qu'il était le plus fort sur le début de boucle en remportant le sprint des favoris, devant Milan, Pronskiy et Cédric Locatin (EXC).

5e de l'étape, encore placé mais de nouveau battu, Guillonnet ne gagnait pas, mais s'affirmait comme un prétendant très sérieux sur la petite reine. Un statut qu'il n'abandonnera plus.

Sainte-Rose et Sainte-Anne, coups de bluff

Dans ces deux étapes qui pouvaient ressembler à des journées de transition - ce qui n'existe pas sur le Tour de la Guadeloupe - Guillonnet a su faire parler son sens tactique. Parfois menacé, voire même dépossédé virtuellement de son maillot, le futur vainqueur a su miser sur les bons chevaux en marquant Dombrowski et Pronskiy, dont les équipes ont été contraintes de travailler pour défendre les places au général.

Même si Miguel Alvarez (INT) a réussi un rapproché à Sainte-Rose, sur l'étape remportée par Kéran Barolin (UVN), Guillonnet a affiché une sérénité à toute épreuve, n'hésitant pas à descendre en queue de peloton pour aller lui même se ravitailler. À Sainte-Anne aussi, il a terminé au chaud dans le peloton, 20'' après la victoire de l'Allemand Marcel Fröse (TRM).

Si l'équipe du leader montrait qu'elle était incapable de contrôler la course en milieu de semaine, ce dernier a prouvé qu'il n'en avait pas forcément besoin, profitant de deux alliés de circonstance à surveiller. Une situation qui se reproduira souvent jusqu'à la fin du Tour.

Saint-Claude, coup de maître

La grande journée d'Adrien Guillonnet est arrivé sur le monument de ce Tour 2019. Avec les mamelles et la montée du mur, ce jeudi avait tout d'une journée en enfer, elle s'est conclue au paradis dans la cité volcanique. 

Grimaçant et à la traîne dans le peloton, le maillot jaune a pourtant vite paru émoussé sur cette folle étape de haute montagne et ce dès l'ascension de Versailles, en préambule d'un plat de résistance aux allures indigestes. Mais dans les mamelles, en embuscade derrière Salinas et Locatin, le jeune français n'a pas eu peur de faire la descente pour recoller. Il a même retrouvé de l'appétit dans les excroissances bouillantaises en déposant tout le monde, ou presque. Seul John Nava (GB118) l'a suivi jusqu'à l'ascension finale, avant de craquer sous les coups de braquet d'un Guillonnet déchaîné.

Au sommet, ce dernier décrochait enfin sa victoire d'étape si souvent annoncée dans ses objectifs. L'homme en jaune assommait surtout ses rivaux sur la Soufrière. Ils ne s'en relèveront jamais.

Petit-Canal et Capesterre, coups esquivés

Sonnés par les plus de 2' d'écart au général, aucun des prétendants au podium n'a osé attaquer Guillonnet vers Petit-Canal, ni Capesterre, en-dehors de Milan. Seulement, encore une fois, la défense des positions des Kazakhs et Allemands a fait le jeu du tricolore qui n'a eu qu'à rester au chaud pour assurer un peu plus son sacre.

La victoire de Nicolas Thomasson (TPI) sur les terres du Nord et le beau succès au sprint de Larry Lutin (TKA) sur l'Allée Dumanoir n'ont rien changé au général.

Le maillot s'accrochait plus que jamais sur les épaules d'un Guillonnet décontracté. Son visage allait pourtant changer, un peu.

Baie-Mahault, coup de mou

C'est sans doute le seul instant où ce maillot jaune imperturbable nous est apparu émoussé. Samedi après-midi, sur le contre-la-montre entre Goyave et Baie-Mahault, le leader a montré qu'il n'était pas un expert du chrono. Parfois emprunté, avec des difficultés à relancer, le coureur Interpro a même eu quelques sauts dans ses passages de vitesses, révélateurs de l'absence de repères sur cette spécialité.

Derrière la victoire incontestable de Gaëtan Bille (USL), Pronskiy et Dombrowski ont repris du temps sur la tête du général, mais malgré son visage marqué à l'arrivée, Guillonnet a su conserver près d'1'30'' d'avance avant le dernier acte abymien.

Malgré quelques faiblesses dans l'exécution, le Français passait le dernier écueil vers son sacre logique. Il n'y a rien à redire, Guillonnet a maîtrisé son sujet.

Les Abymes, coup final

Le maillot jaune a géré sur cette dernière étape, l'oeil vissé sur Dombrowski et Pronskiy. Malgré une chute dans le final, Adrien Guillonnet n'a pas eu à s'employer sur cette "der". Il remporte son premier Tour cycliste de la Guadeloupe pour sa première participation.

La dernière étape remportée par Killian Larpe (TUC) aura donc été anecdotique pour le leader d'Interpro qui a bâti son succès discrètement, progressivement et sereinement sur cette 69 eme boucle.

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